En direct
A suivre

Venezuela : Maduro vers l'investiture

Un jeune partisan du président élu Nicolas Maduro à Caracas, au Venezuela, le 17 avril 2013 [Raul Arboleda / AFP] Un jeune partisan du président élu Nicolas Maduro à Caracas, au Venezuela, le 17 avril 2013 [Raul Arboleda / AFP]

Après plusieurs jours de tensions au Venezuela, le président élu Nicolas Maduro se dirige jeudi vers son investiture, prévue le lendemain en présence de plusieurs chefs d'Etat étrangers, malgré le recours déposé par l'opposition, qui réclame un comptage manuel des votes.

Héritier du défunt dirigeant socialiste Hugo Chavez, M. Maduro, 50 ans, semble avoir repris le contrôle de la situation, après les manifestations contre son élection qui ont provoqué, selon les autorités, la mort de huit de ses partisans et fait plus d'une soixantaine de blessés.

"Nous venons de déjouer un coup d'Etat mais ils vont continuer à essayer de saboter la vie du pays", a déclaré jeudi, dans un message sur Twitter, l'ancien chef de la diplomatie, qui accuse son adversaire, Henrique Capriles, le jeune gouverneur de l'Etat de Miranda (nord) d'avoir "semé la violence".

L'ordre rétabli pour l'instant au Venezuela, M. Maduro compte recevoir le soutien de l'Union des nations sud-américaines (Unasur), réunie jeudi à Lima, où il pourrait lui-même se rendre, pour un sommet extraordinaire consacré à la crise politique secouant le riche pays pétrolier des Caraïbes.

"Selon nos informations, le président élu viendrait", a déclaré jeudi le vice-ministre péruvien des Affaires étrangères, Fernando Rojas à une radio de Lima.

Avant le sommet, le président équatorien Rafael Correa, actuellement en tournée européenne, a fait transmettre un message de soutien à M. Maduro : "Les élections libres et démocratiques doivent être respectées. L'Unasur ne permettra pas un coup d'Etat" .

La quasi-totalité des pays latino-américains a déjà reconnu son élection et plusieurs dirigeants vont profiter du sommet péruvien pour se rendre directement à Caracas pour la prestation de serment de M. Maduro, qui se déroulera vendredi matin devant l'Assemblée nationale.

Des partisans du président élu Nicolas Maduro à Caracas, au Venezuela, le 17 avril 2013 [Ronaldo Schemidt / AFP]
Photo
ci-dessus
Des partisans du président élu Nicolas Maduro à Caracas, au Venezuela, le 17 avril 2013
 

Ont déjà été confirmée la participation des chefs d'Etat du Brésil, Dilma Roussef, d'Argentine, d'Uruguay, de Bolivie, et d'Equateur, ainsi que celle du président du Congrès des députés espagnols, qui remplacera le prince héritier Felipe. Cuba devrait envoyer une délégation de haut niveau.

Dans le ciel de Caracas, les hélicoptères et les avions de chasse de l'armée ont commencé jeudi un impressionnant ballet, en préparation du défilé militaire qui suivra l'investiture, avant une réunion de l'Alba (Alliance bolivarienne des Amériques), le bloc des alliés de la gauche radicale fondé par Cuba et le Venezuela.

L'avènement de M. Maduro ne risque pas non plus d'être contrarié sur le plan juridique, après l'annonce par le Tribunal supérieur de justice (TSJ) de l'impossibilité de procéder à un "comptage manuel" des bulletins de vote, comme le réclame l'opposition.

Battu d'une courte tête à la présidentielle de dimanche, M. Capriles, un avocat de 40 ans, persiste toutefois à contester le résultat, invoquant de multiples "irrégularités".

Soutien de taille, les Etats-Unis, principal acheteur du pétrole vénézuélien, ont soutenu la demande d'un "nouveau comptage", une démarche également appuyée par l'Union européenne qui s'est contentée de "prendre acte" de l'élection de M. Maduro.

Mais le président élu, qui a repris le flambeau "anti-impérialiste" de son mentor, assure qu'il se "moque de la reconnaissance ou non" de Washington.

Le chef de l'opposition vénézuélienne attend désormais que le Conseil national électoral (CNE) se prononce sur la requête qu'il a déposée la veille, appelant jeudi dans un tweet ses partisans à "ne pas tomber dans les provocations" tendues, selon lui, par ses adversaires.

"Le monde est tout-à-fait d'accord pour qu'il y a une vérification de 100% des bulletins car cela renforce la démocratie", a assuré M. Capriles, lors d'un entretien diffusé mercredi soir par la chaîne colombienne NTN24.

Henrique Capriles conteste la victoire de Nicolas Maduro à Caracas, le 16 avril 2013 [Ronaldo Schemidt / AFP]
Photo
ci-dessus
Henrique Capriles conteste la victoire de Nicolas Maduro à Caracas, le 16 avril 2013
 

Selon lui, la raison pour laquelle ce nouveau comptage n'a pas eu lieu est "la grande question que se posent tous les Vénézuéliens".

Si la justice vénézuélienne ne semble pas prête à lui donner gain de cause, elle pourrait en revanche le menacer de poursuites en raison des violences survenues lors des manifestations, organisées à l'appel de l'opposition.

Les autorités ont annoncé cette semaine avoir procédé à plus de 135 interpellations et placé sous surveillance un groupe de militaires suspectés de comploter avec les "caprilistes".

Sur le cercueil d'une des huit victimes des incidents lors des manifestations, un homme de 45 ans tué par arme à feu, qui a été élevé au rang de "martyr et héros de la patrie", M. Maduro a promis de faire arrêter les "groupes de fascistes" responsables, appelant la justice à "accélérer la capture des assassins".

Rejetant toute responsabilité, M. Capriles rappelle n'avoir lancé que des mots d'ordre pacifiques, notamment l'appel à des "concerts de casseroles", forme traditionnelle de protestation dans la région. "Tout le poids de la loi doit tomber" sur les auteurs des violences, a-t-il déclaré.

Le "candidat de la haine" et ses partisans "essaient de générer une situation d'impunité, de silence et de distorsion de la vérité", a rétorqué jeudi le chef de la diplomatie vénézuélienne, Elias Jaua.

À suivre aussi

Ailleurs sur le web

Dernières actualités