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Nouveaux affrontements à Caracas, arrestation d'opposants

Des policiers anti-émeute prennent position lors d'une manifestation contre le président vénézuélien Nicolas Maduro à Caracas le 22 mars 2014 [Juan Barreto / AFP]
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Des affrontements ont opposé samedi soir à Caracas des manifestants à la police à l'issue d'une nouvelle mobilisation de l'opposition qui a rassemblé des milliers de personnes contre la "dictature" du président Nicolas Maduro.

Dans l'intérieur du pays, trois personnes ont été tuées par des hommes armés qui seraient liés au régime, selon des médias locaux. Ces morts dans les Etats de Tachira, Merica (ouest) et Carabobo (nord) n'ont pas été confirmées de source officielle.

Au moins 31 personnes ont été tuées officiellement en six semaines de protestation contre le gouvernement de Maduro, héritier de l'ancien président socialiste Hugo Chavez.

Les protestations antigouvernementales ont débuté début février à l'initiative d'étudiants contre l'insécurité, l'inflation, les pénuries et les brutalités policières.

Environ 20.000 personnes ont convergé pacifiquement pour un meeting vers l'est aisé de la capitale, bastion de l'opposition. "Pour la liberté, stop à la dictature", pouvait-on lire sur une banderole tendue parmi une multitude de pancartes et de drapeaux vénézuéliens et de partis politiques, ont constaté des journalistes de l'AFP.

Des incidents se sont produits après la dispersion quand un groupe radical a tenté de bloquer une autoroute à proximité. La police a dispersé les protestataires en faisant usage de gaz lacrymogènes et de canons à eaux.

Il s'agit des premiers heurts depuis que les forces de l'ordre ont massivement occupé lundi cette zone de Caracas, tenue par l’opposition.

- 'Notre peuple souffre' -

Cette manifestation a eu lieu quelques jours après l'arrestation de deux maires d'opposition, qui ont rejoint en prison le fondateur du parti Volonté populaire (droite), Leopoldo Lopez, incarcéré depuis un mois.

Ces deux maires - Daniel Ceballos, maire de San Cristobal, capitale de l'Etat de Tachira (ouest), berceau des protestations antigouvernementales, et Enzo Scarano, maire de San Diego (Etat de Carabobo, nord) - ont été arrêtés mercredi, en raison de leur responsabilité dans les troubles qui agitent le pays, selon le ministre de l'Intérieur, Miguel Rodriguez Torres.

"La répression va se poursuivre, maintenant, Ramon Muchacho est menacé", a assuré à l'AFP Arturo Garcia, publicitaire de 41 ans, mentionnant le maire du district aisé de Chacao, dans l'est de la capitale, où se concentrent les opposants.

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Un opposant au président vénézuélien Nicolas Maduro retourne une grenade lacrymogène lors d'une manifestation à Caracas le 22 mars 2014
 

Également présent au rassemblement, le gouverneur Henrique Capriles, deux fois candidat malheureux à la présidence et principale figure de l'opposition.

"Nous sommes venus non seulement au nom de ceux qui sont persécutés mais aussi au nom de notre peuple, qui souffre en ce moment, qui ne trouve ni nourriture ni médicaments", a-t-il déclaré à la presse.

Les protestations se sont étendues ces dernières semaines à plusieurs villes du Venezuela qui ont vu fleurir des barricades improvisées montées par des opposants radicaux, théâtres de nombreux affrontements avec les forces de l'ordre.

Parallèlement samedi, dans le centre-ville de Caracas, à majorité "chaviste", le pouvoir avait organisé une contre-manifestation de soutien, mobilisant une foule d'étudiants.

"Nous sortons manifester contre le fascisme, dire stop à ces barricades assassines", a clamé un des participants à cette manifestation retransmise par la télévision d'État.

Le président Maduro s'est joint à ses partisans dans l'après-midi et s'en est pris à "la droite vénézuélienne qui a dérivé vers des expressions extrémistes néo-fascistes", dénonçant l'incendie de locaux universitaires publics.

"Cela se nomme terrorisme, vandalisme, fascisme. Justice a été rendue et justice continuera d'être rendue", a poursuivi le président, qui se dit victime d'une tentative de coup d'État.

Le gouvernement a ainsi lancé une offensive judiciaire contre plusieurs élus du mouvement radical "La Salida" ("La Sortie") qui vise à obtenir la chute du président Maduro. Deux dirigeants de ce parti ont été mis en accusation pour "incitation à la violence, trahison, terrorisme et homicide".

La fermeté du gouvernement tranche avec son apparente volonté de dialogue avec l'opposition qu'il a invitée à la table des négociations pour trouver une issue à cette crise.

Elu de justesse en avril 2013 à la tête de ce riche Etat pétrolier dans la foulée du décès du charismatique Hugo Chavez, M. Maduro affirme être confronté à une "tentative de coup d'Etat", soutenue par la droite, les Etats-Unis et les milieux économiques.

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