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Portugal : le Premier ministre s'adresse au pays

Pedro Passos Coelho, le 3 avril 2013 à Lisbonne [Francisco Leong / AFP/Archives] Pedro Passos Coelho, le 3 avril 2013 à Lisbonne [Francisco Leong / AFP/Archives]

Le Premier ministre portugais devait s'adresser dimanche au pays alors que le gouvernement, fragilisé, tente de respecter les engagements pris auprès des créanciers du pays après le rejet par la Cour constitutionnelle de plusieurs mesures d'austérité.

L'intervention solennelle de Pedro Passos Coelho, prévue pour 17H30 GMT, va intervenir après que le chef du gouvernement de centre-droit a reçu la veille le soutien du président Anibal Cavaco Silva. Les deux hommes appartiennent au même parti social-démocrate.

"Le gouvernement dispose des conditions pour remplir son mandat", a indiqué le président dans un bref communiqué suite à un entretien sollicité d'urgence par le Premier ministre. Les médias avaient échafaudé des scénario catastrophes allant de la démission de M. Passos Coelho à un profond remaniement ministériel en passant par la formation d'un gouvernement de "salut public".

Le rejet par la Cour constitutionnelle de plusieurs mesures d'austérité, inscrites au budget 2013, marqué par une hausse généralisé des impôts, a représenté un sérieux revers pour le gouvernement désormais privé de recettes allant de 900 millions à 1,3 milliard d'euros, selon les estimations. Un "trou" qui lui sera d'autant plus difficile à combler qu'il avait prévu en 2013 des économies de 5,3 milliards et s'est engagé à réduire de 4 milliards d'euros les dépenses publiques d'ici 2015.

Désormais, l'objectif de ramener cette année le déficit budgétaire à 5,5% du PIB semble impossible à atteindre alors que la "troïka" (UE-FMI-BCE), représentant les créanciers, l'avait pourtant déjà allégé, accordant même au pays jusqu'à 2015 pour revenir au dessous de la limite des 3%, fixée par Bruxelles.

Selon diverses hypothèses, avancées par la presse, le gouvernement pourrait maintenant demander un allégement supplémentaire des objectifs lorsque la "troïka" procédera en mai à un nouvel examen des comptes du pays, voire solliciter un second plan de sauvetage, accompagné logiquement de nouvelles mesures d'austérité.

Joaquim Sousa Ribeiro (c), président de la Cour constitutionnelle du Portugal, le 5 avril 2013 à Lisbonne [Patricia de Melo Moreira / AFP/Archives]
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Joaquim Sousa Ribeiro (c), président de la Cour constitutionnelle du Portugal, le 5 avril 2013 à Lisbonne
 

N'hésitant pas à dramatiser la situation, le gouvernement a affirmé samedi, à l'issue d'un Conseil des ministres extraordinaire, que la Cour constitutionnelle avait "mis en cause la crédibilité conquise par les efforts des Portugais auprès de nos partenaires et créanciers internationaux".

Pour le gouvernement, la situation est d'autant plus délicate que les mesures d'austérité, mises en oeuvre en échange du plan de sauvetage de 78 milliards d'euros accordé en mai 2011, ont aggravé la récession et le chômage.

L'économie doit cette année reculer de 2,3% et le chômage atteindre le taux record de 18,2% alors que le mécontentement social a culminé début mars quand des centaines de milliers de Portugais ont manifesté à travers le pays contre l'austérité.

Critiqué par l'opposition, les syndicats et même une partie du patronat, le gouvernement est en butte à un climat politique très tendu. Principale formation de l'opposition, le Parti socialiste réclame une renégociation du plan d'aide qu'il avait pourtant lui même sollicité en avril 2011 alors qu'il était au pouvoir.

Pour marquer sa rupture définitive avec la politique d'austérité, le PS a déposé mercredi sa première motion de censure contre le gouvernement qui l'a évitée grâce à la confortable majorité dont il dispose à l'Assemblée.

Le gouvernement "n'a plus d'autorité, il n'a plus de crédibilité, il est épuisé, il est à bout", a martelé Antonio José Seguro, le chef du PS tout en appelant à des législatives anticipées.

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