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Mexique: HRW dénonce 149 cas de "disparitions forcées"

Des soldats mexicains en patrouille à Ciudad Mier, le 8 décembre 2011 dans l'Etat du Tamaulipas [Alfredo Estrella / AFP/Archives] Des soldats mexicains en patrouille à Ciudad Mier, le 8 décembre 2011 dans l'Etat du Tamaulipas [Alfredo Estrella / AFP/Archives]

Human Rights Watch (HRW) dénonce dans un rapport publié mercredi 149 cas de "disparitions forcées" au Mexique au cours des six dernières années, c'est-a-dire de cas de personnes disparues aux mains des forces de sécurité et qui n'ont pas été retrouvées.

Le rapport de 193 pages de HRW documente ces cas de disparitions forcées intervenus durant le sexennat du président Felipe Calderon et dans lequels sont impliqués l'armée, la Marine, la police fédérale ou les polices des Etats ou des municipalités.

Selon José Miguel Vivanco, directeur de HRW pour les Amériques, le nouveau président mexicain Enrique Peña Nieto "a hérité d'une des pires crises en matière de disparitions qui se soit produite en Amérique latine au cours de l'histoire". Il estime que malgré l'annonce par le nouveau gouvernement mis en place en décembre de mesures d'assistance aux victimes, il faut "faire les pas nécessaires pour assurer que les responsables de ces horribles crimes soient amenés devant la justice".

Patrouille de la police fédérale à Matamaros, le 26 avril 2011 dans l'Etat du Tamaulipas, au Mexique [Horacio Lopez / AFP/Archives]
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Patrouille de la police fédérale à Matamaros, le 26 avril 2011 dans l'Etat du Tamaulipas, au Mexique

HRW cite notamment les quelque 20 disparitions forcées perpétrées par les forces de la Marine en juin et juillet 2011 dans les Etats du Nuevo Leon et du Tamaulipas, au nord du Mexique, et qui pourraient "avoir été planifiées et coordonnées".

Dans 60 autres cas, HRW a pu établir que des "agents des Etats mexicains ont directement collaboré avec la délinquance organisée pour mettre en oeuvre la disparition de personnes ou de racketter leurs proches". Selon le rapport, 19 travailleurs de la construction ont disparu aux mains de policiers locaux de Pesqueria, dans l'Etat du Nuevo Leon, pour être remis à la délinquance organisée. On est toujours sans nouvelle de ces hommes.

L'organisation de défense des droits de l'homme souligne qu'une centaine d'autres cas de disparitions ont été dénoncées par les familles comme des cas de disparitions forcées. Mais dans ces cas l'organisation n'a pas pu prouver qu'il y a eu effectivement participation des forces de sécurité.

José Miguel Vivanco, directeur de HRW pour les Amériques, le 3 février 2010 à Bogota [Rodrigo Arangua / AFP/Archives]
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José Miguel Vivanco, directeur de HRW pour les Amériques, le 3 février 2010 à Bogota

Ces quelque 150 cas de disparitions pour lesquels aucun responsable n'a été condamné, ne représentent qu'une petite partie des disparition enregistrées au Mexique depuis 2007. HRW rappelle qu'un rapport du ministère mexicain de la Justice datant de novembre 2012 et ayant filtré dans la presse fait état de quelque 25.000 personnes disparues depuis 2006.

La disparition forcée aux mains de forces de sécurité de l'Etat est considérée comme un crime contre l'humanité selon le statut de Rome de la cour pénale internationale depuis le 1er juillet 2002.

Le gouvernement conservateur de Felipe Calderon a été marqué par le déploiement dès son arrivée au pouvoir en décembre 2006 de 50.000 militaires et de milliers de policiers fédéraux dans une offensive contre les trafiquants de drogue. La vague de violence qui s'en est suivie a fait quelque 70.000 morts, selon les estimations du nouveau gouvernement.

Le document de HRW a été remis mercredi au ministre mexicain de l'Intérieur, Miguel Angel Osorio Chong et sera présenté officiellement jeudi lors d'une conférence de presse.

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