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Les Jordaniens exaspérés par une pénurie d'eau chronique

Un chauffeur de camion jordanien remplit sa citerne d'eau à Abu Nuseir près d'Amman, le 30 Septembre 2012. [Khalil Mazraawi / AFP] Un chauffeur de camion jordanien remplit sa citerne d'eau à Abu Nuseir près d'Amman, le 30 Septembre 2012. [Khalil Mazraawi / AFP]

"J'aimerais pouvoir vivre au camp de réfugiés syriens de Zaatari, parce qu'au moins il y a de l'eau là-bas", raconte un Jordanien de 50 ans à une radio locale, illustrant la frustration de nombreux habitants du pays aux robinets à sec depuis des mois.

Comme cet habitant de la ville d'Irbid (nord), des centaines de milliers de Jordaniens souffrent au quotidien des pénuries d'eau chroniques dans le royaume, l'un des 10 pays les plus secs du monde avec un territoire composé à 92% de déserts.

Il y a quelques jours à Zarqa (nord), Haitham Thafer a emmené sa famille à une station de traitement des eaux, où il a ouvert un gros tuyau pour doucher ses enfants en geste de protestation contre les coupures continuelles.

Dans des villages du nord et du sud du pays, des manifestants ont dénoncé l'absence d'eau courante depuis deux mois en brûlant des pneus, bloquant des rues et accaparant un camion-citerne.

"Cet été a été dur et chaud, et le nombre croissant de refugiés syriens, et parfois les touristes, ont accru la pression sur les ressources en eau", a expliqué à l'AFP le secrétaire général de l'Autorité des eaux, Fayez Bataineh, tout en estimant "hautement exagérées" les réactions de certains face à "des problèmes limités et isolés".

Des années de précipitations annuelles inférieures à la moyenne ont créé un déficit de 500 millions de mètres cubes d'eau par an, pour une consommation annuelle estimée à 900 millions de mètres cubes et en forte croissance. Les 10 barrages du pays ne contiennent que 70 millions de mètres cubes, alors qu'ils ont une capacité totale de 325 millions.

"Certains ne reçoivent pas l'eau au moment prévu, d'autres n'en reçoivent pas assez. Mais quand les gens volent l'eau et sabotent les canalisations, la situation empire", a insisté M. Bataineh.

Solutions douteuses

Selon lui, les 30.000 réfugiés syriens de Zaatari, une ville de toile noyée dans la poussière et la chaleur près de la frontière syrienne, ont droit chacun à 30 litres d'eau par jour, livrée par camions-citernes. En juin, le gouvernement avait déclaré que chaque Syrien avait besoin de 80 litres d'eau par jour.

"Les autorités nous fournissent de l'eau une fois par semaine, pendant moins de 24 heures. Il n'y en a jamais assez", insiste Oum Iyad, mère de cinq enfants vivant à Amman dans une zone de collines où la pression de l'eau est parfois trop faible pour remplir les réservoirs de son immeuble.

"Nous attendons cette eau pour faire la lessive, nous doucher et nettoyer la maison. Même si nous voulons inviter des gens à déjeuner ou à dîner, nous nous assurons qu'ils viennent quand il y a de l'eau", raconte-t-elle.

Faute d'approvisionnement, la famille doit régulièrement acheter de l'eau, à 9 dinars (12 dollars) les 4 mètres cubes si la compagnie publique a des réserves, ou à 25 dinars (35 dollars) s'il faut recourir à une société privée.

Selon des statistiques officielles, les besoins en irrigation de l'agriculture pèsent également très lourd sur les ressources, puisque le secteur représente 60% de la consommation d'eau du pays, alors qu'elle ne fournit que 3,6% du PIB annuel.

Face à la pénurie, la Jordanie cherche des solutions qui sont loin de faire l'unanimité. Ainsi, le pays cherche à développer le nucléaire pour produire de l'énergie et dessaler l'eau de mer.

Le royaume puise aussi dans une nappe phréatique vieille de 300.000 ans en dépit de hauts niveaux de radiation, tout en étudiant la possibilité de creuser un canal reliant la mer Rouge à la mer Morte.

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