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Ukraine : Donetsk, quasi-ville fantôme, attend la confrontation finale

Des rebelles pro-russes le 11 juillet 2014 au point de contrôle de Makiivka à une quinzaine de kms de Donetsk [Dominique Faget / AFP] Des rebelles pro-russes le 11 juillet 2014 au point de contrôle de Makiivka à une quinzaine de kms de Donetsk [Dominique Faget / AFP]

Donetsk a pris des airs de ville fantôme en l'attente de la confrontation entre forces loyalistes ukrainiennes arrivées à une vingtaine de kilomètres de la grande métropole de l'Est ukrainien et rebelles prorusses, déterminés à combattre jusqu'au bout.

Selon le "Premier ministre" de la République populaire de Donetsk, autoproclamée, Alexandre Borodaï, plus de 70.000 des quelque 900.000 habitants ont déjà fui la ville.

Et vendredi, tous les trains au départ affichaient complet, mais c'est souvent le cas, comme l'explique une employée des chemins de fer. Les départs se font d'ailleurs dans le calme, sans énervement ou scènes d'exode, mais avec de longues queues pour acheter les billets.

"Je vis ici depuis plus de 40 ans et c'est très difficile pour moi de quitter cette ville. Mais il n'y a pas d'autre solution", explique Natalia, qui prend un train pour Dniepropetrovsk, à 250 km à l'ouest de Donetsk, d'où elle compte gagner la Russie. Et d'expliquer avoir entendu "régulièrement des bombardements. Les avions volaient près de chez moi en permanence et ils tiraient dans la ville".

Des familles s'apprêtent à quittent Donetsk en train le 11juillet 2014 [Dominique Faget / AFP]
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Des familles s'apprêtent à quittent Donetsk en train le 11juillet 2014

Veillant sur un empilement de sacs, un quinquagénaire qui préfère taire son nom s'apprête à faire partir ses filles et ses petits-enfants chez des parents en Russie. "Tout est en train de fermer ici, il n'y a plus rien à faire, pas de travail et puis ça devient trop dangereux."

Des échanges d'artillerie sporadiques se font entendre depuis l'aéroport situé à quelques kilomètres, que les séparatistes essaient d'arracher aux forces loyalistes, faisant sursauter marchands et chalands d'un petit marché installé devant la gare. "C'est très effrayant", soupire Iaroslava, qui tient un stand de lunettes de soleil. "Mais nous ne voulons pas partir. Nous voulons juste survivre et ne plus être bombardés."

 

- Banques et commerces fermés -

 

La fuite se fait aussi par la route. "Je dirais qu'une voiture sur cinq est une voiture de réfugiés", explique "Alex", jeune volontaire séparatiste armé en faction sur un barrage à Makeevka, à une vingtaine de kilomètres à l'est de Donetsk. "Mais moi, je n'irai nulle part. Ma mère, mes deux grand-mères sont enterrées ici, alors je me battrai, même si j'ai envoyé ma femme en Russie."

File d'attente devant les guichets de la gare de familles qui s'apprêtent à quitter Donetsk le 11juillet 2014 [Dominique Faget / AFP]
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File d'attente devant les guichets de la gare de familles qui s'apprêtent à quitter Donetsk le 11juillet 2014

Minibus, trolleys et tramways fonctionnent encore, mais la circulation -des véhicules comme des piétons- en ville est réduite au strict minimum. Il n'y a quasiment plus un café ou un restaurant d'ouvert, et les rares à servir encore ferment à 21h00, bien avant la tombée de la nuit.

Seuls les magasins d'alimentation semblent encore fonctionner normalement, évitant pour l'heure les pénuries. Mais les banques et tous les commerces pouvant éventuellement être objet de pillages sont fermés depuis longtemps.

Les "informations" sur des accrochages ou annonçant avec certitude des offensives imminentes, loyalistes ou rebelles, ricochent sur les réseaux sociaux, suscitant l'inquiétude... ou l'espoir.

Aux abords de la ville, les barrages tenus par les "défenseurs" séparatistes sont en alerte. Certains passants les ravitaillent d'une cartouche de cigarettes ou de paquets de biscuits. Mais nulle part d'alcool.

Sur un check-point tenu par le "bataillon Vostok" (Est), une des unités séparatistes les plus organisées et professionnelles, les combattants se disent prêts à "défendre le territoire de la République populaire de Donetsk", comme l'ont affirmé leurs dirigeants. Et même un peu plus, comme l'explique l'un d'eux. "A mon avis, on n'aura pas le temps de regarder la finale du foot dimanche. On va reconquérir nos terres."

 

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