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Bulgarie: le nord-ouest reste la région la plus pauvre d'Europe

Des passants le 29 avril 2014 dans une rue de Rassovo, ville du nord-ouest de la Bulgarie, région la plus pauvre d'Europe [Nikolay Doychinov / AFP/Archives] Des passants le 29 avril 2014 dans une rue de Rassovo, ville du nord-ouest de la Bulgarie, région la plus pauvre d'Europe [Nikolay Doychinov / AFP/Archives]

A Rassovo, dans le nord-ouest très pauvre de la Bulgarie, l'église est d'un blanc éclatant et la place vient d'être repavée, grâce à des fonds européens.

Toutes les rénovations entreprises depuis l'adhésion du pays à l'Union européenne (UE) en 2007 accentuent pourtant le sentiment d'abandon de la ville, où les passants sont rares et les bâtiments restaurés côtoient des maisons délabrées.

"Tout est rénové avec de l'argent européen: la place et le jardin public, la bibliothèque, un système de canalisation a été édifié", énumère Rosa Ivanova, 78 ans, agronome à la retraite dont les deux filles habitent à Sofia : "Mais les gens ne sont plus là!".

Les écoles elles aussi ont fait peau neuve mais certaines ont dû fermer faute d'élèves.

La ville comptait environ 4.000 habitants à l'époque communiste, employés dans des coopératives agricoles et l'industrie. Il ne sont plus qu'un petit millier, pour la plupart des retraités qui vivent de leur lopin de terre, ou des chômeurs.

- "Ici, on part ou on meurt" -

"Il n'y a aucun emploi pour les jeunes... Mes enfants sont partis. Il n'y a plus que moi et mes trois chèvres", témoigne Stoyan Naydenov, 62 ans, chauffeur à la retraite. "Ici, on part ou on meurt", soupire-t-il.

Une usine désaffectée le 29 avril 2014 à Brusartsi, dans le nord-ouest de la Bulgarie, région la plus pauvre d'Europe [Nikolay Doychinov / AFP/Archives]
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Une usine désaffectée le 29 avril 2014 à Brusartsi, dans le nord-ouest de la Bulgarie, région la plus pauvre d'Europe

L’économiste Yavor Alexiev de l'Institut d'économie de marché à Sofia confirme une détérioration depuis 2007 dans cette région à la bordure de la Roumanie et de la Serbie, la plus pauvre de l'Union européenne. "Certaines tendances négatives se sont aggravées, comme la baisse de la population" et son vieillissement, en raison notamment de l'émigration au sein de l'UE, dit-il.

A Vidin, une des principales villes de la région, 27% de la population a plus de 65 ans et le taux de mortalité s'élève à 21 pour mille, un record national partagé avec la municipalité de Montana plus au sud.

"Les usines n'existent plus. Ici, les principaux événements sont les funérailles", ironise Jivko Yordanov, 64 ans, un cheminot retraité de la petite ville de Broussartsi.

A Vidin, Vratsa et Montana, le taux de chômage atteignait entre 20% et 22% sur les neuf premiers mois de 2013, soit le double de la moyenne bulgare.

Les investissements ont amélioré l'environnement et les infrastructures, "mais ils n'ont eu aucun impact réel sur le niveau de vie des gens", explique M. Alexiev, en pointant un manque de réflexion dans l'utilisation des fonds européens.

L'an passé, l'achèvement d'un pont sur le Danube destiné à raviver l'activité économique a fait souffler un vent d'espoir. Mais de nombreux chauffeurs l'ayant emprunté ne sont pas revenus car le pont débouche sur des routes délabrées. Les routiers préfèrent traverser plus à l'est, quitte à attendre des heures au port avant d'embarquer dans les ferries.

- Confiance dans l'UE -

Un homme à bicyclette à Rassovo le 29 avril 2014, village du nord-ouest de la Bulgarie, région la plus pauvre d'Europe [Nikolay Doychinov / AFP/Archives]
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Un homme à bicyclette à Rassovo le 29 avril 2014, village du nord-ouest de la Bulgarie, région la plus pauvre d'Europe

Dans ce pays critiqué de longue date par Bruxelles pour son incapacité à combattre la corruption et l'inefficacité de sa justice, l'argent européen est souvent "détourné", souligne également l'économiste. Et selon des chiffres officiels, plus de 80% des subventions européennes sont distribuées aux 6% des exploitations les plus grosses.

Les Bulgares, comme leurs voisins roumains ou d'autres pays d'Europe de l'Est, sont en majorité très pro-européens mais se disent déçus par la lenteur des progrès.

"Nous voulons être dans l'Europe et nous y sommes. Mais comment se fait-il que notre niveau de vie est tellement inférieur à celui des autres pays?", s'interroge à Rassovo Ranguel Dimitrov, un ancien conducteur de tracteur de 69 ans.

La corruption de leurs élites les pousse à faire davantage confiance à l'UE qu'à leurs propres institutions. D'après un sondage Sova Harris réalisé en vue des élections européennes du 25 mai, 43,8% des quelque 1.000 personnes interrogées ont un avis positif du Parlement européen, contre 31% seulement de leur gouvernement.

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