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Le tabagisme passif soumis au vote des Suisses

Une femme fume une cigarette [Eric Feferberg / AFP/Archives] Une femme fume une cigarette [Eric Feferberg / AFP/Archives]

Les Suisses se prononceront dimanche par vote s'ils souhaitent ou non interdire complètement la cigarette sur les lieu de travail fermés comme les restaurants, et dans les lieux publics comme les hôpitaux, le dernier sondage donnant un rejet du projet.

"Dimanche 23 septembre, les Suisses vont aller voter pour uniformiser en Suisse ce que connaissent déjà 8 cantons, une protection contre la fumée passive complète en milieu fermé", explique à l'AFP un des membres du comité d'initiative, Jean-Charles Rielle, médecin et ancien parlementaire.

A ce jour, huit cantons bénéficient d'une protection complète contre le tabagisme passif, comme c'est le cas à Genève, et onze cantons, dont celui du Jura, se contentent d'appliquer la loi fédérale de 2010. Dans ces cantons, les fumeurs sont admis dans les petits bars, cafés, restaurants de moins de 80m2, et dans les établissements plus grands équipés de fumoirs avec personnel de service.

Par ailleurs, sept autres cantons, dont celui de Zurich, interdisent les établissements fumeurs mais autorisent les fumoirs avec service.

Cette initiative lancée par la Ligue pulmonaire suisse ne s'oppose pas à la fumée à l'extérieur ou dans des locaux privés.

En outre, les lieux de travail individuels ne sont pas concernés, tout comme les fumoirs sans service. Des exceptions peuvent être faites pour des institutions assimilables à des espaces privés, comme les maisons pour personnes âgées ou les prisons.

Sans surprise, les arguments principaux mis en avant restent ceux de la santé: travailler huit heures dans la fumée équivaut à consommer soi-même 15 à 38 cigarettes. La Ligue rappelle que le tabagisme tue dans le monde plus de 600.000 non-fumeurs involontairement exposés à la fumée chaque année, selon l'Organisation mondiale de la santé (OMS).

"Dans les cantons où ces lois sont déjà appliquées, de manière immédiate on a vu, notamment dans deux cantons (Grisons et Tessin), une baisse rapide de 20% des hospitalisations pour raisons cardio-vasculaires, infarctus et ce genre de problèmes, et puis à Genève moins 19% d'hospitalisations pour maladies respiratoires", souligne M. Rielle.

Malgré ces arguments chocs, rien ne semble joué. Alors que le "oui" l'emportait jusqu'à présent, le dernier sondage publié le 12 septembre révèle un revirement de situation, avec 52% des sondés opposés à l'initiative, 41% pour et 7% d'indécis.

"Déjà on nous interdit de fumer dans les lieux publics, bientôt on va nous interdire de fumer carrément dans nos appartements", explique, la cigarette à la main, Isabelle Calapez, greffière au tribunal de Genève.

D'autres mettent en avant le fait que la Suisse dispose déjà d'une loi fédérale. Aussi, "toute volonté supplémentaire" de durcir la loi "est une chasse aux sorcières, un hygiénisme poussé à l'extrême", explique le président la Société genevoise des cafetiers, restaurateurs et hôteliers, Laurent Terlinchamp.

"A Genève, où il y a deux ans que la loi est mise en place, on nous avait promis que toute une partie de la population reviendrait dans les établissements publics. Ce n'est pas le cas aujourd'hui puisqu'il y a des pertes d'entre 10 et 30% selon le type de commerce dans la restauration", dénonce-t-il.

Tous les restaurateurs ne sont toutefois pas du même avis. C'est le cas de café-restaurant MangoDeck à Genève, dont le patron, Stefano Gubinelli, dit être "totalement contre la fumée".

"Je n'ai rien contre les fumeurs, et ce n'est pas non plus une question de santé. C'est pour que les gens se sentent bien", expliquant que la fumée s'allie mal aux crustacés frais.

La Fédération des entreprises suisses rejette l'initiative, estimant que selon ce projet il serait même interdit de fumer dans les chambres d'hôtel, "ce qui est exagéré".

"Répondre à ce jour sur un tel point de détail est impossible: si l'initiative passe, il faudra attendre la loi d'application qu'élaborera le parlement pour connaître la réglementation", rétorque un porte-parole de la Ligue pulmonaire vaudoise, Grégoire Vittoz.

Une chose est sûre. Les fumeurs invétérés ont déjà trouvé une parade. A Genève, mais également Bâle et Zurich, des bars se transforment en associations réservées aux membres qui ont toute liberté de fumer. C'est le cas à Genève du cercle Speakeasy, inauguré en avril 2012. Chaque membre paie une cotisation annuelle de 450 francs suisse (375 euros) et obtient ainsi "le droit de fumer dans le local".

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