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Référendum catalan: les nationalistes ne désarment pas

Le président nationaliste de la Catalogne, Artur Mas, à Barcelone le 8 avril 2014 [ / Deneralitat de Catalunya/AFP] Le président nationaliste de la Catalogne, Artur Mas, à Barcelone le 8 avril 2014 [ / Deneralitat de Catalunya/AFP]

Au lendemain du rejet massif par les députés espagnols du projet de référendum sur l'indépendance de la Catalogne, les nationalistes assuraient vouloir poursuivre leur feuille de route par les voies légales, mais Madrid et Barcelone ont perdu une occasion de renouer le dialogue.

Le vote du Congrès des députés "ne marque pas un point final", a réagi, mardi soir, le président nationaliste de la Catalogne, Artur Mas.

"A partir de ce 'non' douloureux, les institutions catalanes chercheront la construction de cadres légaux, et il y en a plusieurs, afin de pouvoir organiser cette consultation le 9 novembre", a-t-il promis.

Après sept heures de débats, les députés espagnols venaient de rejeter, essentiellement avec les voix du Parti populaire, de droite, au pouvoir, et de l'opposition socialiste, la demande des nationalistes catalans d'un transfert de compétences de l'Etat espagnol à la région, afin que celle-ci puisse organiser un référendum sur son indépendance.

"Aujourd'hui une nouvelle opportunité a été perdue", a lancé Artur Mas, accusant Madrid "de n'avoir pas voulu saisir la main qui lui était tendue".

Artur Mas, un nationaliste allié depuis 2012 avec le parti de gauche indépendantiste de l'ERC pour gouverner la Catalogne, une région de 7,5 millions d'habitants dans le nord-est de l'Espagne, a toujours affirmé qu'il agirait par les voies légales pour parvenir à l'indépendance.

Mais il dispose à présent d'une marge de manoeuvre extrêmement étroite, entre le blocage qui l'oppose à Madrid et une opinion publique où les aspirations à l'indépendance n'ont cessé de grandir, à mesure que les difficultés économiques liées à la crise renforçaient le sentiment identitaire.

Déjà, l'Assemblée nationale catalane (ANC), un puissant lobby pro-indépendance, a fixé au 23 avril 2015, jour de la Sant Jordi (Saint Georges), le saint patron des Catalans, la date d'une proclamation d'indépendance, y compris unilatérale.

"Mas est piégé parce que c'est un processus auquel participe une très grande partie de la société civile. Aujourd'hui, cette société civile est avec lui parce qu'ils partagent les même objectifs, mais il aura beaucoup de mal à freiner ce processus", relève Fernando Vallespin, professeur de Sciences politiques à l'Université autonome de Madrid.

"Au point où en sont les choses, il lui sera très difficile de trouver une solution intermédiaire", souligne-t-il.

"Opportunité perdue", titrait mardi le quotidien catalan La Vanguardia: "le dialogue ne trouve pas sa voie".

Car après avoir assuré qu'il était prêt au dialogue avec la Catalogne, Mariano Rajoy a maintenu mardi, dans l'hémicycle, une ligne très ferme.

- Un "choc frontal" -

Fermement opposé à un référendum qui pourrait aboutir à une déclaration d'indépendance de la Catalogne, le gouvernement central s'appuie sur la Constitution de 1978 pour invoquer le "caractère indivisible" de la nation espagnole.

"Je ne conçois pas une Espagne sans la Catalogne ni une Catalogne hors de l'Espagne et de l'Europe", a lancé mardi Mariano Rajoy.

"Toute l'attente suscitée par le débat résidait dans le fait de vérifier quelles possibilités il y avait d'ouvrir des voies de dialogue pour offrir une sortie concertée et satisfaisante au processus de souveraineté catalane, mais ceux qui avaient de l'espoir ont été à nouveau frustrés", résumait La Vanguardia.

Une fois écartée la possibilité d'un accord avec Madrid, le processus d'autodétermination pourrait passer par l'élaboration d'une nouvelle loi par le Parlement catalan.

Ce scénario, parmi cinq envisagés en 2013 par un groupe de conseillers du gouvernement catalan, serait le seul, selon les nationalistes, rendant possible une consultation sans accord de Madrid.

La statut d'autonomie de la Catalogne, datant de 2006, lui permet en effet d'organiser elle-même une consultation. Mais celle-ci "ne peut être convoquée que sur les compétences revenant au gouvernement régional", excluant donc les questions de souveraineté nationale, avertit Xavier Arbos, professeur de Droit constitutionnel.

Il est donc probable qu'une fois adoptée une telle loi, celle-ci serait bloquée par le gouvernement central.

"Nous allons vers un choc frontal, un choc de légitimité", prédisait mercredi Maurici Lucena, député socialiste catalan, dont le parti a voté contre le projet, mais a proposé une réforme de la Constitution pour mener l'Espagne vers plus de fédéralisme.

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