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Le président Zeman au centre des tractations

Le président tchèque Milos Zeman, le 25 juin 2013 à Prague [Michal Cizek / AFP/Archives] Le président tchèque Milos Zeman, le 25 juin 2013 à Prague [Michal Cizek / AFP/Archives]

Le président tchèque Milos Zeman, un vétéran de la gauche, se retrouve au centre des tractations pour la formation d'une future coalition gouvernementale après la courte victoire des sociaux-démocrates (CSSD) aux législatives devant les populistes d'ANO.

"Le résultat non-conclusif des élections renforce le président Zeman qui assume le rôle d'un acteur principal", a déclare à l'AFP le politologue Jiri Pehe.

Le CSSD est certes arrivé en première position à l'issue du scrutin de vendredi et samedi, mais son résultat étriqué (20,45%), synonyme de l'incapacité de former une majorité de gauche, n'est qu'une victoire à la Pyrrhus pour son chef Bohuslav Sobotka.

Ce dernier qui avait refusé de soutenir M. Zeman lors de la présidentielle de 2003, est mal vu du président qui attise les tensions au sein du CSSD en soutenant son vice-président Michal Hasek.

Au lendemain des élections, la présidence du CSSD au sein de laquelle les partisans de M. Hasek sont majoritaires, a appelé M. Sobotka à "assumer sa responsabilité personnelle et politique, en démissionnant immédiatement".

La présidence a aussi exclu M. Sobotka de l'équipe chargée de négocier la formation du futur gouvernement, alors que M. Hasek a tenu en catimini une rencontre avec... le président Zeman.

"C'est sûr qu'il n'ont pas parlé de football", a noté M. Pehe, selon qui le président a joué un "rôle actif" dans cette tentative de destituer M. Sobotka, 42 ans, qui refuse cependant de se soumettre à cette pression et lance une contre-offensive.

"C'est moi le chef du CSSD, c'est moi qui négocierai le gouvernement. Je condamne le putsch de Michal Hasek, qui détruit le CSSD", a-t-il lancé lundi soir, au cours d'une manifestation de plusieurs centaines de ses partisans sur le parvis du Château de Prague, siège officiel du chef de l'Etat.

M. Sobotka insiste sur son droit de mener les tractations post-électorales avec les deux autres composantes de la future coalition pressentie, le mouvement ANO de l'homme d'affaires Andrej Babis et les chrétiens-démocrates (KDU-CSL).

Ces trois partis disposent ensemble d'une confortable majorité de 111 des 200 sièges au sein de la future Chambre basse, dont la réunion constitutive est prévue seulement le 25 novembre.

La démission de M. Sobotka "déstabiliserait la situation", a estimé M. Babis, dont le mouvement, arrivé en deuxième position aux élections, est incontournable. Le chef du KDU-CSL, Pavel Belobradek, semble préférer lui aussi l'actuel chef du CSSD aux "putschistes".

La direction du CSSD se réunira dimanche 10 novembre pour tenter de mettre fin au spectre de la division interne.

"Si M. Sobotka parvient à défendre sa position à l'issue de cette réunion, il infligera une grave défaite à Milos Zeman", analyse M. Pehe, selon qui le président ne restera sûrement pas les bras croisés dans l'attente du 10 novembre.

"A mon avis, M. Zeman tentera avant cette réunion d'influencer d'une manière ou autre l'opinion publique qui semble être du côté de M. Sobotka", estime-t-il.

Le président n'a toutefois aucun intérêt à se dépêcher, car c'est son "gouvernement d'experts" qui reste au pouvoir en attendant. Dirigé par l'économiste de gauche Jiri Rusnok, il est composé de ministres officiellement sans étiquette mais généralement jugés proches du président.

Ce cabinet intérimaire avait remplacé le gouvernement de centre droit de Petr Necas, tombé en juin à la suite de sa politique impopulaire d'austérité et d'une série de scandales.

"Si les partis n'arrivent pas à se mettre d'accord sur une majorité, le président pourra taper du poing sur la table et former à nouveau son propre cabinet pour lequel il cherchera du soutien à travers le spectre politique", selon M. Pehe.

M. Zeman a d'ores et déjà prévenu que la formation du nouveau gouvernement allait prendre au moins "deux ou trois mois".

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