Alors qu'un accord semble avoir été trouvé en Ukraine après un bain de sang à Kiev, le Venezuela s'enfonce lui aussi dans la crise. Depuis deux semaines, le pays est le théâtre de manifestations étudiantes et d'affrontements violents avec les forces de l'ordre. Quatre personnes sont décédées.
Le Venezuela, l'autre Ukraine ? Depuis deux semaines, le Venezuela est le théâtre de manifestations quotidiennes d'étudiants appuyés par les opposants au président Nicolas Maduro. Comme à Kiev, les manifestations tournent régulièrement à l'affrontement violent avec les forces de l'ordre. Quatre personnes sont décédées depuis le début de la crise. La dernière victime est Génésis Carmona une jeune étudiante et Miss Tourisme de 21 ans.
L'origine du mouvement
La première manifestation date du 4 février dans la ville de San Cristobal (ouest du pays). Ce jour-là, des étudiants manifestent contre l'insécurité après une tentative de viol sur le campus universitaire. Le mouvement s'est ensuite propagé à d'autres villes du pays.
Le Venezuela est l'un des plus violents pays d'Amérique latine. Selon l'Observatoire vénézuélien de la violence (OVV), le taux d'homicides y serait de 79 pour 100.000 habitant.
Au fil des manifestations, des revendications sociales se sont ajoutées et les partis d'opposition ont gonflé les rangs des étudiants. Le pays est, en effet, dans une situation économique critique. L'inflation atteint un niveau record et ne cesse d'augmenter (plus de 56% en 2013) tandis que les pénuries se multiplient. Ce, alors que le Venezuela possède la plus grande réserve de pétrole prouvée.
Des protestations étudiantes aux affrontements violents
Très rapidement après le début du mouvement de contestation, les violences ont commencé. Les premiers incidents remontent au 6 février lorsque des individus masqués ont attaqué le siège du gouvernement d'Etat de Tachira à coups de pierres et de cocktails Molotov.
Depuis, à la tombée de la nuit chaque manifestation tourne à l'affrontement entre ces groupes radicaux et les forces de la police antiémeute. Ces dernières n'hésitent pas à faire usage de canons à eau, de gaz lacrymogènes et de tirs au plomb tandis que civils érigent des barricades en feu et lancent des projectiles.
Sur Twitter, de nombreuses photos témoignent de cette situation explosive.
This is Venezuela right now. Let's all pray for our Latin American brothers and sisters. pic.twitter.com/soc8xZQrig
— Aston Martin (@Hugo__Awesome) 21 Février 2014
While everyone's talking about Ukraine, this is what's happening in Venezuela: http://t.co/XvEMKPGpDv pic.twitter.com/siaH6e4bMi
— RYOT NEWS (@RYOTnews) 21 Février 2014
En outre, l'opposition accuse des individus armés favorables au gouvernement de s'être infiltrés dans le mouvement de contestation pour créer de la confusion.
Crise politique
Au-delà des violences, cette contestation a tourné au rejet du président Nicolas Maduro. Certains mouvements politiques d'opposition espèrent tirer profit de la situation pour faire tomber le successeur d'Hugo Chavez, élu de justesse en avril.
Leopoldo Lopez, fondateur du parti de droite Voluntad Popular est l'un des principaux acteurs de la mobilisation. Recherché après la manifestation du 12 février qui a fait trois morts, il s'est rendu aux autorités puis a été emprisonné. S'il a échappé aux poursuites pour homicides, il est accusé "d'incendie volontaire, d'incitation à la violence, de dommages sur des biens publics et d'association de malfaiteurs".
© AFP
Comme le président ukrainien, Nicolas Maduro a qualifié le mouvement de tentative de coup d'état. Jeudi, il a ordonné l'envoi d'un bataillon de parachutistes à San Cristobal, épicentre de la protestation.
Tensions diplomatiques
A cette crise nationale, s'est ajoutée une nouvelle tension sur le front diplomatique.
Mercredi, le président américain Barack Obama a condamné "les violences inacceptables" et appelé le gouvernement vénézuélien à libérer les manifestants arrêtés. En retour, Nicolas Maduro a accusé les Etats-Unis "d'ingérence" et menacé la bloquer la diffusion de la chaîne américaine CNN qui fait de la "propagande".
En début de semaine, le président contesté avait ordonné l'expulsion de trois agents consulaires américains, pour conspiration et soutien aux manifestants.
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