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Milos Zeman donné gagnant de la crise politique

Le président tchèque Milos Zeman serre la main au ministre de l'Agriculture Miroslav Toman (de dos), le 10 juillet 2013 à Prague [Michal Cizek / AFP/Archives] Le président tchèque Milos Zeman serre la main au ministre de l'Agriculture Miroslav Toman (de dos), le 10 juillet 2013 à Prague [Michal Cizek / AFP/Archives]

Le président tchèque Milos Zeman est d'ores et déjà donné gagnant de la crise politique qui secoue son pays depuis juin sans aucun impact économique, quel que soit le résultat du vote de confiance que subira mercredi le "gouvernement d'experts" de l'économiste Jiri Rusnok.

"Dans cette crise, Milos Zeman est initiateur et non observateur. Doté d'une grande capacité analytique, il anticipe un ou deux coups en avance par rapport à ses adversaires", analyse le politologue Jiri Pehe, interrogé par l'AFP.

Les perdants sont, selon lui, "les partis politiques qui jouent mal dans ce jeu dont les règles sont dictées par le président".

Souvent appelé "gouvernement présidentiel", le cabinet Rusnok est composé de ministres sans étiquette mais proches de M. Zeman, un vétéran de la gauche, et de son parti SPOZ. Ce parti n'est actuellement pas représenté au Parlement mais le temps pourrait jouer en sa faveur, espère M. Zeman.

Cet exécutif a remplacé celui de centre droit de Petr Necas, tombé après l'arrestation spectaculaire de sa collaboratrice et maîtresse, Jana Nagyova, au milieu des accusations de corruption qui se sont presque toutes évanouies par la suite.

Cette crise politique n'a toutefois pas jusqu'à présent de retombées sur l'économie tchèque, en récession depuis 2011.

"Les indicateurs du marché ne bougent pas: le cours de la monnaie ne réagit pas, le cours des actions ne réagit pas, le cours des obligations non plus", a résumé à l'AFP l'analyste financière Marketa Sichtarova.

Mais, sans attendre le vote de confiance, le Premier ministre Rusnok a déjà procédé à une série de changements à la direction d'entreprises d'Etat, dont la compagnie des chemins de fer CD.

Le président tchèque Milos Zeman, le 10 juillet 2013 à Prague [Michal Cizek / AFP/Archives]
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Le président tchèque Milos Zeman, le 10 juillet 2013 à Prague
 

"Ces purges dans les entreprises d'Etat risquent de les déstabiliser pendant plusieurs mois", a averti Mme Sichtarova.

"Je pense que le gouvernement n'obtiendra pas la confiance. Mais tout pronostic est difficile, car il y a peu d'informations transparentes sur ce qui se passe en coulisses", estime M. Pehe.

Si le cabinet échoue et démissionne, la Constitution permet à M. Zeman une deuxième tentative, dans un délai qui n'est pas précisé, ce qui lui offre un large champ de manoeuvre.

"Lors de la deuxième tentative éventuelle, le président a trois possibilités. La continuation du cabinet sans confiance est l'une d'entre elles", a affirmé dimanche, sans autres précisions, le secrétaire du chef de l'Etat, Vratislav Mynar.

Photo non datée de Jana Nagyova, collaboratrice et maîtresse de Petr Necas [Michal Cizek / AFP/Archives]
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Photo non datée de Jana Nagyova, collaboratrice et maîtresse de Petr Necas
 

La présidente de la chambre basse, Miroslava Nemcova, leader de la droite, assure que l'ex-coalition de centre droit est forte de 101 des 200 élus et votera mercredi comme un seul homme contre M. Rusnok.

Les sociaux-démocrates (CSSD, opposition) sont divisés: l'aile de son chef Bohuslav Sobotka est hostile au renforcement du pouvoir de M. Zeman, contrairement à l'aile pro-Zeman et pro-Rusnok de l'influent vice-président du parti, Michal Hasek.

"Si la chambre basse accepte le gouvernement, ce sera un glissement vers un système présidentiel", a estimé M. Sobotka, dans les colonnes de l'hebdomadaire Reflex.

Le Premier ministre Rusnok affiche pour sa part un grand optimisme: "Je pense que nous aurons 96 ou 97 voix et que cela suffira pour obtenir la confiance", a-t-il affirmé dimanche.

Si le vote lui est favorable, il sera au pouvoir jusqu'aux législatives de mai 2014, pour lesquelles le CSSD est donné gagant dans les sondages.

Pour son éventuelle deuxième tentative, M. Zeman pourrait théoriquement charger M. Rusnok de former un autre cabinet et les démarches nécessaires prendraient encore des mois, rapprochant le pays des législatives de 2014.

La droite a peu de moyens pour forcer M. Zeman à nommer un cabinet qui s'appuierait sur ses 101 voix fragiles. Elle n'a donc qu'à attendre une troisième tentative, offerte par Constitution et pilotée cette fois-ci par la présidente du Parlement, solution qui n'est sûrement pas en ligne avec les intentions du chef de l'Etat.

"Milos Zeman est comme le célèbre footballeur Maradona: à la différence de la plupart de ses adversaires, il sait bien jouer, mais parfois avec la main. On peut le critiquer, mais il serait absurde de s'indigner qu'il joue bien", analyse Reflex.

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