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L'Irak au bord du gouffre

Image extraite d'une vidéo de propagande diffusée par l'Etat islamique en Irak et au Levant (EIIL). [AFP]

Après Mossoul, puis Tikrit, les rebelles menacent la capitale irakienne, Bagdad. Une offensive qui inquiète la communauté internationale.

 

Rues désertes, commerces fermés… Hier, pour la deuxième journée consécutive, Bagad vivait au ralenti. Une précaution mêlée de peur alors que les rebelles islamistes s’étaient emparés hier soir de deux secteurs à Diyala, au nord-est de la capitale irakienne.

Depuis mardi, les jihadistes de l’Etat islamique en Irak et au Levant (EIIL) se sont emparés successivement de Mossoul, deuxième ville du pays, et de Tikrit, ex-fief de Saddam Hussein.

Une offensive qui fait craindre une véritable guerre civile, voire un conflit international.

 

Vers un Etat islamique ?  

En moins de 48 heures, les combattants de l’Etat islamiste en Irak et au Levant se sont emparés du nord du pays. La province de Ninive, riche en pétrole, ainsi qu’une partie de deux autres provinces limitrophes, Kirkouk et Salaheddine, sont désormais entre leurs mains.

Une offensive éclair qui est le résultat de plusieurs années de lutte. Né après l’invasion américaine en Irak, en 2006, l’EIIL s’oppose depuis le début au gouvernement chiite de Nouri al-Maliki. Profitant du chaos politique régnant dans la région et des tensions entre chiites et sunnites, qui se sentent marginalisés, le mouvement jihadiste a convaincu une partie de la population du bien-fondé d’un Etat islamique.

Un Etat, étendu sur les territoires syrien et irakien, où ils pourraient imposer la charia. Et si les provinces conquises ces derniers jours ont une réelle importance, "marcher sur Bagdad", comme l’a demandé mercredi un dirigeant de l’EIIL, Abou Mohammed al-Adnani, aurait de tout autres conséquences.

"Mais l’affaire est loin d’être réglée, estime Karim Pakzad, spécialiste de l’Irak à l’Institut des relations internationales et stratégiques (Iris). L’armée irakienne dans la capitale est plus homogène, a plus de moyens, et elle est maintenant prévenue."

D’autant que, si Bagdad venait à être attaquée, Washington a d’ores et déjà annoncé qu’il "se tenait prêt" à d’éventuelles frappes aériennes. Barack Obama affirmait hier soir étudier "toutes les options" face à la situation.

 

Vers un conflit mondial ? 

Les Etats-Unis, dont les dernières troupes se sont retirées d’Irak en 2011, ne sont pas les seuls à s’inquiéter de la situation. Et s’ils n’ont pas l’intention de renvoyer des hommes sur place, ils pourraient être suppléés par des alliés improbables : l’Iran et la Syrie.

Téhéran, qui a pour ambition de redevenir la grande puissance de la région, voit se développer des forces hostiles à ses frontières. Quant à Damas, qui combat déjà l’EIIL sur son propre territoire, il se dit "prêt à coopérer avec l’Irak pour faire face au terrorisme, cet ennemi commun".

La Grande-Bretagne a elle aussi proposé son aide aux autorités irakiennes. La Jordanie voisine, menacée par le conflit, pourrait également décider d’intervenir.

"Aucun pays n’a intérêt à ce que al-Qaida s’installe dans la région, assure Karim Pakzad. Même l’Arabie Saoudite, qui a joué avec le feu en finançant l’EIIL [afin de déstabiliser l’Iran et ses alliés chiites, l’Irak et la Syrie, ndlr], devrait réagir." 

 

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