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Yves Meaudre : "Reconstruire une maison revient à 125 euros"

Yves Meaudre, directeur général de l'ONG "Enfants du Mekong" appelle à la solidarité pour les rescapés du typhon qui a frappé les Philippines [Antoine Besson / Enfants du Mekong]

Plus de deux semaines après le passage du typhon Haiyan qui a ravagé les Philippines l'heure est au bilan et à la reconstruction. Alors que le soufflé médiatique retombe déjà, Yves Meaudre, directeur général d'Enfants du Mékong - ONG présente sur place depuis longtemps - appelle à la mobilisation des énergies et de la générosité.

 

  Yves Meaudre, directeur général d'Enfants du Mékong (DR)

 

Avons-nous vraiment pris conscience de l'ampleur de la catastrophe qui a frappé les Philippines ?

Quand on ne vit pas dans sa propre chair le drame des autres on a du mal à comprendre l’extrême désarroi de ce que vivent nos amis philippins dans ce genre de cataclysme. Aussi est-il si important de répondre par des gestes très simples : envoyer un mot, donner  si peu soit-il, ce qui veut dire « Ce qui t’arrive me touche ».

 

Pourquoi la question des enfants vous semble t-elle particulièrement préoccupante ?

Parce que dans ces circonstances l’enfant est le plus exposé. Un bébé ne résiste pas à une journée de déshydratation, un enfant de cinq ans résiste trois fois moins qu’un adulte. Dans un tel chaos la plus grande difficulté dans ces régions où les enfants vivent dehors, où les parents travaillent loin en mer c’est la protection de l’enfant. Le plus grave est le risque très actuel du trafic d’enfants soit pour la prostitution soit pour le prélèvement d’organes. Le Père Shay Cullen a alerté les ONG. Ce désordre extrême profite aux mafias.

 

Vous attendez-vous à un relâchement rapidement des élans de solidarité internationale ?

Oui bien sûr, il se fait déjà sentir. L’opinion publique réagit à l’actualité. Il n’y a aucun jugement de valeur à porter sur le caractère émotif de l’engagement. C’est à nous de nous organiser pour assurer la fidélité à ces familles très pauvres mais courageuses. Pour qu’une aide soit féconde il faut le temps. EDM gère sur le temps.

 

 

 

Les Philippines sont un terrain particulièrement connu d'EDM : quel était votre dispositif sur place ?

Nous sommes depuis 18 ans aux Philippines pour scolariser l’enfant pauvre. Nous travaillons en priorité dans les bidonvilles ou dans les îles les plus démunies aussi est ce la raison de notre présence à Samar et à Leyté impactées par le typhon. 40% des slum people de Manille viennent de ces deux îles.

Sur 155 programmes avec 50 enfants chacun, nous en avons 55 rien que pour ces deux îles tellement les besoins sont criants. Nous avons un responsable philippin par programme, aidé par 17 « bambous », c’est-à-dire 17 volontaires européens de solidarité internationale. Nous construisons les écoles et par le parrainage personnalisé nous permettons à ces   enfants de suivre une scolarité jusqu’à l’université. Nous avons des foyers où le jeune est suivi par des professeurs de notre ONG et nos volontaires qui les poussent dans leurs études.

 

Comment vous aider concrètement ?

Des choses très concrètes... Pour reconstruire une maison il faut 550 €, après défiscalisation cela revient à 125€,  racheter un bateau : 1.000 € soit 293 €, un cochon 140€ soit 35€, un parrainage 24€ par mois pour envoyer un enfant à l’école soit 6€.

 

Pourquoi vous plutôt qu'une autre ONG ?

Il n’ ya pas de concurrence. Les besoins sont trop considérables. Nous avons aidé les urgentistes par notre connaissance intime des populations impactées. Nous traçons les dons confiés au centime près. Pour rendre un(e) filleul(e)autonome il faut 15 ans, nous nous inscrivons dans la durée. Nous sommes une immense famille. 

L’important est surtout que les lecteurs ne disent pas  « A quoi bon ? », ce qui vitrifie toutes les générosités. Un simple geste si petit soit-il dit à celui qui est dans le désarroi dit : « Je  pense à toi. »

 

 

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