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Ban Ki-Moon accuse al-Assad de crimes contre l'humanité

Un rebelle se tient près du corps d'un frère d'arme à Damas, le 12 septembre 2013 [Anwar Amro / AFP]

Le secrétaire général des Nations unies Ban Ki-moon a accusé vendredi le président syrien Bachar al-Assad d'avoir "commis de nombreux crimes contre l'humanité", soulignant que le rapport des experts de l'ONU "va conclure de manière accablante" à l'utilisation d'armes chimiques en Syrie.

 

Cette déclaration a jeté une ombre sur les pourparlers entre les chefs de la diplomatie américaine et russe, qui se poursuivaient pour le second jour consécutif à Genève avec l'espoir qu'une avancée sur les armes chimiques de la Syrie favorise la tenue d'une conférence de paix.

A New York, Ban Ki-moon a prédit que le rapport des experts de l'ONU "va conclure de manière accablante" à l'utilisation d'armes chimiques en Syrie, sans en attribuer directement la responsabilité au régime syrien. Mais il a clairement accusé le président Bachar al-Assad d'avoir "commis de nombreux crimes contre l'humanité" et s'est dit "persuadé que les responsables rendraient des comptes quand tout cela sera fini".

Un expert de l'ONU collecte le 29 août 2013 des échantillons sur les lieux de l'attaque aux armes chimiques, à proximité de Damas, en Syrie [Ammar al-Arbini / AFP/Archives]
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Un expert de l'ONU collecte le 29 août 2013 des échantillons sur les lieux de l'attaque aux armes chimiques, à proximité de Damas, en Syrie
 

Le rapport des experts de l'ONU qui ont enquêté sur place sur les accusations de massacre à l'arme chimique le 21 août près de Damas est attendu lundi, selon Paris. Leur mandat ne prévoit cependant pas qu'ils désignent les responsables de l'utilisation de ces armes.

En attendant, quelque 500.000 personnes seraient "prises au piège" des combats "dans la banlieue rurale de Damas", manquant de vivres, d'eau et de médicaments, selon la responsable des opérations humanitaires de l'ONU, Valérie Amos. Elle a appelé à une trêve pour que les organisations humanitaires puissent leur porter secours.

A Genève, le secrétaire d'Etat américain John Kerry s'est déclaré déterminé, avec son homologue russe Sergueï Lavrov, "à travailler ensemble, à commencer par l'initiative sur les armes chimiques, avec l'espoir que (ces) efforts seront payants et apporteront paix et stabilité dans cette région tourmentée du monde".

Le président russe Vladimir Poutine (g) et le Secrétaire général de l'ONU, Ban Ki-moon , le 5 septembre 2013 au G-20 à Saint-Pétersbourg [Guneev Sergey / G20russia/AFP/Archives]
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Le président russe Vladimir Poutine (g) et le Secrétaire général de l'ONU, Ban Ki-moon , le 5 septembre 2013 au G-20 à Saint-Pétersbourg
 

Dans l'après-midi il a précisé avoir convenu avec Sergueï Lavrov d'une nouvelle réunion "à New York autour du 28 septembre", en marge de l'Assemblée générale annuelle de l'ONU, pour fixer une date pour une conférence de paix sur la Syrie.

 

Aide renforcée à l'opposition

Dans la soirée, une porte-parole de M. Lavrov a indiqué que les discussions se poursuivaient à Genève. "Le travail continue. Peut-être vont-ils finaliser ce soir, ou peut-être les négociations se poursuivront-elles toute la nuit", a-t-elle dit.

A l'issue d'une rencontre tripartite avec l'émissaire des Nations unies et de la Ligue arabe pour la Syrie Lakhdar Brahimi, Sergueï Lavrov a réaffirmé l'engagement de la Russie en faveur de d'une conférence de paix avec la participation de "tous les groupes de la société syrienne".

Le secrétaire d'Etat américain John Kerry (g) et le ministre des Affaires étrangères russe Sergueï Lavrov, le 12 septembre 2013 à Genève [Larry Downing / Pool/AFP]
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Le secrétaire d'Etat américain John Kerry (g) et le ministre des Affaires étrangères russe Sergueï Lavrov, le 12 septembre 2013 à Genève
 

Lakhdar Brahimi est chargé de préparer une conférence internationale dite Genève 2 pour rechercher une solution politique. Jusqu'à présent sa mission est restée dans l'impasse faute de consensus international et d'accord des belligérants.

Mais dans un communiqué vendredi, l'opposition syrienne s'est inscrite en faux sur l'idée qu'une percée sur les armes chimiques du régime permettrait d'avancer politiquement sur la paix dans le pays, ravagé par une guerre civile depuis plus de deux ans et demi qui a fait plus de 110.000 morts.

"Les promesses faites par le régime syrien" pour mettre sous un contrôle international ses armes chimiques "ne sont que de nouvelles tentatives pour tromper la communauté internationale et l'empêcher de le punir pour ses crimes", a déclaré la Coalition nationale de l'opposition syrienne.

"Il ne peut y avoir de progrès que si la communauté internationale décide de contraindre le régime syrien à respecter ses engagements selon un calendrier précis et lui signifie qu'une action militaire reste d'actualité s'il ne coopère pas", a ajouté la Coalition.

Une femme tient le portrait du président syrien Bachar al-Assad à Damas, le 11 septembre 2013 [Anwar Amro / AFP]
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Une femme tient le portrait du président syrien Bachar al-Assad à Damas, le 11 septembre 2013
 

A Istanbul, l'opposition, en quête de crédibilité sur la scène internationale, a entamé vendredi une réunion de deux jours pour tenter de constituer un gouvernement provisoire.

Le président François Hollande a décidé vendredi "de renforcer le soutien international à l’opposition démocratique pour lui permettre de faire face aux attaques du régime", à l'issue d'une rencontre avec les ministres des Affaires étrangères d’Arabie Saoudite, des Emirats Arabes Unis et de la Jordanie. Aucune précision n'a été donnée sur ce renforcement. Jusqu'à présent, Paris ne fournit que du matériel non létal à l'opposition. Plusieurs pays du Golfe fourniraient en revanche des armes aux rebelles.

Jeudi, le président syrien Bachar al-Assad s'était engagé à envoyer aux Nations unies les documents nécessaires pour signer un accord sur l'interdiction de l'utilisation des armes chimiques, mais avait posé ses conditions : que les Etats-Unis cessent de "menacer" de frappes militaires et "de livrer des armes" aux rebelles. Comme les Etats-Unis, Paris a jugé cet engagement "insuffisant" et ces conditions inacceptables.

 
 

La rencontre de Genève est censée ouvrir une voie diplomatique pour le conflit en Syrie et à repousser une éventuelle action militaire punitive des Etats-Unis et de la France après l'attaque chimique du 21 août qui aurait fait plus d'un millier de morts près de Damas.

Paris a soumis à ses partenaires de l'ONU un projet de résolution qui prévoit un éventuel recours à la force en cas de manquements de Damas à ses obligations de désarmement chimique, mais ce texte est jugé "inacceptable" jusqu'à présent par la Russie.

Le projet de résolution sera discuté lundi à Paris lors d'un déjeuner de travail entre les chefs de la diplomatie française, Laurent Fabius, américaine, John Kerry, et britannique William Hague.

 

 

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