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Asie-Pacifique: duel Etats-Unis-Chine pour la domination du commerce

Au premier plan à droite, le président chinois Xi Jinping, entouré d'autres dirigeants, au sommet de l'Apec, le 8 octobre 2013 à Nusa Dua en Indonésie [Dennis M. Sabangan / Pool/AFP] Au premier plan à droite, le président chinois Xi Jinping, entouré d'autres dirigeants, au sommet de l'Apec, le 8 octobre 2013 à Nusa Dua en Indonésie [Dennis M. Sabangan / Pool/AFP]

Les Etats-Unis poussaient les feux en vue de la conclusion rapide d'une vaste zone de libre-échange, mardi au sommet de l'Asie-Pacifique, trouvant cependant sur leur chemin une Chine enhardie par l'absence du président Barack Obama.

Le "forum de Coopération économique pour l'Asie-Pacifique" (Apec), dont le sommet annuel s'achève mardi sur l'île indonésienne de Bali, a pour ambition à terme de lever les obstacles au commerce pour l'ensemble des 21 Etats-membres, qui représentent plus de la moitié de la richesse mondiale.

Mais deux projets de libre-échange se font concurrence.

D'un côté, les Etats-Unis entendent faire signer d'ici à la fin de l'année le Partenariat trans-Pacifique (TPP). Ce projet regrouperait 12 pays de la zone, à l'exception notable de la Chine.

Pékin n'exclut pas totalement de rejoindre un jour le TPP mais lui préfère un projet concurrent exclusivement asiatique, réunissant 16 pays, sans les Etats-Unis. Cette initiative est défendue par l'Association des nations d'Asie du Sud-Est (Asean) et sera au coeur des discussions lors de son sommet qui s'ouvrira à Brunei mercredi, juste avant celui de l'Asie de l'Est dans le même sultanat.

"La Chine va s'engager dans l'édification d'un cadre de coopération régionale trans-Pacifique qui soit bénéfique à l'ensemble des parties", a souligné le président chinois Xi Jinping lundi au premier jour du sommet de l'Apec.

Cette remarque est une critique directe à l'encontre du TPP, selon les médias officiels chinois.

Le TPP est "largement considéré comme un nouvel effort des Etats-Unis en vue de dominer l'économie de l'Asie-Pacifique", écrit le China Daily.

Dans un discours lundi à l'Apec, en grande partie consacré au TPP, le secrétaire d'Etat américain John Kerry a tenté de convaincre ses partenaires, tout en essayant de pallier l'absence de Barack Obama, retenu par la crise budgétaire chez lui. La venue du président avait été programmée dans le but qu'il pèse de tout son poids pour faire avancer le projet.

"Il nous faut des règles modernes dans un monde en changement, des règles qui puissent suivre la vitesse à laquelle vont les marchés aujourd'hui", a estimé M. Kerry, en référence aux "normes d'or" que le TPP voudrait imposer au commerce trans-Pacifique, notamment en matière de propriété intellectuelle.

M. Kerry devait rencontrer dans l'après-midi à Bali, en marge de l'Apec, les représentants des onze autres pays parties prenantes aux négociations sur le TPP.

Le partenariat, qui veut regrouper 40% du PIB mondial, doit réunir l'Australie, Brunei, le Canada, le Chili, les Etats-Unis, le Japon, la Malaisie, le Mexique, la Nouvelle-Zélande, le Pérou, Singapour et le Vietnam.

Mais l'empressement américain a froissé l'Indonésie, pays hôte du sommet mais qui ne veut pas se joindre au TPP.

"Cela nous dérange en fait. L'une des raisons, et c'est la moindre des choses, est que nous ne souhaitons pas que cela fasse de l'ombre aux travaux de l'Apec", a expliqué à l'AFP un responsable gouvernemental indonésien sous couvert de l'anonymat.

De ce fait, la réunion du TPP devra avoir lieu après la conclusion de l'Apec, dans l'après-midi, et en dehors du centre de congrès où se tient le sommet.

Face à ces dissensions, des responsables ont émis le doute que le TPP puisse être approuvé avant la fin de l'année, comme le souhaite Washington.

"C'est un calendrier très serré", a ainsi lâché dimanche le Premier ministre malaisien Najib Razak. "Notre sentiment est que cela pourrait prendre plus longtemps", a-t-il prévenu.

Les efforts de Washington souffrent de l'absence de M. Obama. L'annulation de sa venue, à la dernière minute, a semé le doute sur son aptitude à réaliser sa promesse de faire de l'Asie le "pivot" de sa politique étrangère.

M. Kerry, qui tente de remplacer son président à Bali, a juré de ses grands Dieux que "rien ne pourra saper l'engagement du président Obama envers un rééquilibrage vers l'Asie".

Mais cela n'a pas empêché le président Xi de sauter sur la chaise vide laissée par M. Obama. M. Xi a largement volé la vedette lors du sommet de l'Apec, notamment avec un discours phare très remarqué lundi où il a loué les mérites de la grande "famille" de l'Asie-Pacifique, "unie et prospère".

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