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Walesa aux funérailles de Jaruzelski

L'ex-président Lech Walesa (g) et le président polonais Bronislaw Komorowski (c) lors d'une messe à la mémoire du général Wojciech Jaruzelski à Varsovie, le 30 mai 2014 [Janek Skarzynski / AFP] L'ex-président Lech Walesa (g) et le président polonais Bronislaw Komorowski (c) lors d'une messe à la mémoire du général Wojciech Jaruzelski à Varsovie, le 30 mai 2014 [Janek Skarzynski / AFP]

Le général Wojciech Jaruzelski, dernier dirigeant communiste polonais dont l'action continue à diviser ses compatriotes, a été inhumé vendredi au cimetière militaire de Varsovie après une messe à sa mémoire en présence du président Bronislaw Komorowski et de l'ex-président Lech Walesa.

Célébré en fin de matinée à la cathédrale de l'armée, l'office dédié au général, mort dimanche à l'âge de 90 ans, a réuni aussi l'ancien président social-démocrate polonais Aleksander Kwasniewski, les ambassadeurs russe et américain à Varsovie, ainsi que la famille du défunt: sa veuve Barbara et leur fille unique, Monika Jaruzelska.

Né dans une famille catholique de petite noblesse polonaise, Wojciech Jaruzelski avait adhéré jeune au communisme et il s'est toujours déclaré comme non croyant.

Cependant, treize jours avant sa mort à l'hôpital, il a demandé à un prêtre, "en toute liberté et de façon lucide", de pouvoir se confesser et de recevoir l'extrême onction, a indiqué le curé de la cathédrale, le père Robert Mokrzycki, pour expliquer la tenue de cette messe.

Pendant l'office, quelques dizaines de personnes massées devant l'église ont brandi des pancartes hostiles au général, le qualifiant de "traitre" à la Pologne.

La cérémonie d'inhumation de l'urne avec ses cendres, déposée en début d'après-midi avec les honneurs militaires au cimetière de Powazki à Varsovie, a été perturbée par plusieurs centaines de manifestants.

Le général Wojciech Jaruzelski à Varsovie, le 7 mai 1983 [Ari Ojala / Lehtikuva/AFP/Archives]
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Le général Wojciech Jaruzelski à Varsovie, le 7 mai 1983

Massés le long du cortège et quadrillés par une rangée de policiers, ils ont scandé au son des sifflets: "à bas les communistes!" et "va-t-en à Moscou!". Ils ont brandi de grandes photos de victimes de la loi mariale, décrétée par le général Jaruzelski en 1981 pour mater Solidarité, le premier syndicat indépendant à l'Est.

Prenant la parole au cimetière, M. Kwasniewski a de son côté rendu hommage au général qui "nous avait épargné une intervention étrangère ou une guerre fratricide", a-t-il dit, en promettant de "défendre sa mémoire".

Personnage controversé, le général Jaruzelski a divisé jusqu'à sa mort ses compatriotes quant au jugement à porter sur la loi martiale. Ses détracteurs continuent à lui reprocher aussi son dévouement au communisme imposé à la Pologne par Moscou après la Seconde guerre mondiale.

 

- Aveu inattendu -

 

Mais ce fut ce même général qui a permis à la Pologne le passage pacifique de la dictature à la démocratie.

Sa décision de négocier avec Solidarité l'avenir du pays a abouti à l'été 1989, avec les premières élections législatives partiellement libres remportées par le mouvement de Lech Walesa, à la chute du pouvoir communiste.

"J'ai perdu quelques batailles contre lui, mais j'ai gagné la guerre pour une Pologne libre. J'ignore toutes ses motivations, je laisse donc le jugement à Dieu", a déclaré Lech Walesa.

Des personnes protestent contre les cérémonies organisées en l'honneur du général Wojciech Jaruzelski à Varsovie, le 30 mai 2014 [Janek Skarzynski / AFP]
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Des personnes protestent contre les cérémonies organisées en l'honneur du général Wojciech Jaruzelski à Varsovie, le 30 mai 2014

Le général lui-même a fait un aveu inattendu dans une interview à l'AFP en 2005.

"C'est peut-être paradoxal dans ma bouche, mais je suis très content de voir la Pologne dans l'Otan, qui est le garant de notre sécurité, et dans l'Union européenne, qui est une énorme chance de développement", a-t-il dit.

Après sa mort dimanche, le parti social-démocrate SLD (gauche post-communiste) a souhaité un deuil national pour le général qui fut également le premier président de la Pologne après sa transition du communisme à la démocratie.

Le président Komorowski, un ancien opposant au communisme, n'est pas de cet avis.

"Il serait préférable de ne pas prendre de décisions qui diviseraient la société", a déclaré la porte-parole de la présidence Joanna Trzaska-Wieczorek.

Des organisations d'anciens combattants, ainsi que l'Institut de la mémoire nationale (IPN), qui instruit les crimes nazis et communistes, se sont même élevés contre l'inhumation des restes du général au cimetière militaire de Powazki, un lieu prestigieux, estimant qu'un "cimetière ordinaire" serait suffisant.

Souffrant depuis quelques années d'un cancer des glandes lymphatiques, le général est décédé peu avant les cérémonies du 25e anniversaire des premières élections semi-démocratiques, remportées par Solidarité, pour lesquelles le président américain Barack Obama et plusieurs présidents européens sont attendus le 4 juin à Varsovie.

 

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