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Soudan du Sud : une attaque fait plus de 100 morts

Vue aérienne de maisons dans l'Etat de Jonglei, au Soudan du Sud, le 21 juin 2011 [Phil Moore / AFP/Archives] Vue aérienne de maisons dans l'Etat de Jonglei, au Soudan du Sud, le 21 juin 2011 [Phil Moore / AFP/Archives]

Plus de cent personnes, dont des femmes et des enfants, ont été tuées au Soudan du Sud lorsque des voleurs de bétail lourdement armés ont attaqué des éleveurs dans l'Etat instable de Jonglei (centre), où des centaines de personnes sont également portées disparues.

Des éleveurs de la ville de Walgak étaient en transhumance vers le nord avec leur bétail, "escortés par un peloton de l'armée, lorsqu'ils ont été attaqués (vendredi) par une force puissante utilisant des armes automatiques", a déclaré dimanche le gouverneur de l'Etat, Kuol Manyang.

"Cent-trois personnes" ont été tuées, dont 14 militaires, les autres victimes étant des civils, principalement des femmes et des enfants, a-t-il précisé.

Le porte-parole adjoint de l'armée Kella Kueth a confirmé la tuerie, ajoutant que 500 personnes étaient encore portées disparues.

Dans un communiqué, le Commissaire du comté d'Akobo dans l'Etat de Jonglei, Goi Jooyul, a confirmé la mort des 14 soldats et a cité des survivants qui ont évoqué des assaillants munis de grenades, de lances ou encore de machettes.

Il a également déclaré que "des centaines de familles" étaient toujours portées disparues.

"Les assaillants sont partis avec le bétail et des centaines d'enfants et de femmes ne sont pas encore revenus au village", a-t-il dit.

Environ 3.000 personnes au total faisaient le déplacement avec le bétail au moment de l'attaque.

"L'armée essaye de reprendre les animaux aux criminels, ce qui ne sera pas facile", a-t-il ajouté.

Selon le gouverneur, les assaillants étaient composés de civils et de rebelles armés et étaient tous issus de l'ethnie Murle, originaire du comté de Pibor dans l'Etat de Jonglei.

 

Affrontements ethniques

Cet Etat, situé dans l'est du Soudan du Sud, est régulièrement le théâtre d'affrontements ethniques et de combats entre rebelles et armée depuis l'indépendance du pays à l'été 2011.

Les affrontements pour du bétail sont communs dans la région et lors d'un des raids les plus meurtriers, fin 2011, plus de 600 personnes avaient été massacrées dans cet Etat, après une attaque menée par quelque 6.000 jeunes de l'ethnie Lou Nuer contre leurs rivaux Murle dans cette même zone de Pibor.

D'après l'ONU, environ 300 personnes sont mortes depuis dans des attaques de représailles, un bilan largement sous-estimé d'après des sources locales.

De nombreuses ethnies imputent aux Murle l'enlèvement d'enfants des communautés voisines, pour ensuite utiliser les jeunes garçons comme gardiens de troupeaux et les filles pour le nombre de vaches qu'elles rapportent lors de leur mariage.

Les Nations unies et le gouvernement du Juba ont affirmé qu'une campagne de désarmement menée par l'armée en mars afin de mettre un terme à ces attaques avait été un succès, même si des violations des droits de l'homme de la part de l'armée ont été rapportées.

Mais malgré les efforts des autorités, les armes à feu restent présentes à Jonglei, un Etat isolé et marécageux, grand comme l'Autriche et la Suisse, où les routes sont souvent impraticables pendant des mois en raison des pluies.

A Jonglei comme dans les autres Etats du pays, les conflits interethniques et les attaques de troupeaux de vaches sont, avec les mouvements de rébellion persistants, l'un des principaux défis auxquels le jeune Soudan du Sud doit faire face.

Ils ont été exacerbés par deux décennies de guerre civile entre le nord et le sud du Soudan, qui ont nourri les inimitiés historiques entre les différentes tribus, parfois instrumentalisées par Khartoum.

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