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Bloomberg, fin de règne à la New York

Le maire sortant de New York, Michael Bloomberg, le 31 octobre 2013 à New York [Ben Gabbe / Getty Images/AFP] Le maire sortant de New York, Michael Bloomberg, le 31 octobre 2013 à New York [Ben Gabbe / Getty Images/AFP]

Dans ses bureaux, une horloge électronique égrène le temps restant jusqu'à son départ. Après 12 ans passés à diriger New York d'une main de fer, son maire milliardaire Michael Bloomberg s'apprête à passer le relais.

Son successeur sera élu le 5 novembre et prendra ses fonctions le 1er janvier. Mais jusqu'au bout, Michael Bloomberg, 71 ans, petit homme souvent cassant, bourreau de travail qui dit ne pas avoir pris un jour de vacances depuis qu'il dirige la plus grande ville américaine, semble déterminé à ne pas perdre une minute.

Deux tiers des électeurs new-yorkais, selon les sondages, aspirent à un changement de direction, désormais incarné par le démocrate Bill de Blasio, résolument ancré à gauche. Mais quand on les interroge sur le bilan de M. Bloomberg, fondateur du groupe financier du même nom qui avait pris ses fonctions trois mois et demi après le 11-Septembre, ils ne sont que 18% à dire qu'il a fait du mauvais travail, selon un sondage pour le Wall Street Journal et NBC en octobre.

Durant ses trois mandats, New York s'est profondément transformée. Elle est devenue, selon M. Bloomberg qui adore aligner les statistiques, "la plus sûre des grandes villes" américaines, avec des meurtres au plus bas depuis 50 ans (649 en 2001, 266 jusqu'à présent cette année). Les touristes n'y ont jamais été aussi nombreux (52 millions l'an dernier), l'espérance de vie y a augmenté de 2 ans et demi en 12 ans. Des centaines d'hectares d'espaces verts y ont été aménagés, des milliers de vélos en libre-service ont envahi les rues, des petites places avec mobilier urbain ont été installées pour les piétons... Et des tours de luxe, toujours plus hautes et plus chères, continuent à s'y construire pour les millionnaires.

Certains New-Yorkais en veulent encore à Michael Bloomberg, politicien improbable, démocrate, puis républicain, puis indépendant, d'avoir changé la loi pour pouvoir briguer un 3e mandat en 2009. D'autres lui reprochent son autoritarisme en termes de santé publique. L'une de ses premières mesures en 2002 avait été d'interdire de fumer dans les bars et restaurants, et il n'a pas renoncé à limiter la taille des sodas individuels.

D'autres comme Bill de Blasio dénoncent les inégalités - les plus importantes des Etats-Unis - qui se sont encore creusées, avec des riches toujours plus richissimes, et l'accusent d'avoir surtout gouverné pour ces riches, aux dépens des plus pauvres. La ville compte un nombre record de 50.900 SDF, dont 21.300 enfants.

Michael Bloomberg, qui pilote son hélicoptère, et aime passer le weekend dans l'une de ses résidences secondaires aux Bermudes où il se rend en avion privé, dénonce froidement cette "rhétorique de campagne" selon laquelle il n'aurait pas fait assez pour les pauvres. Il rétorque que s'il le pouvait, il ferait venir tous les milliardaires à New York "car c'est d'eux que viennent les revenus pour prendre soin des autres".

Premières vacances en 12 ans

Car "qui paye nos impôts", les écoles, la police ? questionne-t-il. "Ce sont les riches" expliquait-il récemment à New York Magazine, en soulignant que la ville dépensait chaque année 22.000 dollars par élève, un record aux Etats-Unis. "Nous avons aussi créé environ 300.000 emplois" pour les plus démunis, ajoutait-il.

Philanthrope de longue date, riche d'une fortune de 31 milliards, il entend désormais consacrer cet immense patrimoine aux causes qui lui sont chères, la lutte contre les armes à feu, l'immigration, l'innovation, le gouvernement, la santé publique.

Il ne veut plus un travail 24 heures sur 24, sept jours sur sept, n'envisage pas de retourner chez Bloomberg LP, mais prévoit de continuer à travailler sur les risques climatiques.

Et il est récemment devenu président du conseil d'administration de ce qu'il a appelé "un petit musée d'avant-garde à Londres, la Serpentine gallery".

"Ces choses mèneront à d'autres choses", a-t-il confié au magazine Forbes, en citant deux exemples selon lui de transition réussie, celles de l'ancien président Bill Clinton et du co-fondateur de Microsoft Bill Gates, l'homme le plus riche au monde, tous les deux à la tête de puissantes fondations travaillant au développement.

Mais le 2 janvier, cet hyper-discipliné partira d'abord quelques jours en vacances, ses premières en 12 ans, à Hawaï et en Nouvelle-Zélande pour jouer au golf.

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