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Viol en Inde : des avocats refusent de défendre les six suspects

Marche silencieuse le 1er janvier 2013 à New Delhi en hommage à l'étudiante victime d'un viol collectif Marche silencieuse le 1er janvier 2013 à New Delhi en hommage à l'étudiante victime d'un viol collectif [Raveendran / AFP]

Des avocats rattachés à un tribunal de New Delhi qui doit juger les accusés du viol d'une étudiante, décédée des suites de l'agression, ont annoncé mercredi qu'ils refuseraient de défendre les six suspects.

La première audience du tribunal du district de Saket, situé dans le sud de la capitale fédérale, devrait s'ouvrir jeudi sur la présentation du rapport de 1.000 pages dressé par la police.

"Nous avons décidé qu'aucun avocat ne se présentera pour défendre les accusés du viol, parce que ce serait immoral de défendre l'affaire", a annoncé à l'AFP Sanjay Kumar, un avocat membre du Barreau du district de Saket.

Selon M. Kumar, les 2.500 avocats enregistrés auprès du tribunal ont décidé de "rester à l'écart" pour assurer une "justice rapide", signifiant ainsi que les avocats des suspects devront être commis d'office. Un autre avocat rattaché à ce tribunal a confirmé le boycott auprès de l'AFP.

En 2008, des avocats avaient également refusé de défendre le seul membre survivant du commando islamiste responsable des attentats de Bombay, qui avaient fait 166 morts.

Six personnes ont été arrêtées après la violente agression survenue dans un bus à New Delhi le 16 décembre. Cinq hommes doivent être jugés pour meurtre et viol par le tribunal de Saket. Le ministre de l'Intérieur, Sushilkumar Shinde, a indiqué mardi que les suspects encouraient la peine de mort s'ils étaient jugés coupables. Le sixième accusé, qui aurait 17 ans, devrait être jugé par un tribunal pour enfants mais il subissait actuellement un examen osseux pour vérifier son âge, a déclaré mercredi à l'AFP un porte-parole de la salle de commandement de la police de Delhi.

Violée à plusieurs reprises, agressée sexuellement avec une barre de fer rouillée, l'étudiante de 23 ans a ensuite été jetée hors du véhicule avec son compagnon. Elle est décédée samedi à l'hôpital de Singapour où elle avait été transférée dans un état critique après trois interventions chirurgicales. Elle présentait notamment d'importantes lésions à l'intestin et au cerveau et avait fait un arrêt cardiaque en Inde.

Par ailleurs la presse, citant un accablant rapport de police, rapporte mercredi que les violeurs de la jeune étudiante ont tenté de l'écraser après l'agression. Le petit ami de l'étudiante a réussi à temps à la mettre hors de portée du bus qui se préparait à l'écraser, selon le rapport de 1.000 pages de la police qui doit être présenté à la justice jeudi.

Selon plusieurs quotidiens et des chaînes de télévision, la jeune femme, décédée samedi soir des suites du viol survenu le 16 décembre, a mordu trois de ses agresseurs pour tenter de leur échapper. Les morsures, ainsi que du sang, du sperme et des cheveux, de même que le témoignage du petit ami devraient servir de preuves contre les accusés, selon la presse et des sources policières.

"La femme et son ami ont été déshabillés et jetés hors du bus", a rapporté le quotidien The Indian Express. "Son ami l'a mise à l'écart lorsqu'il a vu que le bus faisait marche arrière pour l'écraser." Selon The Times of India, l'un des éléments d'accusation que compte présenter la police porte sur la destruction de preuves par le chauffeur du bus, qui a pris part au viol de l'étudiante: selon le rapport, ce dernier a tenté de laver le véhicule et a brûlé les vêtements arrachés à la victime.

La nature particulièrement violente de cette attaque a fait exploser la colère jusque-là contenue en Inde contre les agressions et viols commis en toute impunité dans ce pays.

Devant la vague d'indignation et de condamnations internationales, le Premier ministre, Manmohan Singh, s'est engagé à alourdir les peines prévues pour les auteurs de crimes sexuels. Un groupe d'experts dirigé par un ancien président de la Cour suprême a été mis en place dans cette perspective.

Le secrétaire à l'Education, Shashi Tharoor, a ouvert mercredi un débat en proposant qu'une nouvelle loi réprimant plus sévèrement les agressions sexuelles, porte le nom de la jeune étudiante en kinésithérapie. Même si de nombreux éléments de sa vie personnelle et familiale ont été évoqués dans la presse, son nom n'a pas été dévoilé.

"A moins d'une objection des parents, elle devrait être honorée et la loi contre le viol (devrait) porter son nom", a fait valoir M. Tharoor sur Twitter.

Les victimes de crimes sexuels sont d'ordinaire protégées par l'anonymat pour éviter qu'elles ou leurs proches soient ensuite stigmatisés.

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