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Timor: le défi de la paix relevé, reste celui du développement

Une Timoraise nettoie devant sa maison inondée le 2 janvier 2013 à Dili [Valentino de Sousa / AFP/Archives] Une Timoraise nettoie devant sa maison inondée le 2 janvier 2013 à Dili [Valentino de Sousa / AFP/Archives]

Le départ des Casques bleus du Timor oriental prouve que le pays meurtri par des décennies de conflit a enfin accédé à la paix. Mais il lui reste à se bâtir une économie moins dépendante des hydrocarbures, pour éradiquer une pauvreté endémique.

"Nous avions 13 enfants mais deux sont morts, l'un du paludisme, l'autre de malnutrition": Marta de Jesus, 48 ans, n'a pas partagé les célébrations de fierté qui ont entouré, le 31 décembre, le départ des Casques bleus, après 13 ans de présence.

Dans son village, Kulau Rai Hun, situé à moins d'une demi-heure de la capitale Dili, des enfants au ventre gonflé jouent parmi une cinquantaine de cabanes de tôles ondulées, tandis que leurs parents, souvent au chômage, enfilent café et cigarettes, assis le long d'un chemin de brousse.

Le mari de Mme De Jesus, a lui la chance d'avoir un métier: chauffeur de taxi, il ramène jusqu'à 4 euros par jour à sa famille, ce qui permet d'acheter "une cinquantaine de kilos de riz par semaine", explique son épouse. "On ne mange que ça. Si on a plus d'argent, on achète de la viande et parfois du maïs", explique-t-elle.

Des enfants transportent une bassine sous la pluie battante, le 2 janvier 2013 à Dili [Valentino de Sousa / AFP]
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Des enfants transportent une bassine sous la pluie battante, le 2 janvier 2013 à Dili

Confetti d'Asie du Sud-Est situé au nord de l'Australie, le Timor est l'un des pays les plus pauvres d'Asie: la moitié de ses 1,1 million d'habitants vit sous le seuil de pauvreté. Le taux de malnutrition est le troisième plus important au monde et la mortalité infantile est de 55 pour 100.000, plus qu'au Bangladesh par exemple.

L'ancienne colonie portugaise, très majoritairement catholique, se bat de plus avec le quatrième taux de fécondité de la planète (6,5 enfants par famille).

Tout réel développement a été jusqu'à présent empêché par les violences qui ont émaillé la décolonisation du pays. Un quart de la population a été décimé de 1975, date du départ des Portugais et de l'invasion par l'Indonésie, jusqu'à l'indépendance en 2002.

La découverte d'hydrocarbures en mer du Timor a suscité des espoirs, mais également une dépendance extrême : plus de 80% du budget de l'Etat est tiré de ces ressources. Or la manne sera épuisée dans une quinzaine d'années, avertissent les experts.

Répondant aux critiques, le gouvernement a réduit son budget, qui ne dépendra cette année qu'à 66% des hydrocarbures, et il a mis en place un ambitieux plan visant à faire du pays rural une économie urbanisée d'ici à 2030.

Pour ce faire, le Premier ministre Xanana Gusmao veut transformer une agriculture archaïque en un secteur exportateur, citant le café, l'huile de palme, la vanille...

Le plan promet également une industrialisation basée en particulier sur le développement du raffinage, tandis que le pétrole timorais est actuellement entièrement exporté brut. Le secteur touristique, aujourd'hui embryonnaire, serait également encouragé.

Mais beaucoup ne voient là qu'un doux rêve. "Les opportunités d'industrialisation sont très limitées", estime Damien Kingsbury, expert du Timor à l'Université Deakin de Melbourne, en Australie.

Le gouvernement ferait mieux de concentrer ses efforts sur la réduction de la pauvreté, estime l'opposition. "La malnutrition chronique a nettement augmenté... Quand on va dans les zones rurales, on ne voit aucun changement. De quoi se demander où sont passés les 4 milliards de dollars dépensés par le précédent gouvernement", accuse Estanislau da Silva, député du Frétilin, leader de l'opposition.

"Nous ne disons pas que nous allons éradiquer la pauvreté à 100% mais nous nous efforçons de la réduire", répond le vice-Premier ministre Fernando La Sama de Araujo.

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