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Hongrie : verdict attendu dans une série de meurtres contre des Roms

Une voiture de police devant la maison d'une famille de roms victime de racisme, le 19 novembre 2008 à Pecs, au sud de Budapest [- / AFP/Archives] Une voiture de police devant la maison d'une famille de roms victime de racisme, le 19 novembre 2008 à Pecs, au sud de Budapest [- / AFP/Archives]

La justice hongroise doit rendre mardi son verdict dans le procès de quatre hommes accusés d'avoir froidement tué six Roms entre 2008 et 2009, sur fond de commémoration de l'Holocauste contre cette minorité toujours très stigmatisée dans le pays.

Ces quatre Hongrois, âgés au moment des faits de 28 à 42 ans, sont soupçonnés d'avoir perpétré entre juillet 2008 et août 2009 neuf attaques à la grenade, au fusil et au cocktail Molotov qui ont fait six morts et cinq blessés dans différents villages du nord-est.

Les actes étaient particulièrement cruels: un enfant de 5 ans et son père ont été abattus alors qu'ils tentaient de s'échapper de leur maison en feu. Une femme a été tuée dans son sommeil.

"Six personnes hongroises sont mortes simplement parce qu'elles étaient Roms. Cette tragédie doit rester vive dans la mémoire collective de la Nation, comme toutes les tragédies nationales", a estimé vendredi le parti d'opposition Ensemble 14 de l'ancien Premier ministre Gordon Bajnai, le principal rival politique du chef du gouvernement conservateur Viktor Orban.

Les quatre suspects, tous membres d'un noyau dur de supporteurs de l'équipe de football de Debrecen, grande ville à l'est du pays, et affichant des penchants néo-nazis, auraient chacun eu maille à partir avec des Roms et c'est en échangeant leurs expériences respectives dans un bar que l'idée de se venger aurait émergé, selon le parquet.

Arrêtés fin août 2009, les trois principaux accusés plaident non coupable, tandis que le dernier complice, qui servait de chauffeur, a reconnu être "coupable" mais sans avoir participé aux meurtres. La défense veut l'acquittement des trois premiers, et la mise en liberté du dernier, après quatre ans de détention provisoire.

Le parquet demande de son côté la prison à perpétuité pour les trois principaux acteurs, et une peine de prison de 20 ans pour le quatrième. Le procès avait commencé le 25 mars 2011.

"Leur crime était la couleur de leur peau"

La justice s’apprête à rendre son verdict alors que le pays commémore l'Holocauste contre les Roms. Le 2 août 1944, les nazis ont massacré près de 3.000 Roms dans le camp d'extermination d'Auschwitz-Birkenau. Le 2 août marque aussi l'anniversaire du dernier meurtre de la série sanglante entre 2008 et 2009.

Les Roms, pauvres et marginalisés, représentent entre 5 et 8% de la population hongroise (de 10 millions d'habitants). Ils sont souvent l'objet d'attaques verbales de la part du parti d’extrême-droite Jobbik, représenté au Parlement, mais aussi de proches de Viktor Orban.

Début janvier, Zsolt Bayer, un des fondateurs du parti conservateur au pouvoir Fidesz, avait publié une tribune à la suite d'une tentative de meurtre contre des sportifs hongrois, attribuée à des , les qualifiant "d'animaux" devant être "liquidés". Son journal avait été sanctionné par le Conseil des médias.

Vendredi, de nombreuses organisations culturelles ainsi que des institutions officielles ont rendu hommage à toutes les victimes roms, par des cérémonies, expositions ou messes.

Pour honorer en particulier les victimes de la série de meurtres, le groupe médiatique privé XKK a réalisé quatre courts-métrages, de 2 à 4 minutes chacun, intitulé "Leur crime était la couleur de leur peau", avec des monologues émouvants lus par les meilleurs acteurs et actrices de la Hongrie. Les films sont diffusés dans les cinémas de Budapest ou des festivals culturels.

"Ce jour, qui est le jour de commémoration de l'Holocauste et l'anniversaire du dernier meurtre (de Roms en 2009), notre devoir commun est de promettre d'agir contre la haine", a déclaré Livia Jaroka, la seule députée rom du Parlement européen et membre du Fidesz, dans un communiqué. Elle a déposé une demande afin que le 2 août devienne la date de commémoration de l'Holocauste contre les Roms dans l'ensemble de l'Union européenne.

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