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Pierre Vermeren : "Les Tunisiens veulent une nouvelle révolution"

Heurts entre manifestants et policiers à Tunis. [KHALIL / AFP]

Deux ans après la chute du président Ben Ali, la Tunisie replonge dans le chaos suite à l’assassinat d’une figure de l’opposition, Chokri Belaïd. Pour Pierre Vermeren, auteur de Idées reçues sur le monde arabe (Ed. Cavalier Bleu), "il semble inévitable que le peuple demande une nouvelle révolution".

 

Que penser de l’assassinat de Chokri Belaïd ? Le parti islamiste Ennahda peut-il être derrière ?

L’assassinat politique n’est vraiment pas quelque chose de courant en Tunisie. Belaïd, comme d’autres responsables politiques, ont été mis en garde sur le fait qu’ils encourraient un danger.

On ne saura certainement jamais qui est derrière ce meurtre, mais ce qui est sûr c’est que les violences politiques se multiplient dans le pays et que les responsables ne sont pas inquiétés par la justice. La population y voit donc l’implication d’Ennahda. Mais il y a aussi des activistes, des jihadistes, qui avaient un intérêt dans cet assassinat.

 

Que représentait Chokri Belaïd pour les Tunisiens ?

C’était un homme politique jeune et courageux, un ancien avocat connu et respecté. Un chef politique qui avait du charisme. Il était certainement amené à tenir un rôle important dans la vie politique tunisienne, et c’est cette montée en puissance que l’on a voulu empêchée en le tuant.

 

Que penser de la proposition de refonte du gouvernement émise par le Premier ministre Hamadi Jebali, refusée ensuite par ses parlementaires ?

Il existe des divisions très fortes au sein du pouvoir actuel. Ennahda veut rester en place, craint des élections qui pourraient leur être défavorables. Mais les 2 autres partis qui forment la coalition au pouvoir ne voudront pas être assimilés à tout ça.

Un gouvernement de technocrates pourrait permettre de résoudre certains problèmes sécuritaires et socio-économiques, mais la crise politique n’évoluerait pas. Il faut un gouvernement capable de s’occuper de la nouvelle constitution.

 

Comment la situation peut-elle évoluer ?

Le statu quo va sûrement aboutir à de nouvelles violences. Les partis d’opposition vont descendre dans la rue, suivis par la jeunesse en colère, au chômage. Les risques d’embrasement sont très gros d’autant que beaucoup d’armes circulent depuis quelques temps dans le pays.

Mais beaucoup de gens, notamment l’élite intellectuelle tunisienne, souhaitent que ça ne dérape pas.

 

Se dirige-t-on vers une deuxième révolution ?

La plupart des choses contre lesquels se sont révoltés les Tunisiens il y a deux ans, comme les violences politiques, sont toujours présentes. S’il on ajoute à cela la crise économique, il semble inévitable que le peuple demande une nouvelle révolution.

 

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