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Le Japon renonce à sa prochaine campagne baleinière dans l'Antarctique

Photo d'archives non datée, transmise le 7 février 2008, montrant une baleine capturée par un navire japonais dans l'océan Antarctique [ / Douanes australiennes/AFP/Archives] Photo d'archives non datée, transmise le 7 février 2008, montrant une baleine capturée par un navire japonais dans l'océan Antarctique [ / Douanes australiennes/AFP/Archives]

Contraint et forcé par la justice internationale, le Japon a annoncé jeudi qu'il renonçait à sa prochaine campagne de pêche à la baleine dans l'Antarctique, une première depuis 27 ans. Mais le feuilleton n'est pas fini pour autant.

Conformément à l'avis rendu lundi par la Cour internationale de justice (CIJ), la plus haute instance judiciaire de l'ONU, l'Agence des pêches japonaise a indiqué qu'elle annulait sa prochaine expédition annuelle qui aurait dû démarrer cet hiver pour deux ou trois mois.

"Mais nous prévoyons de poursuivre le programme de recherche baleinier ailleurs comme prévu", a expliqué un responsable de l'agence à l'AFP.

Le Japon se plie donc, visiblement de mauvaise grâce, à la justice internationale mais n'entend pas pour autant baisser pavillon: interdit d'Antarctique, il continuera de pêcher les baleines dans le Pacifique nord.

La CIJ avait estimé lundi que le Japon déguisait une activité commerciale en programme de recherche scientifique.

Alors que Canberra jubile (c'est l'Australie qui en 2010 avait assigné Tokyo devant la CIJ), le Japon ne cache pas sa déception.

"C'est dommage et je suis très déçu", a déclaré M. Abe.

"Je vais me conformer à cet arrêt", a toutefois ajouté le très nationaliste chef du gouvernement, on ne peut plus sourcilleux sur les questions de souveraineté.

Car, même si les Japonais mangent de moins en moins de viande de baleine et ne sont pas tous derrière leur flotte, beaucoup vivent toutefois mal les campagnes anti-Japon menées par des écologistes et gouvernements étrangers.

"Jusqu'ici, la population ne s'est pas fortement mobilisée pour la pêche à la baleine, en fait les gens sont surtout anti-anti", estime le chercheur Jeffrey Kingston, de l'Université Temple de Tokyo.

Et bien que, selon lui, "l'Agence des Pêches et ses relais politiques au Parlement ont subi une humiliation et un très gros revers", il ne prédit pas pour autant un "sursaut nationaliste" après la décision de la CIJ.

- Prétexte -

"Tout le monde savait depuis longtemps que l'appellation "pêche scientifique" n'était qu'un prétexte à une chasse commerciale", ajoute-t-il, estimant que, au bout du compte, cette stratégie s'est retournée contre le pays comme un boomerang... australien.

Des pêcheurs japonais découpent de la viande de baleine dans le port de Wada, à l'est de Tokyo, le 25 juin 2008 [Yoshikazu Tsuno / AFP/Archives]
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Des pêcheurs japonais découpent de la viande de baleine dans le port de Wada, à l'est de Tokyo, le 25 juin 2008

Depuis des années, les baleiniers nippons n'ont pas été lâchés d'une semelle par les navires des écologistes de Sea Shepherd qui les ont harcelés à chaque campagne et ont battu le tambour médiatique avec efficacité, vidéos à l'appui.

Pendant ce temps là, le Japon restait arc-bouté sur "sa" pêche scientifique, même si certains mettaient aussi en avant la culture et la tradition, tel Yoshimasa Hayashi, le ministre de l'Agriculture et de la pêche.

Originaire d'un grand port baleinier de l'ouest du pays, M. Hayashi dénonce "des attaques culturelles, des préjugés sur la culture japonaise". "C'est une culture, et une longue tradition historique", disait-il à l'AFP en février 2013, tout en essayant de retourner le gant: "Dans certains pays, on mange du chien, en Australie du kangourou. Nous, on ne mange pas ces animaux, mais on ne leur demande pas d'arrêter parce que nous comprenons que cela fait partie de leur culture".

"Alors s'il vous plaît comprenez la nôtre", avait-il conclu en affirmant que le Japon n'arrêterait pas la chasse à la baleine.

Et malgré la "victoire" de lundi, l'Australie et la Nouvelle-Zélande redoutent désormais que Tokyo, après avoir détourné pendant des années le moratoire de 1986 édicté par la Commission baleinière internationale (CBI) qui n'autorisait que la pêche scientifique, ne tente cette fois de contourner l'interdiction de la CIJ.

Le Japon, a souligné mardi le ministre néo-zélandais des Affaires étrangères, Murray McCully, pourrait "essayer de mettre sur pied un nouveau programme sur des bases scientifiques" pour recommencer à chasser dans l'océan Austral.

Jeff Kingston n'exclut pas de son côté la possibilité que le Japon quitte la CBI.

"Je ne suis pas sûr à 100% que le Japon va se plier à l'arrêt. Ils font comme s'ils acceptaient et après feront ce qu'ils veulent", affirmait lundi dernier à l'AFP Paul Watson, l'emblématique fondateur de Sea Shepherd.

"Et si leurs navires repartent, les nôtre aussi".

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