En direct
A suivre

Le Rwanda se souvient

Cérémonie du souvenir dans une province rwandaise, pour l'arrivée de la flamme Kwibuka conservée au memorial du génocide de Kigali, le 5 avril 2014, avant la commémoration officielle du génocide qui commence le 7 avril [Simon Maina / AFP]

Au début du drame, une explosion. Celle, le 6 avril 1994, de l’avion du président rwandais, Juvénal Habyarimana. Il s’agit du point de départ de l’un des plus grands massacres qu’ait connus l’humanité.

 

A peine la nouvelle a-t-elle commencé à se répandre que les extrémistes hutus au pouvoir accusent les rebelles tutsi du Front patriotique rwandais (FPR) d’avoir abattu l’appareil. Les appels à la haine vont alors se multiplier.

A la radio, des appels à massacrer les «cafards» tutsi sont lancés. Dès le lendemain et durant trois mois, ces derniers sont exterminés à coups de machette, brûlés vifs ou mitraillés, sous le regard impuissant de la communauté internationale, dont la France qui était alors présente militairement sur place.

On estime aujourd’hui à 800 000 le nombre de morts dues à ce déferlement de haine. En commémorant le drame à partir de demain, le pays espère définitivement tourner la page, même si le sujet reste sujet à de vives polémiques.

 

Un pays traumatisé

Elu président en 2000, Paul Kagamé, qui avait mis fin au génocide le 4 juillet 1994 en prenant la capitale, Kigali, à la tête des rebelles tutsi, a depuis réussi à faire en sorte que son pays regarde à nouveau vers l’avenir.

En vingt ans, le PIB par habitant a été multiplié par cinq, alors que le taux de pauvreté a baissé d’environ 25 %. Pouvant compter sur une jeunesse éduquée, le pays se targue d’être le pays africain le moins corrompu, selon l’ONG Transparency International. 

Mais la tâche la plus difficile aura été de ramener la sérénité, alors que les anciennes victimes et leurs bourreaux se croisent tous les jours. 

Si, au départ on comptait plus de 100 000 personnes emprisonnées pour leur rôle dans le génocide, il a fallu organiser autant de procès, qui ont donné lieu à de douloureuses confrontations.

Signe que les plaies sont, en partie, pansées, les mariages mixtes entre hutus et tutsis sont redevenus fréquents.

 

Des commémorations tendues

Les cérémonies organisées à partir d’aujourd’hui devaient contribuer à apaiser les rancœurs. Mais elles ont été entachées par un regain de tensions entre la France et le Rwanda.

Paul Kagame a ainsi accusé la France d’avoir joué «un rôle direct dans la préparation» et «l’exécution» des massacres dans une interview publiée dimanche dans Jeune Afrique. Des affirmations qui ont hérissé Paris.

Alors que la ministre de la Justice Christiane Taubira avait été désignée par François Hollande pour représenter l’Hexagone à Kigali, son voyage a été annulé et elle devait être remplacée lundi par l’ambassadeur sur place, Michel Flesh.

Le rôle de l’Hexagone, allié à l’époque du génocide au régime extrémiste Hutu, reste malgré tout controversé. Tout en reconnaissant des «erreurs politiques» commises sur place, l’ancien ministre des Affaires étrangères, Bernard Kouchner, a répété dimanche qu’il n’y avait eu aucune «participation directe» du pays au génocide.

Et Kigali d’exhorter la France à « regarder la vérité en face ». La réconciliation officielle, amorcée en 2010, semble encore bien loin. 

 

Les politiques choqués par les accusations de Kagame

Rwanda : "la France doit regarder la vérité en face sur son rôle"

Les commémorations entachées

À suivre aussi

Ailleurs sur le web

Dernières actualités