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Au Cambodge, la lutte contre le paludisme par SMS

Un bénévole signale aux experts sanitaires les nouveaux cas de malaria dans un village de la province de Pailin, au Cambodge, le 5 juillet 2012 [Tang Chhin Sothy / AFP/Archives] Un bénévole signale aux experts sanitaires les nouveaux cas de malaria dans un village de la province de Pailin, au Cambodge, le 5 juillet 2012 [Tang Chhin Sothy / AFP/Archives]

L'ouest du Cambodge est depuis quelques années victime d'une souche du paludisme qui résiste aux traitements habituels. A menace nouvelle, méthode nouvelle: parce que la vitesse de réaction est essentielle, des bénévoles ont adopté un système d'alerte par SMS.

A Phnom Dambang, près de la frontière thaïlandaise, des moustiques dessinés sur des panneaux jaunes mettent en garde contre la maladie.

Elle "peut tuer des gens très vite sans le bon traitement", met en garde Long Vuthy, chef de ce village dans la province de Pailin, considérée comme l'épicentre de cette souche plus virulente que les autres, sans doute liée à la prise incorrecte ou incomplète de médicaments.

Vuthy, 41 ans, dont la maison sert aussi de clinique, est l'un des 3.000 bénévoles luttant contre la maladie dans le pays. Il la diagnostique avec un test sanguin rapide et fournit des médicaments, gratuits, dans les parties les plus reculées du pays, l'un des plus pauvres de la planète.

Grâce à un projet pilote, il utilise désormais des SMS pour signaler les nouveaux cas, permettant aux experts sanitaires de surveiller l'épidémiologie du fléau et de répondre aux besoins des patients en temps réel.

"C'est un très bon moyen pour aider la communauté", explique-t-il, deux mois après avoir été formé à ce système par le Malaria consortium, ONG travaillant avec le gouvernement et l'Organisation mondiale de la Santé (OMS).

L'objectif est d'éradiquer le paludisme au Cambodge d'ici 2025, avec déjà un certain succès. Selon les chiffres officiels, 96 personnes sont mortes en 2011 sur plus de 108.000 cas, contre 154 l'année précédente et plus de 600 en 2000.

Mais la persistance de parasites résistant au traitement le plus efficace, dont la présence a été confirmée il y a huit ans dans l'ouest du pays, inquiète.

Pour contrôler la propagation de cette souche virulente, la contamination doit être détectée le plus tôt possible et les patients doivent suivre leur traitement de façon scrupuleuse.

Alerte rapide

Si un test confirme la contamination, Vuthy place le patient immédiatement sous traitement et compose un message avec ses détails: âge, sexe, localisation, type de paludisme. Message reçu instantanément par les responsables du district et de la province, ainsi que par une base de données nationale à Phnom Penh.

Auparavant, le processus prenait des mois. La maladie est donc suivie à la trace et les traitements deviennent disponibles en temps et en heure, là où c'est le plus nécessaire.

"Ce système est très important pour éliminer le paludisme au Cambodge parce qu'il permet de fournir des informations très vite", commente Pengby Ngor, du Malaria Consortium, qui a développé la base de données.

Selon l'OMS, le paludisme (ou malaria) a fait 655.000 morts dans le monde en 2010, mais le taux de mortalité a largement diminué ces dernières décennies, grâce à une plus large utilisation de l'artémisinine, le traitement le plus efficace, et aux moustiquaires traitées aux insecticides.

Le Cambodge ne dispose pas de données complètes sur ce paludisme résistant. Mais une étude scientifique publiée cette année dans le journal The Lancet estimait que dans l'ouest du pays, entre 2007 et 2010, 42% des cas concernant le falciparum, forme la plus grave de la maladie, étaient résistants au traitement.

Cela ne signifie pas un arrêt de mort pour les malades, qui peuvent être soignés, sur une durée plus longue, grâce à une combinaison de médicaments.

Le système de sms, utilisé pour l'instant par 230 bénévoles mais qui devrait être étendu, a été lancé l'an dernier dans trois provinces avant d'arriver dans celle de Pailin en juillet.

Et en plus de son rôle de surveillance, il constitue une aide pratique au jour le jour.

Après trois jours de traitement, le bénévole doit en effet s'assurer par un autre test que le parasite a bien disparu, faute de quoi il pourrait s'agir d'un parasite résistant. Il reçoit des messages pour lui dire de retourner voir les malades. "Cela rend mon travail plus facile", se réjouit Vuthy.

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