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UE: La Serbie sur la route "semée d'embuches" de l'adhésion

Le président de la commission européenne Jose Manuel Barroso (à d.) et le premier ministre serbe Ivica Dacic à Bruxelles le 21 janvier 2014 [John Thys / AFP] Le président de la commission européenne Jose Manuel Barroso (à d.) et le premier ministre serbe Ivica Dacic à Bruxelles le 21 janvier 2014 [John Thys / AFP]

La Serbie a franchi mardi une étape symbolique mais décisive dans son rapprochement avec l'Union européenne mais les négociations d'adhésion qui débutent s'annoncent ardues en raison des divergences sur le Kosovo.

"C'est un jour historique pour la Serbie", probablement "le plus important depuis la Deuxième Guerre mondiale", a lancé le Premier ministre serbe, Ivica Dacic.

"Quelle fierté de voir le drapeau serbe flotter à Bruxelles!", a renchéri le vice-Premier ministre Alexandre Vucic après le lancement officiel des négociations d'adhésion.

Les deux dirigeants serbes se sont montrés très optimistes en fixant à 2018 la fin du processus d'accession et à 2020 l'entrée de leur pays "dans la grande famille européenne".

"Nous savons que la route ne sera pas simple et qu'elle sera semée d'embûches, mais nous sommes prêts à relever les défis", a affirmé M. Dacic.

A Bruxelles, les experts jugent que quatre années ne seront pas suffisantes pour mener à bien le processus, complexe et technique, menant à l'adhésion, d'autant que les critères ont été durcis ces dernières années.

"Il a fallu plus de huit ans pour la Croatie", devenue en juillet 2013 le 28e membre de l'UE, rappelle un diplomate.

En attendant, les dirigeants serbes se félicitent du changement de regard porté par le reste de l'Europe sur leur pays, traité comme un paria après les conflits de Bosnie et du Kosovo des années 1990.

"leader de l'intégration"

"Lorsqu'on parle aujourd'hui de la Serbie, c'est en des termes positifs et encourageants", s'est félicité M. Dacic.

"La Serbie est passée du rôle de franc-tireur régional à celui de leader de l'intégration", a récemment salué Jelko Kacin, auteur d'un rapport sur ce pays au Parlement européen.

L'image de Belgrade s'est nettement améliorée avec l'accord jugé "historique" du printemps 2013 sur la normalisation des relations avec le Kosovo, son ancienne province à majorité albanaise.

Le président serbe Tomislav Nikolic (à d.) et le commissaire européen à l'Elargissement Stefan Fuele à Belgrade le 18 juillet 2013 [Andrej Isakovic / AFP/Archives]
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Le président serbe Tomislav Nikolic (à d.) et le commissaire européen à l'Elargissement Stefan Fuele à Belgrade le 18 juillet 2013

L'ouverture des négociations d'adhésion est "la reconnaissance des efforts consentis durant plusieurs années par la Serbie", notamment vis à vis du Kosovo, a souligné le commissaire à l'Elargissement, Stefan Füle.

Mais il a aussitôt appelé à "la poursuite de ces efforts" sur ce dossier sensible au sein même de l'UE, dont cinq pays ne reconnaissent pas l'indépendance du Kosovo proclamée en 2008.

Belgrade reste aussi sur cette ligne et "personne n'a exigé que nous changions de position", a insisté M. Dacic.

Dossiers difficiles

Il a rappelé s'être déplacé "vingt fois" à Bruxelles pour y négocier avec son homologue kosovar, Hashim Thaçi, sous l'égide de l'UE. La prochaine rencontre est prévue le 27 janvier.

En attendant des avancées sur ce dossier, les pourparlers UE-Serbie débuteront par des dossiers particulièrement difficiles, portant sur la justice, l'Etat de droit, la lutte contre la corruption et les droits fondamentaux.

"La nouvelle phase sera extrêmement exigeante", a souligné M. Füle.

La Serbie affiche en effet des retards dans ce domaine et ne se place qu'à la 72e place dans "l'indice de perception de la corruption" de l'ONG Transparency International.

Parmi les autres défis à relever par Belgrade pour répondre aux critères fixés par les 28 figurent la réforme d'un secteur public pléthorique et la restructuration d'une économie sinistrée.

Le déficit budgétaire est supérieur à 7% du PIB pour la quatrième année consécutive, la dette dépasse les 60% du PIB et le chômage atteint 20%.

A Bruxelles, les experts s'inquiètent par ailleurs des signes d'instabilité politique à Belgrade, qui pourraient déboucher sur des élections législatives anticipées au printemps, moins de deux ans après la formation du gouvernement Dacic.

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