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Colombie : les Farc se disent déterminées à mettre fin au conflit

Rodrigo Granda le 16 juin 2007 à Bogota [Mauricio Duenas / AFP/Archives] Rodrigo Granda le 16 juin 2007 à Bogota [Mauricio Duenas / AFP/Archives]

La guérilla des Farc se rendra à la table des négociations avec le gouvernement colombien le 8 octobre à Oslo avec la ferme intention de "mettre fin" au conflit armé, affirme Rodrigo Granda, un des cinq négociateurs nommés par la rébellion pour ces pourparlers historiques.

"Ce que nous disons, c'est qu'il faut mettre fin à la guerre. C'est notre objectif", assure le responsable des Farc, de son vrai nom Ricardo Tellez, dans entretien accordé à l'AFP à La Havane.

Avant ces discussions prévues dès octobre en Norvège puis à Cuba, M. Tellez regrette toutefois que le président colombien Juan Manuel Santos ait refusé le principe d'un cessez-le-feu, n'envisageant une trêve qu'après un "accord final".

"Le gouvernement considère qu'un cessez-le-feu ou une trêve sont exclus. Nous disons qu'il s'agit d'un sérieux inconvénient, mais en même temps nous y sommes habitués". Dialoguer dans ces conditions "ressemble à un champ de mines", affirme le négociateur des Farc, généralement présenté comme le "ministre des Affaires étrangères" de la guérilla.

Autre frein potentiel à la bonne conduite des discussions selon lui, la perspective de l'absence aux pourparlers de Simon Trinidad, un guérillero emprisonné aux Etats-Unis où il a été extradé puis condamné à 60 ans de prison en 2008 pour l'enlèvement de trois civils américains en Colombie.

Les Farc l'ont nommé parmi les négociateurs, mais le président Santos a appelé le camp adverse à faire preuve de "réalisme", rappelant que la participation de Trinidad ne dépendait pas de la Colombie.

"Simon Trinidad doit être présent à la table de négociations, c'est l'un de nos commandants les plus importants", a affirmé M. Tellez.

"Il me semble que l'absence de Simon à cette table priverait le pays d'un des plus grands esprits que nous ayons en Colombie (...) c'est un guérillero, mais pas seulement, il est issu de la haute classe dirigeante colombienne", a insisté le responsable des Farc.

Les Farc ont plusieurs fois souligné que Trinidad, de son véritable nom Juvenal Ovidio Ricardo Palmera Pineda, pourrait éventuellement assister aux discussions par vidéoconférence.

A la veille de ce cycle de discussions, Tellez a fustigé la politique de l'ex-président conservateur colombien Alvaro Uribe (2002-2010), partisan d'une ligne dure contre les Farc, et demandé au président américain Barack Obama de cesser l'aide militaire à la Colombie. "En ce moment, la droite ultra est menée par M. Alvaro Uribe Velez, cet homme est un type totalement rancunier, c'est un psychopathe, un franc-tireur de la paix", a martelé M. Tellez, fustigeant ces "franges minoritaires très puissantes" obstinément opposées à la paix.

Le responsable a aussi reconnu et salué l'appui américain à la paix, mais a demandé aux Etats-Unis "une réduction drastique ou un arrêt total de l'aide militaire à la Colombie".

Le retrait de ses conseillers militaires et de ses bases en Colombie "constituerait le meilleur apport des Etats-Unis" à la paix, a-t-il poursuivi, assurant que "la guerre en Colombie (...) est le produit de l'intervention" des Etats-Unis, qui selon lui prétextaient dans les années 1960 de prévenir une révolution de type cubain.

Harcelée par une armée renforcée par l'aide militaire américaine, la principale rébellion de Colombie, issue voici 48 ans d'une insurrection paysanne, est passé de 20.000 combattants dans les années 1990, son âge d'or, à 9.000 aujourd'hui.

A moins d'un mois de cette quatrième tentative de dialogue entre les autorités et les Farc, M. Tellez a encore souligné que la date choisie du 8 octobre était forte en symbole, car elle correspond à celle de la mort en Bolivie du guérillero argentino-cubain Ernesto Che Guevara, en 1967.

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