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RSF dénonce les "mercenaires numériques"

Le siège de l'association Reporters sans frontières, le 5 avril 2008 [Miguel Medina / AFP/Archives] Le siège de l'association Reporters sans frontières, le 5 avril 2008 [Miguel Medina / AFP/Archives]

"Mon ordinateur avait été arrêté avant moi" : ce constat d'un activiste syrien torturé par le régime de Bachar al-Assad illustre les cas des cinq entreprises épinglées cette année pour la première fois par Reporters sans frontières parce que leur technologie est ou a été utilisée pour surveiller des internautes.

Selon Reporters sans frontières (RSF), "la surveillance en ligne représente un danger grandissant pour les journalistes, blogueurs, citoyens-journalistes et défenseurs des droits de l'Homme"

"A la date où on parle, 180 net-citoyens sont détenus dans le monde pour leurs activités d'information en ligne. Souvent avec le soutien de technologies de surveillance", déclare à l'AFP Christophe Deloire, le secrétaire général de RSF.

Dans son rapport 2013 sur les "ennemis d'internet", publié mardi à l'occasion de la Journée mondiale contre la cyber-censure, RSF met l'accent sur "l’activité de veille destinée à contrôler les voix dissidentes et la diffusion d’informations sensibles, une activité instrumentalisée pour conforter les pouvoirs en place et prévenir toute déstabilisation potentielle".

Gamma (Royaume-Uni), Trovicor (Allemagne), Hacking Team (Italie), Amesys (France) et Blue Coat (Etats-Unis) : les produits de ces 5 entreprises "ennemies d'internet", ont été ou sont "utilisés par les autorités pour commettre des violations des droits de l’homme et de la liberté de l’information", indique RSF, dont le rapport est consultable à partir de mardi sur le site surveillance.rsf.org

RSF publie la seule réponse de Hacking Team qui affirme prendre "des précautions pour (s')assurer que (ses) logiciels ne sont pas détournés".

Ces entreprises, qui ont vendu leurs produits à des régimes autoritaires, "ne pouvaient ignorer que leurs produits pourraient être utilisés pour surveiller des journalistes, dissidents ou net-citoyens".

Parmi les différentes technologies fournies par ces entreprises, figurent du matériel de surveillance du réseau internet dans son ensemble et des logiciels espions (spyware).

Cinq pays en ligne de mire

Ces logiciels espions servent à "espionner le contenu d’autres disques durs, récupérer des mots de passe, accéder au contenu de messageries électroniques ou espionner des communication de VOIP (téléphone via internet, ndlr)"explique le rapport.

Des internautes chinois, le 12 mai 2011 à Pékin [Gou Yige / AFP/Archives]
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Des internautes chinois, le 12 mai 2011 à Pékin
 

"Dans les régimes autoritaires, ce système est utilisé pour espionner les journalistes et leurs sources afin d’éradiquer la liberté d’information", souligne RSF qui pointe également dans son rapport cinq Etats ennemis d'internet.

Il s’agit de la Syrie, de la Chine, de l’Iran, de Bahreïn et du Vietnam qui sont, selon RSF, des pays "engagés dans une surveillance active, intrusive, des acteurs de l’information, permettant de graves violations de la liberté de l’information et des droits de l’Homme", notamment par l'intermédiaire de ces technologies.

Dans le cas de la Syrie, le rapport de RSF dévoile un document inédit : l’appel d’offre publié en 1999 par la Syrian Telecommunications Establishment (STE), qui contrôle la majorité des connexions fixes, pour la mise en place du réseau national Internet en Syrie.

"À la lecture de ce document, il apparait clairement que le réseau internet syrien a été conçu pour intégrer des fonctionnalités étendues de filtrage et de surveillance", dénonce l'association.

RSF revient sur le cas emblématique de l'activiste syrien Karim Taymour, arrêté et torturé par le régime de Bachar al-Assad, qui s’était vu présenter lors de son interrogatoire "une pile de plus de 1000 pages détaillant ses conversations électroniques et ses fichiers échangés sur Skype".

Mais, estime RSF, les démocraties aussi "semblent céder progressivement aux sirènes de la surveillance nécessaire et de la cybersécurité à tout prix". En témoigne, selon l'association, "la multiplication de projets et propositions de lois potentiellement liberticides, permettant la mise en place d’une surveillance généralisée".

L'association plaide pour "la mise en place d'un contrôle de l’exportation de technologies et matériel de surveillance vers des pays qui bafouent les droits fondamentaux".

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