En direct
A suivre

Budget de l'UE : un sommet crucial

Image d'illustration. Image d'illustration.[AFP]

Un sommet crucial pour l'avenir de l'Europe réunit jeudi les dirigeants de l'UE, appelés à renoncer à leurs égoïsmes nationaux pour doter le budget européen des moyens suffisants pour financer des investissements créateurs d'emplois jusqu'en 2020.

La partie est loin d'être gagnée et tout le monde s'attend à de longues et difficiles négociations jusqu'au bout de la nuit de jeudi à vendredi, voire jusqu'à samedi.

Signe des difficultés, le début des travaux, prévu à 14h00 GMT, a été retardé de deux heures et demie, à 16h30 GMT, pour permettre au président du Conseil européen, Herman Van Rompuy, de "peaufiner la proposition de compromis" qu'il va soumettre aux dirigeants de l'UE.

Ses projets initiaux ont suscité une levée de boucliers au Parlement européen et dans plusieurs Etats. Le chef du gouvernement italien, Mario Monti, a menacé d'opposer un veto à tout accord qu'il considérerait comme mauvais pour son pays et pour l'Europe.

M. Monti devait se réunir avec le président français François Hollande et le chef du gouvernement espagnol Mariano Rajoy avant l'ouverture du sommet.

Les âpres discussions sur le budget risquent de faire passer à la trappe les autres sujets: la situation au Mali, la stratégie pour aider au suivi des Printemps arabes et les prochains accords de libre-échange à négocier, notamment avec les Etats-Unis.

Selon les informations obtenues par l'AFP, la proposition de compromis préparée par M. Van Rompuy prévoyait une enveloppe de 956,9 milliards d'euros pour les crédits d'engagement, qui correspondent au plafond autorisé, et entre 900 et 905 milliards pour les crédits de paiement, soit les dépenses effectives.

Ces chiffres correspondaient peu ou prou à ce que réclament le Premier ministre britannique David Cameron et la chancelière allemande Angela Merkel.

La taille réalisée pour ce second compromis est sévère: près de 13 milliards en moins sur les engagements et 30 milliards en moins pour les paiements par rapport à la proposition rejetée en novembre dernier par l'Allemagne, le Royaume Uni, les pays nordiques et les Pays Bas.

L'essentiel des coupes a été opéré dans l'enveloppe demandée pour les infrastructures. Elle est divisée par deux et passe de 40 à "moins de 20 milliards d'euros" pour les sept prochaines années.

"Il va falloir faire des choix", commentent, désabusés, les négociateurs de la Commission européenne. Le budget pour les infrastructures était porteur des emplois futurs dans les secteurs des télécommunications, de l'internet et des énergies renouvelables.

"Ce qui est sur la table est décevant, sans vision pour les politiques industrielles", a déploré le Premier ministre belge Elio Di Rupo.

Des coupes ont également été opérées dans les enveloppes de l'administration et des actions extérieures. Sont également affectés le Fonds pour le développement et le Fonds de solidarité destiné à financer notamment les actions des Restaurants du Cœur, réduit de 7 à 4,5 milliards d'euros.

Les sommes récupérées vont abonder l'enveloppe des aides directes de la Politique agricole commune (PAC) chère à la France, qui en est le premier bénéficiaire, et la politique de Cohésion créée pour les régions les moins développées de l'UE. Ces deux politiques avaient subi l'essentiel des coupes dans le compromis de novembre.

En contrepartie de la réduction des dépenses de solidarité, M. Van Rompuy a proposé une initiative pour l'emploi des jeunes. Mais l'enveloppe est modeste: entre 5 et 6 milliards d'euros sur sept ans, selon les indications obtenues par l'AFP, à répartir entre les régions de l'UE les plus touchées par le chômage des jeunes.

En tout état de cause, le budget 2014-2020, frappé de plein fouet par l'austérité, sera inférieur à celui de la période précédente (2007-2013), qui dépassait les 1.000 milliards d'euros.

Le Parlement européen a dit non à toute coupe supplémentaire, et menace de rejeter un accord conclu sur de telles bases.

Toute la négociation jeudi va consister à remonter la proposition de M. Van Rompuy afin de trouver un équilibre entre les positions les plus radicales et les lignes rouges du Parlement européen.

"On travaille à limiter les coupes", assure-t-on de source française. François Hollande s'est attaché à cela lors de ses entretiens mercredi soir à Paris avec Angela Merkel. "Ce ne sera pas possible. La négociation va consister à redistribuer pour faire plaisir à tout le monde", a estimé un négociateur européen.

Un accord est toutefois donné pour certain. Outre les conséquences désastreuses pour l'image de l'Europe, un nouvel échec ferait des perdants, à commencer par l'Allemagne qui joue un milliard d'euros, soit le montant du rabais obtenu sur sa contribution pour la période 2007-2013.

À suivre aussi

Ailleurs sur le web

Dernières actualités