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En l'absence de progrès, le ton monte à Washington

Manifestation devant le Capitole à Washington contre la paralysie budgétaire de l'Etat fédéral, le 4 octobre 2013 [Nicholas Kamm / AFP]

Le secrétaire d'Etat John Kerry a lancé une mise en garde samedi contre le risque d'affaiblissement des Etats-Unis si la crise budgétaire, entrée dans son cinquième jour, se prolongeait, après que le ton est encore monté à Washington entre républicains et démocrates.

"Si cela venait à se prolonger, ou à se répéter, la population pourrait commencer à mettre en doute la volonté des Etats-Unis à maintenir le cap ainsi que son aptitude à le faire. Mais ce n'est pas le cas et je ne pense que cela le sera", a déclaré M. Kerry lors d'une conférence de presse avant l'ouverture, lundi, du sommet de l'Apec (Asie-Pacifique) sur l'île indonésienne de Bali.

M. Kerry représente à ce sommet le président Barack Obama qui a été contraint d'annuler une tournée en Asie en raison de la crise.

Signe de la nervosité ambiante à Washington, la Chambre des représentants et le Sénat devaient siéger samedi pour tenter une nouvelle fois de sortir de l'impasse dans laquelle le Congrès se trouve.

"Ce n'est pas un jeu!", a lancé vendredi le président de la Chambre John Boehner lors d'une conférence de presse, réagissant à une citation d'un responsable de l'administration du président Barack Obama qui, sous couvert de l'anonymat, avait affirmé au Wall Street Journal (WSJ) que "nous (l'exécutif démocrate) sommes en train de gagner" la bataille de cette crise budgétaire.

"Les Américains ne veulent pas de paralysie de leur Etat fédéral, et moi non plus. Tout ce que nous demandons est de nous asseoir, d'avoir une discussion, de rouvrir l'Etat fédéral et d'introduire de l'équité pour les Américains dans +Obamacare+", a tonné M. Boehner, en utilisant le surnom donné à la loi sur l'assurance maladie promulguée en 2010 par le président Obama.

"Je serais heureux de négocier avec les républicains et M. Boehner, mais pas sous la menace", a rétorqué M. Obama, en s'offrant un rare bain de foule impromptu à l'heure du déjeuner: accompagné du vice-président Joe Biden, il est sorti à pied de la Maison Blanche pour acheter des sandwiches dans une boutique voisine.

Interpellé par des journalistes sur l'article du WSJ, M. Obama a répondu que "personne n'est gagnant quand les familles ne savent pas si les salaires seront versés ou non".

M. Obama et ses alliés démocrates, majoritaires au Sénat, ont proposé de négocier formellement sur un budget à long terme mais exigent comme condition le vote par la Chambre, dominée par les républicains, d'une loi de finances de six semaines pour rouvrir l'ensemble des administrations fédérales.

Le président Barack Obama et le vice-président Joe Biden, le 4 octobre 2013 à Washington [Mandel Ngan / AFP]
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Le président Barack Obama et le vice-président Joe Biden, le 4 octobre 2013 à Washington
 

Conséquences internationales

Traduction de ce dialogue de sourds, M. Obama a annulé jeudi soir l'intégralité de la tournée en Asie qu'il devait effectuer la semaine prochaine.

Autre conséquence de cette crise à l'international, l'Union européenne a annoncé vendredi que le deuxième round des négociations avec les Américains sur la mise en place d'un accord de libre-échange, qui devait débuter lundi, avait été annulé.

Le département d'Etat a d'ailleurs mis en garde vendredi contre "les conséquences négatives sur notre posture à l'étranger" de cette paralysie, sa porte-parole adjointe Marie Harf égrenant lors de son point de presse des titres critiques ou moqueurs de journaux au Mexique, en Inde, à Taïwan ou en Espagne.

Et le porte-parole de la Maison Blanche Jay Carney a assuré vendredi que les services du Trésor chargés de faire appliquer les sanctions économiques américaines, notamment contre l'Iran ou la Syrie, "n'étaient plus capables d'assurer leurs fonctions de base" faute de personnel.

Faute d'un accord sur le budget au Congrès, les administrations centrales des Etats-Unis sont partiellement fermées depuis mardi matin 04H00 GMT, et quelque 900.000 fonctionnaires fédéraux, soit 43% des effectifs, ont été mis d'office en congés sans solde, selon les chiffres du site GovExec.

Deux importants fournisseurs du Pentagone, le groupe de défense américain Lockheed Martin et le groupe industriel UTC ont annoncé qu'ils mettraient en congé sans solde des milliers de personne dès lundi.

Les troupes de M. Boehner, opposées à la réforme de l'assurance-maladie dont un volet crucial est entré en vigueur mardi, refusent de voter un budget qui n'en supprimerait pas le financement.

 
 

Si le Congrès n'y donne pas son feu vert, les Etats-Unis risqueront de se retrouver en défaut de paiement à partir de cette date, une situation sans précédent et "potentiellement catastrophique" selon le Trésor. Cette perspective a provoqué une nervosité grandissante des marchés boursiers mondiaux au cours de la semaine.

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