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Chaos après le passage d'Haiyan aux Philippines

La côte à Tacloban, après le passage du typhon, le 10 novembre 2013 [Ted Aljibe / AFP] La côte à Tacloban, après le passage du typhon, le 10 novembre 2013 [Ted Aljibe / AFP]

Le bilan d'un des plus violents typhons à avoir touché terre s'est brusquement aggravé dimanche, les autorités philippines évoquant désormais des milliers de morts et de disparus, alors que des rescapés dépouillent les morts et attaquent des magasins, dans l'attente d'une aide difficile à acheminer.

 

Deux îles du centre de l'archipel, Leyte et Samar, qui se trouvaient pile dans la trajectoire de Haiyan quand il a frappé vendredi à l'aube, sont particulièrement affectées.

A Tacloban, une ville côtière de Leyte, Edward Gualberto titube sur des cadavres pour récupérer dans les décombres d'une maison effondrée des boites de conserves. Plus loin, une boucherie miraculeusement épargnée par la tempête est attaquée par la foule, devant son propriétaire impuissant.

 

Des survivants à Tacloban, le 10 novembre 2013 [Ted Aljibe / AFP]
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Des survivants à Tacloban, le 10 novembre 2013
 

Et un convoi d'aide de la Croix-Rouge a été pillé, à proximité de la ville. Les forces de l'ordre sont quasiment absentes.

Dans un décor de fin du monde, des files d'hommes, de femmes et d'enfants avancent le long des routes, le nez recouvert d'un tissu pour masquer l'odeur pestilentielle des cadavres.

Un haut responsable de la police de Tacloban, Elmer Soria, a évoqué dimanche devant la presse le nombre de 10.000 morts sur Leyte. Sur Samar, point d'entrée du typhon dans le pays vendredi à l'aube, 300 décès sont confirmés dans la petite ville de Basey, et 2.000 personnes sont portées disparues dans toute l'île, a indiqué Leo Dacaynos, membre du conseil de gestion des catastrophes, à la radio DZBB.

Des dizaines de morts ont également été annoncées dans d'autres villes et provinces ravagées par le super typhon, qui s'avançait sur un front de 600 kilomètres.

De nombreuses localités restaient coupées du monde, alors que les autorités semblaient dépassées par l'ampleur de la catastrophe et le nombre de survivants à secourir.

Un paysage qui évoque le tsunami de 2004

Le corps d'un homme gît à Tacloban, le 10 novembre 2013 [Noel Celis / AFP]
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Le corps d'un homme gît à Tacloban, le 10 novembre 2013
 

Quartiers rasés, terrains jonchés de débris, pylônes électriques arrachés, voitures renversées, corps gisant sur le sol et survivants hébétés dans les rues : le paysage évoquait pour certains les destructions causées par le tsunami en Asie en décembre 2004.

"Ce sont des destructions massives (...) La dernière fois que j'ai vu quelque chose de cette ampleur, c'était à la suite du tsunami dans l'océan Indien" qui avait fait 220.000 morts, a déclaré à Tacloban Sebastian Rhodes Stampa, chef de l'équipe de l'ONU chargée de la gestion des désastres.

L'aide tarde à arriver. A Tacloban, Emma Bermejo, propriétaire d'une petite pâtisserie, évoque des scènes d'"anarchie".

"Il n'y a aucun membre des forces de l'ordre, l'aide met trop de temps à arriver. Les gens sont sales, affamés et assoiffés. Encore quelques jours et ils vont commencer à s'entretuer", assure-t-elle.

Infographie localisant la trajectoire du typhon  [ / AFP]
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Infographie localisant la trajectoire du typhon
 

Face à l'ampleur de la catastrophe, plusieurs pays ont proposé leur secours, des Etats-Unis à l'Australie, en passant par la Communauté européenne et l'ONU. Le pape a recommandé des prières mais aussi "une aide concrète". Il a demandé le silence aux 60.000 fidèles rassemblés sur la place Saint-Pierre dimanche.

Chaque année, les Philippines sont frappées par une vingtaine de grosses tempêtes ou de typhons, entre juin et octobre. L'archipel est la première terre sur la trajectoire de ces phénomènes météorologiques qui se forment au-dessus du Pacifique.

Typhons, séismes, éruptions volcaniques... le pays subit régulièrement les foudres de la nature, avec presque à chaque fois un bilan d'autant plus meurtrier que la nation est pauvre et gangrénée par la corruption.

Si le bilan des plus de 10.000 morts se vérifie, Haiyan sera la catastrophe naturelle la plus grave de l'histoire récente des Philippines. La précédente date de 1976, lorsqu'un séisme et un tsunami avaient causé la mort d'entre 5.000 et 8.000 personnes sur Mindanao, une île du sud.

Après avoir semé la désolation aux Philippines, Haiyan volait vers le Vietnam, qu'il devrait atteindre lundi matin. Mais le typhon s'est affaibli au-dessus de la mer de Chine du Sud et pourrait être rétrogradé en niveau 1 avant son arrivée.

Le Vietnam n'en a pas moins évacué plusieurs centaines de milliers de personnes, dans le centre du pays, puis plus au nord dimanche après un changement de trajectoire de la tempête qui pourrait aussi provoquer pluies diluviennes et inondations dans la capitale.

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