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Birmanie : trois musulmanes rohingyas tuées par la police

Des familles rohingyas dans un centre pour personnes déplacées près de Sittwe, dans l'ouest de la Birmanie, le 11 octobre 2012 [Christophe Archambault / AFP/Archives] Des familles rohingyas dans un centre pour personnes déplacées près de Sittwe, dans l'ouest de la Birmanie, le 11 octobre 2012 [Christophe Archambault / AFP/Archives]

Trois femmes de la minorité musulmane apatride des Rohingyas ont été tuées par balle mardi lors d'affrontements avec les forces de l'ordre dans l'ouest de la Birmanie, frappée par des violences communautaires meurtrières depuis un an, a indiqué la police mercredi.

"Trois personnes sont mortes après des tirs d'avertissement" et quatre ont été blessées dans un camp de déplacés de l'Etat Rakhine, a déclaré à l'AFP Maung Maung Mya, de la police du district de Mrauk U, précisant que les trois victimes étaient des femmes.

En 2012, deux vagues de violences entre Rohingyas et bouddhistes de l'ethnie rakhine avaient fait quelque 200 morts et plus de 140.000 déplacés, en grande majorité des Rohingyas, forcés de fuir leurs villages incendiés.

Alors que la mousson approche et que certains des camps risquent d'être inondés par les pluies, les autorités tentent de reloger certains d'entre eux. Et l'incident de lundi semble être lié à ce relogement.

Certaines personnes "vivent sur leur propre terrain dans des tentes temporaires. Le gouvernement tente de construire des abris pour eux (...) mais ils ne l'acceptent pas", a indiqué Maung Maung Mya. "Ils pensent qu'ils perdront leur terrain s'ils partent dans les nouveaux abris. Alors ils ne bougent pas".

Selon une source gouvernementale, des Rohingyas mécontents auraient attaqué les forces de l'ordre. "Les forces de sécurité ont dû tirer parce qu'elles ne pouvaient pas contrôler la violence", a-t-elle précisé sous couvert de l'anonymat.

Quelque 800.000 Rohingyas, privés de nationalité par l'ancienne junte birmane et considérés par l'ONU comme l'une des minorités les plus persécutées de la planète, vivent confinés en Etat Rakhine.

Ils sont souvent considérés comme des immigrés illégaux par les Birmans qui ne cachent pas une franche hostilité à leur égard.

En avril, l'organisation de défense des droits de l'Homme Human Rights Watch avait accusé la Birmanie d'avoir entrepris une "campagne de nettoyage ethnique" contre ces Rohingyas, des accusations rejetées par le gouvernement.

Les violences en Etat Rakhine ont fait tâche d'huile dans d'autres parties du pays où des citoyens birmans musulmans ont été pris pour cible.

En mars, 44 personnes avaient été tuées et des quartiers entiers brûlés dans la ville de Meiktila (centre), après un banal esclandre entre des clients et un commerçant dans un marché. Des mosquées de plusieurs villes au nord de Rangoun avaient été ensuite détruites tandis que des moines bouddhistes multipliaient les discours extrémistes.

Les derniers incidents en date ont fait au moins un mort la semaine dernière dans une ville de l'Etat Shan, dans le nord-est du pays.

Ces événements ont mis en lumière un fond islamophobe latent dans un pays majoritairement bouddhiste où vivent officiellement 4% de musulmans et ont jeté une ombre au tableau des réformes spectaculaires entreprises par le gouvernement depuis la dissolution de la junte en mars 2011.

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