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Bataille à l'aéroport de Donetsk, Porochenko président

Un combattant pro-russe en position de tir lors de heurts contre les forces ukrainiennes près de l'aéroport de Donetsk le 26 mai 2014 [Fabio Bucciarelli / AFP/Archives] Un combattant pro-russe en position de tir lors de heurts contre les forces ukrainiennes près de l'aéroport de Donetsk le 26 mai 2014 [Fabio Bucciarelli / AFP/Archives]

L'armée ukrainienne livrait lundi une bataille avec hélicoptères et parachutistes pour tenter de reprendre le contrôle de l'aéroport de Donetsk, occupé par des insurgés pro-russes au lendemain de l'élection du milliardaire pro-occidental Petro Porochenko comme président de l'Ukraine.

 

M. Porochenko, officiellement déclaré lundi "nouveau président de l'Ukraine" élu avec plus de 54% des voix, avait annoncé dès dimanche soir qu'il se rendrait dans le Donbass, le bassin minier dans l'Est, coeur de l'insurrection. Lundi, il a promis de ne jamais laisser les insurgés, qu'il appelle "les terroristes", transformer la région rebelle en "Somalie".

L'Organisation pour la sécurité et la coopération en Europe (OSCE) a salué le scrutin, qu'elle a jugé "conforme aux normes démocratiques". La Russie s'est dite "prête au dialogue" avec le président élu.

Mais la réponse des séparatistes pro-russes n'a pas tardé: ils ont pris de nuit le contrôle de l'aéroport international de Donetsk, manière également de rappeler au président élu qu'il n'était pas le bienvenu.

Un médecin examine une personne blessée lors des combats entre prorusses et armée ukrainienne à Slaviansk [Vicktor Drachev / AFP]
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Un médecin examine une personne blessée lors des combats entre prorusses et armée ukrainienne à Slaviansk

Dans l'après-midi, des combats se poursuivaient dans l'enceinte de l'aéroport: fumée noire dans le ciel, bruit de mitrailleuses lourdes, tirs d'hélicoptères et vrombissement des avions de combat dans le ciel après l'annonce par l'armée ukrainienne qu'une "opération anti-terroriste" était en cours. L'aéroport est fermé et les vols annulés.

Dans la soirée, des renforts de combattants séparatistes arrivaient à l'aéroport, selon des journalistes de l'AFP.

Le maire de Donetsk, Olexandre Loukiantchenko, a conseillé aux habitants de rester chez eux et d'éviter surtout les zones de l'aéroport et de la gare ferroviaire après des combats ayant fait des "victimes civiles".

Des journaliste de l'AFP ont vu le corps d'une femme gisant non loin de la gare de Donetsk, sans que la cause de la mort de cette femme ne soit connue.

 

- L'Est ne sera pas la "Somalie" -

Des militants prorusses combattent l'armée ukrainienne à l'aéroport de Donetsk en Ukraine, le 26 mai 2014 [Fabio Bucciarelli / AFP]
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Des militants prorusses combattent l'armée ukrainienne à l'aéroport de Donetsk en Ukraine, le 26 mai 2014

Quelques heures avant le début de la bataille de l'aéroport, Petro Porochenko avait annoncé qu'il poursuivrait l'opération militaire contre les insurgés de manière "plus efficace" pour les empêcher de transformer l'Est du pays en "Somalie".

"Ceux qui refusent de déposer les armes sont des terroristes et on ne négocie pas avec les terroristes. Leur objectif est de transformer le Donbass en Somalie", a lancé M. Porochenko au cours d'une conférence de presse. "Je ne laisserai personne faire cela".

Le nouveau président, qui suscite d'énormes attentes en Ukraine et en Occident pour le règlement de la crise politique qui dure depuis plus de six mois, a confirmé l'orientation qu'il comptait donner à sa politique: en route vers l'intégration européenne.

Premier signe de sa volonté d'accrocher l'Ukraine à l'UE: une "très probable" visite dès le 4 juin à Varsovie, où l'a invité le président polonais Bronislaw Komorowski.

Il a également indiqué souhaiter conserver à son poste le Premier ministre par intérim Arseni Iatseniouk qui dirige depuis le 27 février le gouvernement et a négocié avec les Occidentaux une aide de 27 milliards de dollars à l'Ukraine.

La Russie s'est dite "prête à un dialogue pragmatique" avec Petro Porochenko", sans toutefois indiquer qu'elle reconnaissait la légitimité du président élu.

Signe de la tension, les garde-frontières ukrainiens ont déclaré lundi avoir repéré en Russie, à 10 kilomètres de la frontière avec l'Ukraine, "quarante camions avec des combattants armés prêts à franchir la frontière".

Le vainqueur de la présidentielle ukrainienne Petro Porochenko lors d'une conférence de presse à Kiev, le 26 mai 2014 [Sergei Supinsky / AFP]
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Le vainqueur de la présidentielle ukrainienne Petro Porochenko lors d'une conférence de presse à Kiev, le 26 mai 2014

Les Européens ont félicité M. Porochenko et émis l'espoir d'un apaisement dans la crise ukrainienne, qui a déclenché le pire conflit entre Moscou et les Occidentaux depuis la fin de la guerre froide.

Paris a appelé le nouveau chef de l'Etat ukrainien à mener des réformes "dans un esprit d’apaisement, de stabilité et de dialogue national".

L'Union européenne a exprimé son souhait de travailler "étroitement" avec Petro Porochenko, afin de stabiliser la situation politique et économique du pays.

L'OSCE, qui avait déployé un millier d'observateurs, a estimé que l'élection avait été "conforme aux normes démocratiques" et a déclaré que le scrutin offrait à son vainqueur "la légitimité" pour dialoguer avec l'Est séparatiste.

- tâche titanesque -

Au soir de son élection, Petro Porochenko, deux fois ministre de précédents gouvernements, n'avait pas attendu les résultats officiels pour détailler les premières mesures qu'il prendra en tant que chef de l'Etat: "ramener la paix en Ukraine" et convoquer dès cette année des élections législatives anticipées.

Un travail titanesque attend le président, qui devra gérer tout autant la rébellion prorusse dans l'Est que la quasi-faillite de l'économie ukrainienne, ainsi que des réformes économiques impopulaires imposées en échange de l'aide de 27 milliards de dollars consentie par le FMI, la Banque mondiale et l'Union européenne.

 
 

Le scrutin, soutenu par les Occidentaux, s'est déroulé après six mois d'une crise politique marquée par la sanglante répression du mouvement proeuropéen de contestation de Maïdan, le rattachement express de la Crimée à la Russie et une insurrection armée prorusse qui a pratiquement coupé l'Est russophone du reste de l'Ukraine.

Globalement, l'élection n'a pas pu se dérouler dans l'Est, entre refus ou peur des gens d'aller voter, commissions électorales locales sous le contrôle des séparatistes et en raison de l'absence d'urnes et de bulletins dans certains bureaux de vote.mcj

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