En direct
A suivre

Trafic de drogue: regain de violence dans le nord-est du Mexique

Des chapeaux mexicains en vente sur la route entre Buenavista et Apatzingan le 13 février 2014 [Alfredo Estrella / AFP/Archives] Des chapeaux mexicains en vente sur la route entre Buenavista et Apatzingan le 13 février 2014 [Alfredo Estrella / AFP/Archives]

La région conflictuelle du Tamaulipas, Etat du nord-est du Mexique frontalier des Etats-Unis, connaît une recrudescence de la violence liée au trafic de drogue, qui a fait près de 80 morts en un mois et conduit les autorités à renforcer la sécurité.

La mort en début de semaine dans une embuscade du responsable régional des enquêtes policières est le dernier épisode de la lutte contre les cartels, ou des combats entre cartels, avec un bilan de 77 morts depuis le 5 avril, selon les chiffres des autorités du Tamaulipas, Etat limitrophe du Texas et zone clé du trafic de drogue entre le Mexique et les Etats-Unis.

Mercredi, elles ont annoncé l'arrestation de dix agents de la police locale soupçonnés d'entretenir des liens avec le crime organisé et qui, selon la presse locale, pourraient avoir participé à l'élimination du chef des enquêtes policières.

L'événement le plus sanglant a été un règlement de compte entre des groupes criminels dans les ports de Tampico et à Ciudad Madero - deux villes de la côte du Golfe du Mexique - où en trois jours des fusillades ont fait 28 morts, entre le 5 et le 8 avril.

Le gouvernement cet Etat - où avaient déjà été enregistrés 39 homicides au mois de mars - attribue cette vague de violence à la nomination d'un général de l'armée, Arturo Gutierrez, à la tête de la sécurité publique, à l'arrestation récente de chefs locaux du cartel du Golfe, ainsi qu'au regain des luttes sanglantes que cette organisation criminelle mène depuis près de trois ans avec ses anciens alliés, les Zetas.

En assumant ses nouvelles fonctions en mars "le général a commencé à mettre la pression et logiquement on a eu des situations d'affrontements parce que les enquêtes ont commencé à donner des résultats", a expliqué mercredi à la radio Formula le porte-parole des autorités du Tamaulipas, Guillermo Martínez.

- Nouveau déploiement militaire -

Le porte-parole a indiqué que 200 éléments de la Marine militaire et de la Police fédérale avaient été envoyés au Tamaulipas, Etat frontalier des Etats-Unis sur 370 km, et principale zone de circulation du commerce international du Mexique représentant 30% du total des échanges.

Outre la nomination de Gutierrez, le gouverneur de l'Etat, Egidio Torre Cantu, du Parti révolutionnaire institutionnel (PRI, au pouvoir) avait déjà chargé un autre général de la sécurité de la zone de Tampico et envisage la nomination d'autres militaires à la sécurité publique.

"On étudie la possibilité de nommer 8 à 10 coordinateurs pour que l'Etat soit bien divisé en zones et opérer un contrôle plus important. Il ne s'agit pas de militariser la sécurité, mais on cherche ceux qui ont le plus d'expérience", a expliqué à l'AFP une source des autorités locales.

Le gouverneur Torre Cantu, en fonction depuis 2010 après la mort de son frère, candidat du PRI tué pendant la campagne électorale, ne souhaite pas la nomination au Tamaulipas d'un commissaire fédéral doté de larges pouvoirs comme cela ce fut le cas récemment pour tenter de pacifier la région du Michoacan, à l'ouest du pays, afin d'éviter un affrontement généralisé entre groupes criminels et milices d'autodéfense.

Raul Benitez Manaut, expert en sécurité de l'Université nationale autonome du Mexique (Unam), reconnaît que la violence au Tamaulipas est en partie le résultat de "l'offensive énergique contre les grands cartels" entreprise par le président mexicain Enrique Pena Nieto et qui a notamment abouti entre autres à la capture de Joaquín "El Chapo" Guzmán, le plus recherché des capos mexicains.

Selon lui, la nomination de militaire à des postes de sécurité publique est nécessaire.

"C'est l'unique option dont dispose le gouvernement. Au Tamaulipas on n'a pas besoin d'un responsable politique comme au Michoacan, où on a un gouvernement local inopérant et une population en armes", a dit l'analyste à l'AFP.

À suivre aussi

Ailleurs sur le web

Dernières actualités