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Centrafrique : le pays demande l'aide de la France

Des rebelles de la coalition du Séléka, dans les rues de Bangui, le 30 mars 2013. [Sia Kambou / AFP]

Pour mettre fin aux violences et pillages incessants, le nouveau pouvoir issu de la rébellion en Centrafrique a appelé à l'aide la France, qui s'est dite "disponible" à condition de la mise en place d'une "autorité légitime".

Dans un message radio-télévisé, le Premier ministre Nicolas Tiangaye a demandé mardi soir "l'appui" de la France et de la Fomac (Force multinationale d'Afrique centrale), "en tant que forces impartiales, pour la conduite des opérations de sécurisation de la ville de Bangui et toutes les régions de notre pays".

"De nombreuses familles ont été atteintes dans leur chair, en connaissant des pertes en vies humaines et des pillages de tous ordres. Ces faits affectent la cohésion sociale et (...) l'unité nationale", a déploré M. Tiangaye, issu de l'ancienne opposition au président déchu François Bozizé.

La France est "disponible" pour aider au "retour de la stabilité" en Centrafrique, a réagi mercredi le chef de la diplomatie Laurent Fabius. "Mais il faut mettre en place des autorités légitimement reconnues, ce qui n'est pas le cas du président actuel", a souligné M. Fabius à l'Assemblée nationale.

 

L'anarchie s'installe

Depuis la prise de Bangui par la coalition Séléka le 24 mars, le nouveau pouvoir n'arrive pas établir l'ordre dans la capitale, se montrant incapable de juguler l'anarchie que l'offensive rebelle n'a pas manqué de générer dans un pays fragile et parmi les plus pauvres du monde.

De nombreux habitants vivent dans la peur des pillages et de l'insécurité, mais sont aussi excédés par le comportement d'anciens rebelles.

Pendant le week-end, une vingtaine de personnes ont trouvé la mort dans des heurts entre ex-rebelles et habitants de deux quartiers de la capitale. Sept hommes du Séléka ont également été tués, dont l'un au moins a été lynché par la foule en colère.

Dans son allocution, le Premier ministre a appelé "tous les représentants des pouvoirs publics, (...) les chefs de quartiers, les chefs des villages, les leaders d'opinion" à s'impliquer pour "la sensibilisation de la population".

Mardi, dans une première annonce visant à juguler les pillages, le nouveau président Michel Djotodia, chef du Séléka, avait promis un renfort de 500 hommes à la police et 500 autres à la gendarmerie, ainsi que le casernement des combattants du Séléka.

Cette mesure a pour but de retirer des rues les ex-insurgés en armes, dont beaucoup n'hésitent pas à piller et commettre des exactions. Il doit aussi permettre d'arrêter les individus se faisant passer pour des combattants du Séléka.

Le principal parti de l'ancienne opposition, le Mouvement de libération du peuple centrafricain (MLPC), a dénoncé l'impuissance du nouveau pouvoir.

Dans un communiqué, le MLPC s'est indigné que "depuis plus de trois semaines, les éléments incontrôlés du Séleka" mais aussi des milices d'autodéfense pro-Bozizé "continuent de commettre d'une manière dramatique, des exactions insoutenables".

Le président centrafricain déchu François Bozizé, le 14 mars 2008 à Dakar [Georges Gobet / AFP/Archives]

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Le président centrafricain déchu François Bozizé, le 14 mars 2008 à Dakar
 

"Pillages à grande échelle, destructions de biens, viols, tortures et exécutions sommaires, séquestrations et enrôlement d'enfants soldats créent l'insécurité généralisée, les déplacements massifs des populations, le blocage des activités économiques".

"Malgré les engagements pris par les nouvelles autorités (...), la situation va de mal en pis", s'est alarmé le MPLC.

Le porte-parole du gouvernement, Crépin Mboli-Goumba, issu lui aussi de l'ancienne opposition, a demandé aux pays d'Afrique centrale d'envoyer 1.000 soldats pour aider à rétablir l'ordre.

Le sujet devrait être débattu lors d'un nouveau sommet extraordinaire des chefs d'Etats d'Afrique centrale, jeudi à N'Djamena, en présence du président d'Afrique du Sud, Jacob Zuma.

Le 3 avril, un premier sommet de la Communauté économique des Etats d'Afrique centrale (CEEAC), organisé déjà dans la capitale de l'influent voisin tchadien, avait défini les contours d'une transition et d'un retour à la légalité constitutionnelle.

Suivant ce schéma, M. Djotodia a été désigné président samedi par un Conseil de transition pour diriger le pays pendant les 18 prochains mois.

Toutefois, de nombreux acteurs régionaux se montrent sceptiques sur l'envoi d'une force en Centrafrique: "Qui a les hommes? Qui va payer? Qui va les entretenir?", s'interroge une source diplomatique africaine, "lassée de toujours devoir aider le même pays".

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