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Bahreïn: l'opposant chiite Khalil al-Marzouq acquitté

Cheikh Salman bin Hamad al-Khalifa de Bahreïn à Manama le 25 juin 2014  [Marwan Naamani / AFP] Cheikh Salman bin Hamad al-Khalifa de Bahreïn à Manama le 25 juin 2014 [Marwan Naamani / AFP]

Un tribunal pénal de Manama a acquitté mercredi le dirigeant de l'opposition chiite Khalil al-Marzouq, jugé sous l'accusation d'"incitation au terrorisme" à Bahreïn, théâtre depuis 2011 d'une contestation anti-régime, a-t-on appris de source judiciaire.

Arrêté le 17 septembre 2013, M. Marzouq, ancien député et figure d'Al-Wefaq, le principal groupe de l'opposition chiite, avait été remis en liberté à l'ouverture de son procès le 24 octobre, mais interdit de quitter le territoire.

Dans un communiqué, Al-Wefaq a indiqué que "l'acquittement était inéluctable car l'affaire portée contre le dirigeant Khalil al-Marzouq n'avait aucune valeur juridique et était fondée, selon les avocats de la défense, sur de fausses informations".

Qualifiant le procès de M. Marzouq de "politique", le groupe réclame la libération de tous les militants incarcérés pour leurs liens avec la contestation. "Nous tenons à la libération de tous les activistes et les jeunes sans exception", écrit Al-Wefaq en réaffirmant son engagement à "poursuivre ses revendications pour l'instauration de la démocratie" dans le pays.

Le verdict a été rendu en présence de M. Marzouq, entouré de responsables de l'opposition et de représentants d'ambassades occidentales, dont américaine, britannique et française, selon des témoins.

Les Etats-Unis, dont la Ve Flotte est à Bahreïn, ont salué l'acquittement de Marzouq, comme un "pas en avant important vers (...) un processus de réconciliation".

"Nous exhortons toutes les parties à Bahreïn à renoncer à la violence et à redoubler d'efforts pour trouver un accord qui conduise à une large participation à de prochaines élections et à la formation d'un gouvernement rassembleur", a plaidé le département d'Etat dans un communiqué.

Le parquet avait accusé M. Marzouq de "promouvoir des actes qui s'apparentent à des crimes terroristes" et d'avoir utilisé sa position au sein de sa formation chiite légale pour "appeler à des crimes qui sont considérés comme des actes de terrorisme par la loi".

Le procureur général lui reprochait également ses interventions dans lesquelles il a soutenu selon lui "les principes d'éléments terroristes (...) particulièrement du groupe appelé le Collectif du 14 février".

Le procureur général, Hamad Chahine, a aussitôt déclaré qu'il allait envisager un éventuel appel contre l'acquittement.

M. Marzouq était vice-président de la Chambre des députés avant qu'il ne s'en retire avec les 17 autres parlementaires d'Al-Wefaq en février 2011 pour dénoncer la violente répression visant les manifestants anti-régime.

Son acquittement intervient alors que l'opposition et le pouvoir peinent à reprendre un dialogue, au point mort, après avoir été lancé pour sortir Bahreïn de sa crise politique.

Après l'échec d'une session en juillet 2011, le dialogue national avait été réengagé en février 2013 mais sans résultat tangible. Il a été suspendu le 9 janvier dernier par le gouvernement, en l'absence de l'opposition qui le boudait depuis le 19 septembre à la suite de l'interpellation de Khalil al-Marzouq.

Entretemps, les autorités ont durci les sanctions pour les personnes impliquées dans les violences qui accompagnent les manifestations, et des dizaines de chiites ont été condamnés à de lourdes peines de prison.

Le 25 mai, le militant des droits de l'homme bahreïni Nabil Rajab avait été libéré après avoir purgé une peine de deux ans de prison pour participation à des manifestations non autorisées.

Mais 13 dirigeants de l'opposition, condamnés pour complot contre le régime, continuent de purger de lourdes peines allant jusqu'à la perpétuité pour leur rôle dans la contestation.

Petit royaume du Golfe dirigé par la dynastie sunnite des Al-Khalifa, Bahreïn est secoué depuis février 2011 par un mouvement de contestation animé par la majorité chiite, qui réclame une monarchie constitutionnelle.

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