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Juncker en pole position pour présider la Commission

Jean-Claude Juncker du Parti populaire européen (PPE), le 25 mai 2014 à Bruxelles [John Thys / AFP] Jean-Claude Juncker du Parti populaire européen (PPE), le 25 mai 2014 à Bruxelles [John Thys / AFP]

Jean-Claude Juncker est en pole position pour la présidence de la Commission, mais le candidat du centre-droit est loin d'avoir gagné la course, face à l'hostilité de plusieurs chefs de gouvernement dans son propre camp.

Le Parti populaire européen (PPE) est arrivé en tête des élections européennes, avec 213 sièges sur 751. Son candidat a donc revendiqué le poste dès dimanche soir. Mais il doit pour cela d'abord obtenir le soutien des chefs d'Etat et de gouvernement, puis une majorité au sein du Parlement.

Or M. Juncker se heurte à la franche hostilité de plusieurs dirigeants: le Premier ministre britannique David Cameron mais aussi, selon plusieurs sources européennes, des membres du PPE comme le Hongrois Viktor Orban, le Suédois Fredrik Reinfeldt ou le Finlandais Jyrki Katainen, dont le nom est par ailleurs cité pour le poste.

Après la vague europhobe des élections européennes, ils estiment que M. Juncker est un homme du passé et n'est donc pas le mieux placé pour incarner les changements nécessaires.

Aucune fumée blanche n'est sortie mardi soir du conclave des dirigeants de l'UE. Ils ont confié au président du Conseil, Herman Van Rompuy, la tâche de mener des "consultations", autant sur le prochain chef de l'exécutif européen que sur les "priorités" pour les cinq prochaines années.

Les 28 ont ainsi clairement affiché leur volonté de garder la main. Mais ils veulent aussi éviter une crise avec le Parlement, qui défend bec et ongles sa logique parlementaire.

- "Pas de front du refus" -

La chancelière Angela Merkel, le 26 mai 2014 à Berlin [John MacDougall / AFP]
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La chancelière Angela Merkel, le 26 mai 2014 à Berlin

La chancelière Angela Merkel, dont le rôle va être central dans ce processus, a joué la prudence. "En tant que membre du PPE, j'ai soutenu Jean-Claude Juncker comme candidat à la présidence de la Commission. (...) Mais je suis obligée de respecter les traités européens", a-t-elle déclaré, rappelant qu'il était hors de question que le choix soit imposé par le Parlement.

"L'ensemble du programme peut être réalisé sous sa direction, mais aussi celle de beaucoup d'autres, je n'ai aucun doute là-dessus", a-t-elle prévenu.

"Il n'y a pas eu de front du refus ou de barrage" contre Jean-Claude Juncker, assure une source européenne. "On a gagné du temps", ajoute-t-elle. La mission du Belge Herman Van Rompuy, rompu à ce genre d'exercice dans son pays, devrait durer quelques semaines, avec l'objectif d'aboutir avant le prochain sommet européen fin juin.

Le principal atout de Jean-Claude Juncker, qui fut Premier ministre du Luxembourg pendant près de 19 ans, et président de l'Eurogroupe pendant huit ans, au plus fort de la crise, est de bien connaître les dirigeants européens et les arcanes bruxelloises. Il est aussi reconnu pour son sens de la diplomatie.

- "Feuille de route" -

Parallèlement, il doit réunir une majorité au sein du Parlement européen. La seule possibilité est de former une coalition avec les socialistes (191 sièges), avec l'apport probable des libéraux (64). Une tâche qui semble à sa portée.

Chrétien-social luxembourgeois, plutôt classé à la gauche du PPE, il plaide depuis des années pour une Europe plus sociale, défendant par exemple l'instauration d'un salaire minimum. Il peut aussi compter sur la détermination des socialistes et des libéraux à accroître le pouvoir du Parlement.

En demandant à M. Van Rompuy de travailler sur les "priorités" de l'UE pour l'avenir, les dirigeants européens veulent définir une "feuille de route" pour la prochaine Commission, quel qu'en soit le président, souligne une source européenne.

Ils ont fixé cinq axes: croissance, compétitivité et emplois; union monétaire; lutte contre le changement climatique et union de l'énergie; sécurité et lutte contre l'immigration illégale; renforcement de la politique étrangère de l'UE.

Pour Jean-Dominique Giuliani, le président de la Fondation Robert Schuman, cela constitue l'ébauche d'une réorganisation de la Commission autour de grands pôles, pilotés par des super-commissaires. Une manière de répondre aux critiques sur son manque de lisibilité et d'efficacité, à défaut de lui redonner un rôle moteur.

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