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Damas et les rebelles ont accepté une trêve pour l'Aïd

Le médiateur international Lakhdar Brahimi lors d'une conférence de presse au Caire, le 24 octobre 2012 [Khaled Desouki / AFP] Le médiateur international Lakhdar Brahimi lors d'une conférence de presse au Caire, le 24 octobre 2012 [Khaled Desouki / AFP]

Le médiateur international Lakhdar Brahimi a annoncé mercredi avoir obtenu l'accord du régime et de chefs rebelles pour une trêve en Syrie pendant la fête musulmane d'Al-Adha qui débute vendredi, mais le scepticisme prévaut quant à sa mise en oeuvre.

Le Conseil de sécurité de l'ONU a exprimé son soutien à l'initiative de M. Brahimi et demandé à "toutes les parties et en particulier au gouvernement syrien d'y répondre positivement". Voir la vidéo.

Sur le terrain, rien ne témoignait néanmoins d'une volonté des belligérants de se diriger vers un cessez-le feu. Huit personnes ont été tuées dans un nouvel attentat à la voiture piégée à Damas et les violences ont encore fait 142 morts dont plus de 60 civils à travers le pays, selon une ONG syrienne.

M. Brahimi a annoncé mercredi matin devant des journalistes au Caire avoir obtenu l'accord du régime et de "la plupart" des responsables rebelles qu'il avait contactés pour une trêve pour l'Aïd al-Adha, une des fêtes musulmanes les plus sacrées, célébrée cette année de vendredi à lundi.

Lors d'un compte-rendu par vidéoconférence aux ambassadeurs des 15 pays membres du Conseil de sécurité, l'émissaire de la Ligue arabe et de l'ONU a souligné que le cessez-le-feu, s'il était respecté, serait un "petit pas" pouvant mener à l'ouverture d'un dialogue politique et à un meilleur accès humanitaire.

Mais, après d'un conflit ayant fait plus de 35.000 morts selon une ONG, la méfiance entre les deux camps est telle que M. Brahimi a déclaré "ne pas pouvoir être sûr que la trêve tiendra", a indiqué un diplomate présent lors du compte-rendu.

L'émissaire, qui vient d'effectuer une visite de cinq jours en Syrie, a demandé un "soutien fort et unanime" du Conseil à ses efforts de médiation, avertissant qu'un nouvel échec du Conseil entraînerait "une escalade (de la violence) et l'extension" du conflit aux pays voisins, a ajouté ce diplomate.

Il a notamment fait référence aux récents échanges de tirs d'obus entre la Syrie et la Turquie.

Décision jeudi du régime

Dans une déclaration ensuite adoptée à l'unanimité, les 15 membres du Conseil ont appelé les belligérants à respecter cette trêve et demandé à "tous les acteurs régionaux et internationaux à user de leur influence pour faciliter (son) application".

Le Conseil de sécurité avait échoué jusqu'ici à faire pression sur le régime de Damas, la Russie et la Chine opposant leur veto à toute initiative occidentale en ce sens.

Les deux belligérants ont néanmoins nuancé l'annonce d'un accord sur une trêve faite par M. Brahimi.

L'Armée syrienne libre (ASL, insurgés) a averti qu'elle ne cesserait les hostilités qu'une fois que les troupes de Bachar al-Assad auront fait taire leurs armes. De son côté, le régime a affirmé que sa "décision finale" sur un cessez-le-feu serait "prise demain jeudi".

L'ambassadeur de la Russie auprès de l'ONU Vitali Tchourkine a déclaré que son gouvernement avait des "indications selon lesquelles ils (le régime syrien) acceptaient la proposition de M. Brahimi".

"La seule raison pour laquelle le régime pourrait accepter ce cessez-le-feu c'est qu'il donnerait du temps à l'armée pour se reposer et se réorganiser", a néanmoins estimé Rami Abdel Rahmane, le président de l'Observatoire syrien des droits de l'Homme (OSDH). "Sur le terrain, une trêve est pratiquement impossible, notamment parce que des deux côtés, il y a des groupes qui n'obéissent à personne", a-t-il ajouté.

Le Front Al-Nosra, un groupe islamiste ayant revendiqué de nombreux attentats contre le régime depuis le début de la révolte en mars 2011, a d'ailleurs rejeté le cessez-le-feu. "Il n'y a pas de trêve entre nous et ce régime qui fait couler le sang des musulmans", a-t-il affirmé dans un communiqué.

Si les combats s'arrêtent durant l'Adha, la fête du sacrifice, il s'agira du premier cessez-le-feu respecté dans le conflit.

Le 12 avril, un cessez-le-feu proclamé à l'initiative de Kofi Annan, le prédécesseur de M. Brahimi, et pour lequel les deux belligérants avaient donné leur accord, avait volé en éclats au bout de quelques heures, même si les combats avaient baissé en intensité.

Raids aériens

Mercredi, les violences se poursuivaient sans répit avec notamment des raids aériens des forces gouvernementales sur la ville stratégique de Maaret al-Noomane (nord-ouest), tenue par les rebelles, et ses alentours, selon l'OSDH.

Dans le nord-est du pays, dans la province de Raqqa, onze soldats ont été tués à des barrages dans des attaques menées par les rebelles, a précisé l'OSDH, qui s'appuie sur un réseau de militants et de médecins sur le terrain.

Par ailleurs, 20 corps, dont ceux de quatre enfants et huit femmes, ont été retrouvés dans la localité rebelle de Douma, près de Damas, des militants affirmant que les forces du régime les ont tués à l'aube.

L'agence officielle Sana a accusé de son côté "des groupes terroristes armés" -la terminologie par laquelle le régime désigne rebelles et opposants- d'avoir perpétré cette "tuerie", évoquant le "massacre de 25 personnes".

Dans un quartier du sud de Damas, huit personnes ont été tuées et vingt autres blessées dans l'explosion d'une voiture piégée, selon l'OSDH, la télévision officielle évoquant de son côté six morts et accusant des "terroristes".

Un attentat a par ailleurs endommagé un gazoduc dans la province orientale de Hassaka, à 600 km au nord-est de Damas, selon l'OSDH.

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