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Grèce : nouvelles discussions pour sauver le pays de l'asphyxie

Manifestation contre l'austérité à Athènes, le 23 novembre 2012 [Aris Messinis / AFP/Archives] Manifestation contre l'austérité à Athènes, le 23 novembre 2012 [Aris Messinis / AFP/Archives]

Les ministres des Finances de la zone euro et les autres créanciers publics de la Grèce, FMI et BCE, se réunissent lundi à Bruxelles pour la troisième fois en deux semaines pour tenter de se mettre enfin d'accord sur le versement d'une aide à Athènes, dont les finances sont à sec.

C'est en tout plus de 44 milliards d'euros d'aide promise au pays dont le versement a pris du retard. "Pour une fois, la Grèce n'a semble-t-il aucune responsabilité", souligne Carsten Brzeski, analyste de la banque ING.

La pays a entrepris tout ce qui lui était demandé en terme de réformes, au moins pour obtenir la plus grosse tranche de cette aide, soit 31,2 milliards d'euros bloqués depuis le printemps.

De fait, le communiqué final de la dernière réunion de l'Eurogroupe, qui s'était terminée mercredi au petit matin sans aboutir à une solution, souligne que "toutes les actions demandées (...) ont été entreprises de manière satisfaisante" par Athènes.

Le gouvernement grec, au bord du défaut de paiement, est désormais le spectateur impuissant des tractations entre ses créanciers, qui peinent à s'accorder entre eux sur les moyens de réduire la dette colossale du pays.

Un Eurogroupe téléphonique s'est déroulé samedi. L'objectif était de "déblayer le terrain" et d'éviter un nouvel échec à l'issue de la réunion de lundi qui, une fois n'est pas coutume, débutera à l'heure du déjeuner et non en fin d'après-midi.

Le ministre français de l'Economie et des Finances, Pierre Moscovici, a d'ailleurs estimé dimanche que l'UE était "tout près" d'un accord. "Il ne serait pas responsable que demain nous n'y parvenions pas, compte tenu des efforts qui ont été faits par chacun", a-t-il dit à la chaîne de télévision privée BFMTV.

Les 17 pays de la zone euro, le Fonds monétaire international, qui sera représenté lundi par sa directrice générale Christine Lagarde, et la Banque centrale européenne dont le président Mario Draghi sera également présent, ont déjà décidé d'accorder deux ans supplémentaires à la Grèce pour ramener ses finances publiques à l'équilibre, soit en 2016 au lieu de 2014. Ce délai aura pour eux un coût estimé à environ 32 milliards d'euros.

Les ministres français de l'Economie Pierre Moscovici et grec des Finances Ioannis Stournaras, le 20 novembre 2012 à Bruxelles [John Thys / AFP/Archives]
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Les ministres français de l'Economie Pierre Moscovici et grec des Finances Ioannis Stournaras, le 20 novembre 2012 à Bruxelles
 

Mais ils doivent aussi trouver une solution consensuelle sur la trajectoire de la dette grecque. Il y a deux semaines, le désaccord est apparu au grand jour entre Mme Lagarde, attachée à ce que le pays respecte la date de 2020 pour ramener sa dette publique à 120% du PIB --niveau jugé soutenable à long terme--, et le chef de file de l'Eurogroupe, Jean-Claude Juncker, partisan de reporter cet objectif à 2022.

La solution la plus simple serait sans doute un effacement d'une partie de l'ardoise grecque par les créanciers publics, sur le modèle de ce qu'ont accepté de faire les banques début 2012. Le FMI presse la BCE d'accepter, mais celle-ci s'y oppose, tout comme l'Allemagne.

Selon le journal allemand Welt am Sonntag à paraître dimanche, des représentants de la zone euro ont évoqué cette semaine à Paris un effacement partiel de la dette grecque à l'horizon 2015.

"Je suis contre cet effacement de dette et je veux trouver une autre solution", a déclaré Angela Merkel vendredi. Pour autant, la chancelière allemande s'est montrée optimiste. "J'ai beaucoup d'espoir que nous puissions résoudre la question des tranches d'aide à la Grèce" lundi, a-t-elle dit, tout en reconnaissant qu'elle n'avait "pas encore la solution"

Sur ce point, la réunion téléphonique de samedi a permis d'avancer, selon une source proche du dossier.

Les ministres des Finances des 17 se sont mis d'accord pour réduire les taux d'intérêt des prêts bilatéraux déjà consentis à Athènes, sans fixer pour l'instant de nouveaux taux. Ils ont décidé de rétrocéder à la Grèce au moins une partie des gains réalisés par les banques centrales nationales et la BCE sur les obligations grecques qu'elles détiennent.

Enfin, le principe d'un rachat de dette grecque par le Fonds de sauvetage de la zone euro a été "acquis".

Reste à savoir si le FMI sera d'accord avec cet ensemble de mesures qui, pour l'instant, ne permet pas de ramener l'endettement de la Grèce à 120% du PIB en 2020. Selon une source ministérielle grecque, l'institution de Washington pourrait finalement accepter que la dette soit réduite à seulement 124% du PIB en 2020.

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