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Chavez sur la peau

Une femme montre sa jambe sur laquelle est tatoué le visage de l'ancien président Hugo Chavez, le 12 avril 2013 [Luis Acosta / AFP] Une femme montre sa jambe sur laquelle est tatoué le visage de l'ancien président Hugo Chavez, le 12 avril 2013 [Luis Acosta / AFP]

Au Venezuela, le défunt président Hugo Chavez n'est pas seulement dans les mémoires avant la présidentielle de dimanche. De plus en plus de fidèles inconsolables l'arborent désormais dans la peau avec un tatouage du "Comandante".

Personne n'aurait prédit un tel succès parmi les membres du collectif "Irréversibilité", un groupe d'artistes, qui a eu l'idée de monter dans les rues des stands de tatouage à la gloire du chef de file de la gauche latino-américaine, décédé le 5 mars après une bataille contre le cancer.

"On pensait qu'il n'y aurait que quelques personnes, mais dès le premier jour, on en a eu plus de 200", confie à l'AFP Uncas Montilla, un dessinateur et tatoueur de 39 ans, incrédule devant la foule qui se presse devant ses aiguilles, dans le centre de Caracas.

Le collectif propose de tatouer gratuitement la signature manuscrite de Chavez, un symbole qui orne la façade de plusieurs bâtiments publics. "La signature du +Comandante+ a une valeur emblématique, c'est avec elle qu'il a approuvé tous les programmes pour aider les pauvres", justifie Montilla.

Passée par hasard devant le stand, Yusdeigris Mercado, une étudiante menue de 21 ans n'a pas hésité une seconde. "Chavez, je le considère comme un père. Sa signature, je veux qu'elle se voie sur moi", témoigne-t-elle, en exhibant son nouveau tatouage de 20 centimètres au dessus du sein gauche.

Une femme se fait tatouer la signature de l'ancien président Hugo Chavez, le 8 avril 2013 à Caracas [Geraldo Caso / AFP]
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Une femme se fait tatouer la signature de l'ancien président Hugo Chavez, le 8 avril 2013 à Caracas
 

Venue avec son compagnon, Yereth Zuñigo, une robuste femme au foyer de 24 ans, ne s'était jamais fait tatouer auparavant. "Le jour où Chavez est mort, je me suis dit que j'allais me faire un tatouage", confie-t-elle, s'étonnant elle-même de son audace.

"Je n'aurais jamais cru que je me ferais un tatouage de lui. Je me rappelle que le jour où mon mari est rentré à la maison avec des tatouages sur les bras, je me suis mise à pleurer. Mais là, c'est une motivation extrême. Chavez n'est pas seulement sur ma peau mais dans mon coeur", ajoute-t-elle.

Son mari, Kleyver Escobar, un musicien de 26 ans, qui porte effectivement le nom de ses enfants sur les avant-bras, vient d'y ajouter celui du dirigeant charismatique. "Un tatouage doit avoir une grande signification, car c'est pour la vie. Chavez est un leader, un être unique", souligne-t-il.

"Comandante"

Se ferait-il un tatouage du dauphin désigné par le "Comandante" Nicolas Maduro, favori de la présidentielle face au chef de l'opposition Henrique Capriles ? "Non, il a encore beaucoup de chemin à faire", s'exclame-t-il en riant.

Dans les centres de tatouage s'est manifesté le même engouement, même si le coût moyen, entre 2.000 et 3.000 bolivares (entre 300 et 500 dollars au taux de change officiel), peut dissuader les bourses modestes.

Un homme porte la signature de l'ancien président vénézuelien, Hugo Chavez, le 8 avril 2013 [Geraldo Caso / AFP]
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Un homme porte la signature de l'ancien président vénézuelien, Hugo Chavez, le 8 avril 2013
 

"Depuis la mort de Chavez, c'est de la folie. Plein de gens viennent nous poser des questions là-dessus. A cause du coût, certains le font faire chez eux avec un tatoueur indépendant trouvé dans la rue", explique John Etnico, 30 ans, l'un des employés de la boutique "Mythos Tattoos", dans un centre commercial de la capitale.

Dans l'atelier, Gabriela Tejo, une publicitaire de 31 ans, exhibe fièrement sa cuisse gauche entièrement ornée d'une photo de Chavez, qu'elle a fait tatouer une semaine après sa mort.

"Son visage va vieillir et se rider en même temps que moi. Chavez a laissé sa trace en Amérique latine et moi je porte la sienne sur mon corps", sourit cette petite femme aux taches de rousseur, nièce d'un ancien guérillero vénézuélien porté disparu.

Dans ce pays très divisé autour de l'héritage de la "révolution chaviste", son tatouage lui vaut parfois les sarcasmes. "Des gens m'ont insultée ou demandé comment j'avais pu me faire une chose aussi horrible. Comme s'ils allaient m'amputer la jambe", raconte-t-elle, avant d'ajouter: "Je m'en fiche, pour moi, il est beau, le +Comandante+".

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