En direct
A suivre

Vague brune en Europe

Des militants d'Aube dorée en Grèce. [ARIS MESSINIS / AFP]

Les scores élevés des formations d’extrême droite constituent le fait marquant des européennes de dimanche. Crise économique, climat xénophobe… plusieurs facteurs peuvent l’expliquer.

 

L’Europe était encore sous le choc, hier, au lendemain d’une soirée électorale qui a vu l’extrême droite enregistrer des scores d’une ampleur inédite. Le Front national de Marine Le Pen, l’Ukip du Britannique Nigel Farage et le Parti populaire danois de Pia Kjaersgaard sont même arrivés tous les trois en tête, respectivement en France, au Royaume-Uni et au Danemark.

L’extrême droite sera ainsi massivement représentée au Parlement européen à Bruxelles, avec plus de 75 eurodéputés sur les 751 sièges de l’hémicycle.

Mais si ces formations se rejoignent sur certaines valeurs, elles présentent aussi des profils disparates. D’intenses négociations s’annoncent, dans la perspective de former un groupe parlementaire capable de peser au Parlement européen. 

 

Une xénophobie affichée 

Parmi les formations qui ont obtenu des élus dimanche soir, certaines affichent ouvertement leur xénophobie, voire leur antisémitisme.

En Grèce, le parti néonazi Aube dorée, dont le logo rouge et noir n’est pas sans rappeler l’emblème nazi, a été accusé à plusieurs reprises d’être à l’origine de véritables chasses aux immigrés à Athènes. Dimanche, il a réuni 9,4 % des suffrages, ce qui va lui permettre d’envoyer trois de ses représentants à Bruxelles.

En Allemagne, le NPD, qui appelle notamment à lutter contre l’immigration pour protéger l’"essence du peuple" allemand aura aussi un eurodéputé. Une perspective qui a "horrifié" le ministre allemand des Affaires étrangères, Frank-Walter Steinmeier.

Et en Hongrie, le Jobbik (trois sièges) dénonce régulièrement "les intérêts sionistes" et les "criminels tsiganes".

Les autres partis d’extrême droite ayant obtenu des représentants affichent des profils moins sulfureux, ayant pris soin de lisser leur image et participant pour certains à des coalitions gouvernementales : l’Ukip, qui a atteint, au Royaume-Uni, des scores comparables au FN en France, a ainsi fait de la lutte contre l’immigration sa priorité.

Tout comme le FPÖ autrichien, le PVV néerlandais, ou encore la Ligue du Nord italienne.

 

Les partis classiques discrédités 

S’il est tentant de relier cette montée des partis d’extrême droi­te à la crise économique que traverse l’Europe depuis cinq ans, cela ne saurait constituer la seule explication.

Si, en France, le Front national bénéficie du vote ouvrier, lié à la peur de la mondialisation, l’Autriche ou les Pays-Bas jouissent d’une économie saine.

"Le principal dénominateur commun est la xénophobie, analyse ainsi Sylvain Crépon, auteur de "Enquête au cœur du nouveau Front national" (éd. Nouveau monde). Ils se focalisent sur l’immigration extra-européenne et surtout sur l’islam, perçu comme une menace pour notre mode de vie."

Ces formations profitent du discrédit des formations politiques traditionnelles, considérées éloignées du peuple et inaudibles. Enfin, elles "jouent sur la défiance vis-à-vis des élites de Bruxelles, comme l’explique Sylvain Crépon. Elles entretiennent l’idée que le peuple est dépossédé de son propre destin par cette entité supranationale".

Ces ressorts communs ne garantissent toutefois pas à Marine Le Pen de parvenir à former un groupe au Parlement européen. Si seuls 25 députés sont nécessaires, le règlement veut qu’ils proviennent d’au moins sept pays différents. Et alors que certaines formations ne souhaitent pas s’afficher au côté du Front national, ce dernier ne souhaite pas s’allier aux formations les plus ouvertement xénophobes comme le Jobbik hongrois ou Aube dorée en Grèce.

Malgré une forte présence à Bruxelles, l’influence de l’extrême droite devrait donc demeurer limitée. 

À suivre aussi

Ailleurs sur le web

Dernières actualités