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Insécurité et début d'anarchie à Donetsk

Des miliciens prorusses du bataillon Vostok (Est) déchirent un drapeau ukrainien à Donetsk, le 29 mai 2014 [Viktor Drachev / AFP] Des miliciens prorusses du bataillon Vostok (Est) déchirent un drapeau ukrainien à Donetsk, le 29 mai 2014 [Viktor Drachev / AFP]

Un supermarché et des halls d'exposition de voitures pillés, des banques, des magasins et des restaurants fermés en raison de l'insécurité : une anarchie rampante s'installe à Donetsk, grande ville de l'Est de l'Ukraine tenue par les séparatistes prorusses.

Méfait particulièrement symbolique : un entrepôt des chocolats Roshen, entreprise appartenant au milliardaire élu président Petro Porochenko, a été dévalisé à Makiivka, près de Donetsk, par des inconnus, a indiqué à l'AFP le service de presse de la police locale.

Le même jour, un supermarché a été pillé pendant plusieurs heures par des hommes armés, sans que la police n'intervienne, ont indiqué plusieurs sites d'information à Donetsk, photos à l'appui.

Jeudi après-midi, des hommes équipés d'armes automatiques et de lance-grenades sont arrivés devant le siège de l'administration régionale à Donetsk, affirmant à des journalistes être "à la recherche de ceux qui ont dévalisé le supermarché".

L'un des leaders des insurgés prorusses, Denis Pouchiline, a reconnu jeudi soir au cours d'une conférence de presse qu'une partie des marchandises volées dans le supermarché avait été retrouvée au siège de l'administration régionale. "Plusieurs personnes ont été arrêtées", a-t-il ajouté.

- Voitures volées "pour la révolution" -

 

Les pillages de ce genre se sont multipliés ces derniers temps.

"Il y a quelques jours, des hommes armés et encagoulés sont arrivés dans deux halls d'exposition de voitures. Ils ont exigé une dizaine de véhicules +pour la révolution+. Qui sont ces gens, on n'en sait rien. Mais que faire face à une kalachnikov ?", raconte Tikhon, ami du propriétaire d'un des salons.

Milicien prorusse du bataillon Vostok (Est) gardant un checkpoint sur la route entre Donetsk et Marioupol, le 29 mai 2014 [Viktor Drachev / AFP]
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Milicien prorusse du bataillon Vostok (Est) gardant un checkpoint sur la route entre Donetsk et Marioupol, le 29 mai 2014

La police locale, passée du côté des prorusses qui contrôlent cette ville d'un million d'habitants, adopte un profil bas depuis des semaines et semble absente dans les rues.

Lundi, c'est le complexe sportif appartenant à la célèbre équipe de hockey Donbass qui a été attaqué par des inconnus à Donetsk.

"Des hommes armés ont ligoté les gardes, et se sont emparés d'ordinateurs, d'écrans plats, d'un coffre-fort et d'une voiture, avant de mettre le feu au bâtiment", a indiqué un communiqué du club.

A quelques kilomètres de l'aéroport de Donetsk, repris lundi par les forces ukrainiennes après une bataille qui a fait une quarantaine de morts chez les prorusses, l'avenue de Kiev est barrée par un nouveau poste de contrôle.

De la partie interdite à la circulation arrive un fourgon blindé arborant le logo de la Caisse d'épargne ukrainienne. Des militants prorusses armés sortent du véhicule.

"Plusieurs fourgons blindés transportant des fonds bancaires ont été saisis par les prorusses. De nombreuses banques ont cessé d'envoyer des fonds à Donetsk, jugeant que c'était trop risqué. C'est pourquoi il est de plus en plus difficile de trouver de l'argent en ville", indique Roman, un retraité qui vient de trouver porte close à la DeltaBank.

A l'entrée de cette banque et de deux autres situées à proximité, une affiche annonce de manière laconique aux clients leur fermeture "en raison de l'instabilité dans la région".

 

- Diplôme reconnu par qui ? -

 

Si la plupart des magasins et des restaurants fonctionnent encore normalement, d'autres ont préféré suspendre leurs activités, notamment les établissements d'une chaîne américaine de restauration rapide.

Les autorités prorusses de Donetsk ne semblent pas en mesure de contrôler les différents groupes armés, parfois rivaux, qui cohabitent. En outre, l'information officielle a manifestement du mal à atteindre la population.

Membre du bataillon prorusse Vostok enfonçant une porte dans le bâtiment de l'administration régionale à Donetsk, le 29 mai 2014  [Viktor Drachev / AFP]
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Membre du bataillon prorusse Vostok enfonçant une porte dans le bâtiment de l'administration régionale à Donetsk, le 29 mai 2014

"Nous ne savons pas ce qui se passe : mardi, les nouvelles autorités annoncent que le couvre-feu est imposé en ville de 22H00 à 06H00. Le lendemain, les mêmes autorités nous disent que ce n'est pas vrai", soupire Tatiana Nikolaevna, une juriste de 58 ans.

"Au travail, nous demandons à nos chefs quelle loi nous devons appliquer, la loi ukrainienne ou la loi russe. Personne ne sait", ajoute-t-elle.

Mardi, l'un des responsables de la "République populaire de Donetsk", Denis Pouchiline, a annoncé que le territoire séparatiste adoptait la législation russe.

L'inquiétude et l'incertitude concernent aussi le domaine scolaire : "Ma fille termine ses études à l'université. Elle aura un diplôme ukrainien ou un diplôme de la République de Donetsk qui n'est reconnu par personne ?", s'inquiète Roman, un père de famille de 45 ans qui ne veut pas donner son nom de famille et envisage sérieusement de quitter Donetsk où il est né et a vécu jusqu'à présent.

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