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Abdication de Juan Carlos : le départ d’un souverain

Le roi Juan Carlos le 24 décembre 2013 lors de la cérémonie de ses voeux à l'Espagne [Ballesteros / POOL/AFP/Archives]

Tout le monde a été pris de court. Le roi d’Espagne, Juan Carlos, a annoncé hier dans un message télévisé qu’il abdiquait après presque trente-neuf ans de règne.

 

Agé de 76 ans, il a évoqué le besoin d’ouvrir "une nouvelle étape d’espoir dans laquelle seront alliées l’expérience acquise et l’impulsion d’une nouvelle génération".

Il laisse la place à son fils Felipe, 46 ans, incarnation, selon lui, de "la stabilité qui est la marque d’identité de l’institution monarchique". Une passation de pouvoir qui devra toutefois être approuvée officiellement par le Congrès.

 

De la dictature à la démocratie

Aujourd’hui figure incontournable du gotha mondial, Juan Carlos a failli ne jamais régner. La famille de ce descendant direct de la maison des Bourbons – la famille de Louis XIV – avait été écartée du pouvoir par la Deuxième République (1931), puis par l’arrivée au pouvoir de Franco (1939).

Tous se trouvaient en exil au Portugal lorsque le garçon est rentré au pays. A seulement 10 ans, le dictateur l’a alors désigné comme futur roi, à condition qu’il quitte sa famille et reçoive une éducation militaire.

C’est donc dans l’ombre du franquisme qu’il a monté les échelons et pris le pouvoir en 1975, à la mort du général. Mais, après quatre décennies de dictature, Juan Carlos a profité de sa position pour inscrire son pays dans son époque et montrer qu’il n’était pas la marionnette du despote.

Malgré l’opposition des forces armées, le roi a mis en place des réformes majeures, notamment la légalisation des partis politiques ou la mise en place d’une nouvelle Constitution.

Des décisions politiques qui se sont accompagnées de bouleversements socio-économiques, une croissance forte, l’entrée des femmes sur le marché du travail ou l’ouverture vers l’international, qui ont achevé de faire de l’Espagne un pays moderne.

"En incarnant la transition démocratique, il est devenu un héros national, explique Stéphane Bern, spécialiste de la royauté. Dans un pays où les régions sont très importantes, il représente l’unité dans la diversité."

 

Une fin de règne ternie

L’idée d’une abdication commençait pourtant à poindre. En janvier, un sondage révélait que 62 % des Espagnols y étaient favorables. La faute notamment à une santé de plus en plus fragile. Ces quatre dernières années, le souverain avait ainsi subi neuf opérations chirurgicales.

Mais sa fin de règne a aussi été marquée par des scandales. En 2012, alors que les Espagnols étaient plongés dans la crise, les photos d’une coûteuse partie de chasse au Botswana avaient fait grand bruit.

La découverte de comptes en Suisse lui avait aussi porté préjudice, tout comme l’affaire de corruption concernant son gendre, Inaki Urdangarin, et dans laquelle sa seconde fille, Cristina, a été mise en examen.

"Ces scandales n’ont pas atteint sa popularité, mais sa crédibilité", estime Stéphane Bern, pour qui l’abdication était "inévitable". 

 

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