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Un gourou indien stigmatise l'étudiante violée

Le gourou Asharam Bapu en juillet 2008 à Ahmedabad, en Inde Le gourou Asharam Bapu en juillet 2008 à Ahmedabad, en Inde [Sam Panthaky / AFP/Archives]

Un gourou spirituel indien a provoqué un tollé mardi après avoir assuré que l'étudiante de 23 ans décédée des suites de blessures infligées lors d'un viol collectif aurait pu éviter d'être agressée en implorant la clémence de ses assaillants.

Se présentant comme "l'homme-Dieu Asharam", plus connu de ses disciples sous le nom de "Bapu" (père), le gourou a estimé auprès de ses fidèles que les responsabilités de la violente agression dans un autobus le 16 décembre à New Delhi ne pouvaient uniquement reposer sur les auteurs.

"Cette tragédie ne se serait pas produite si elle (la victime) avait chanté le nom de Dieu en tombant aux pieds de ses assaillants. L'erreur n'a pas juste été commise par un camp", a-t-il dit dans une vidéo qui a ensuite abondamment circulé sur internet.

L'homme de 71 ans s'est aussitôt attiré les foudres d'hommes politiques et des médias. La nature particulièrement ignoble de l'agression a profondément choqué le pays et suscité, fait rare pour ce type de faits divers, des manifestations contre les violences, endémiques en Inde, faites aux femmes. Deux des accusés vont plaider non coupables.

Un porte-parole du parti nationaliste hindou, le Bharatiya Janata Party (BJP), Ravi Shankar Prasad, a jugé ces propos "profondément perturbants et douloureux".

"Commenter ce crime qui a choqué la conscience du pays est non seulement fâcheux mais aussi profondément regrettable", a-t-il déclaré à des journalistes.

Le quotidien The Hindu a de son côté évoqué "la honte lorsqu'un homme religieux s'abaisse si bas".

"Asharam mérite d'être condamné de la façon la plus catégorique", écrivait mardi le journal dans un éditorial critiquant par la même occasion des membres du parti au pouvoir, le parti du Congrès, ainsi que le BJP pour certains commentaires sexistes proférés après le viol, comme la nécessité pour les femmes de rester à la maison.

"Leurs notions (...) d'une société idéale semblent enracinées dans des préjugés qui ont engendré une culture de violence envers les femmes, le drame de Delhi en étant sa manifestation la plus récente et la plus horrible", poursuivait The Hindu.

Le fils du président de l'Inde, Abhijit Mukherjee, qui est également parlementaire du parti du Congrès, avait ainsi déclaré que les femmes qui manifestaient contre le climat d'insécurité après l'agression étaient apprêtées comme des voitures volées.

Six personnes ont été arrêtées après le viol collectif, dont cinq majeurs, âgés de 19 à 35 ans, qui sont jugés pour enlèvement, viol et meurtre.

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