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Roumanie : la communauté homosexuelle se mobilise

Manifestation d'homosexuels le 24 mai 2008 à Bucarest [Daniel Mihailescu / AFP/Archives] Manifestation d'homosexuels le 24 mai 2008 à Bucarest [Daniel Mihailescu / AFP/Archives]

Environ 400 personnes ont défilé samedi dans le centre de Bucarest lors de la 10e édition de la Gayfest, alors qu'une tentative de modifier la Constitution pour interdire le mariage entre personnes de même sexe suscite un vif mécontentement.

"C'est une marche plus triste en raison de l'amendement proposé pour changer la Constitution", a déclaré à l'AFP le directeur de l'association de défense des minorités sexuelles en Roumanie, Accept, Florin Buhuceanu, à côté de manifestants qui brandissaient des drapeaux arc-en-ciel.

"C'est une tentative de mettre hors la loi la vie de famille des couples lesbiens, gay, bisexuels et transsexuels (LGBT)et qui peut aussi affecter les familles monoparentales ou formées d'enfants avec leurs grand-parents", a estimé M. Buhuceanu.

Le défilé de samedi a débuté à proximité de l'Arc de Triomphe de Bucarest où des manifestants portaient des pancartes réclamant des "Responsabilités égales, droits égaux", proclamant que "L'amour ne fait pas de discrimination" ou encore que "L'amour n'est pas un crime".

L'ambassadeur du Royaume-Uni à Bucarest, Martin Harris, le chargé d'affaires de l'ambassade des Etats-Unis, Duane C. Butcher, et le chef de l'Organisation internationale de la francophonie dans la région, David Bongard, ont également participé au défilé.

Le Premier ministre roumain Victor Ponta le 11 février 2013 à Bucarest [Daniel Mihailescu / AFP/Archives]
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Le Premier ministre roumain Victor Ponta le 11 février 2013 à Bucarest
 

L'amendement à la Constitution proposé par la puissante Église orthodoxe roumaine et par trois députés de la coalition de centre gauche (USL, au pouvoir), révèle "l'attitude moyenâgeuse des hommes politiques et d'une partie de la société", selon Ovidiu, un des manifestants.

"Cela prouve que les droits fondamentaux de l'Homme ne sont pas fondamentaux et ne sont pas pour tout le monde," a dit à l'AFP cet ingénieur âgé de 30 ans qui défilait avec sa femme Ioana et leurs quatre enfants.

L'amendement controversé a été adopté mercredi par la commission parlementaire pour la révision de la Constitution. Il définit la famille comme étant basée "sur le mariage entre un homme et une femme".

Jusqu'à présent, la loi fondamentale se contentait de la décrire comme "basée sur le mariage entre époux", même si le mariage entre personnes de même sexe n'est pas formellement autorisé.

Amnesty International a critiqué cet amendement, rappelant que "les droits de l'homme, notamment celui de créer une famille, doivent être respectés sans discrimination basée sur l'orientation sexuelle", selon l'agence de presse Mediafax.

Qualifiant l'amendement de "redondant", le Code civil roumain définissant déjà le mariage comme étant l'union entre un homme et une femme, M. Buhuceanu a accusé les hommes politiques de "populisme" dans un pays où les homosexuels sont toujours victimes de discrimination.

Face au tollé, le Premier ministre social-démocrate (PSD) Victor Ponta a demandé un nouveau vote de la commission parlementaire, déclarant qu'il ne voyait pas la nécessité de changer la définition actuelle de la famille, ni le besoin d'introduire de telles précisions dans la Constitution.

Il a souligné qu'il ne voulait pas que son pays soit comparé à la Hongrie qui a adopté un amendement similaire en janvier, suscitant les vives critiques de la Commission européenne.

Mais il a précisé qu'il n'était pas favorable non plus au mariage entre personnes de même sexe.

L'homosexualité n'a été dépénalisée en Roumanie qu'au début des années 2000. Comme dans la plupart des pays d'Europe de l'Est, les réticences face aux couples entre personnes de même sexe restent fortes.

Selon un sondage réalisé en 2011, 73% des Roumains ne voudraient pas avoir un homosexuel parmi les membres de leur famille et 45% ne voudraient pas en avoir un parmi leurs collègues de travail.

Mais, alors que dans d'autres pays de l'Est comme la Serbie les défilés gay sont souvent interdits pour des "raisons de sécurité" après des menaces de groupes extrémistes, la Roumanie organise pour la dixième fois ce défilé.

Plus tôt samedi, une centaine de personnes ont participé à une "marche de la normalité", organisée par un petit parti d'extrême droite, Noua Dreapta.

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