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Syrie: Bachar al-Assad prête serment

Une affiche électorale de Bachar al-Assad dans un quartier de Homs, le 12 mai 2014 [Joseph Eid / AFP/Archives] Une affiche électorale de Bachar al-Assad dans un quartier de Homs, le 12 mai 2014 [Joseph Eid / AFP/Archives]

L'indéboulonnable président syrien Bachar al-Assad prête serment mercredi dans un pays ravagé par la guerre, alors que l'attention internationale est distraite par les multiples conflits qui secouent la région.

Voulant faire mentir les Occidentaux, qui pariaient sur son départ rapide, l'autocrate de 48 ans organise une imposante cérémonie dans son palais qui surplombe la capitale, avec un millier d'invités, pour prêter serment et annoncer les grandes lignes de son troisième septennat.

Dans une Syrie exsangue où les violences ont tué 170.000 personnes et poussé des millions d'autres à fuir depuis trois ans, et alors que les jihadistes ultra-radicaux de l'Etat islamique dominent l'est du pays, M. Assad a été élu le 3 juin lors d'un scrutin raillé comme une "parodie de démocratie" par ses détracteurs.

"La situation au Proche-Orient est très fluctuante. Et malheureusement pour les Syriens, cette instabilité a distrait l'attention de la communauté internationale", confie amèrement à l'AFP Samir Nachar, membre de la Coalition de l'opposition syrienne.

"Doit-elle se concentrer sur l'Etat islamique? Sur l'Irak? Sur l'Egypte? Sur la Palestine?" ajoute-t-il.

Pour l'opposant, "il faut avouer qu'Assad a réussi dans une large mesure à se mettre dans une position (favorable) en comparaison à l'Etat islamique et à l'extrémisme".

Des experts estiment en effet que la montée des jihadistes a été un "cadeau" pour M. Assad, qui n'a cessé de présenter les rebelles comme des "terroristes", et peut désormais essayer de se présenter aux yeux des Occidentaux comme un rempart contre l'extrémisme.

"Il leur dit: Je suis votre homme dans la région et je peux faire face aux terroristes et aux extrémistes, donnez-moi votre soutien et votre reconnaissance", explique M. Nachar.

Appliquant la stratégie chère à son père Hafez, qui a dirigé le pays d'une main de fer durant 30 ans, Bachar al-Assad a fait le dos rond durant deux ans face à l'Occident.

Il s'est pour cela appuyé sur ses deux alliés indéfectibles, la Russie et l'Iran, qui lui ont livré armes et argent. En outre, Moscou ainsi que Pékin ont fait usage de leur véto au Conseil de sécurité de l'ONU pour empêcher toute sanction contre leur allié.

- Assad, la cause et non la solution -

A Alep, le 11 juillet 2014, un homme pleure son fils tué lors d'affrontements avec les forces du régime [Ahmed Deeb / AFP/Archives]
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A Alep, le 11 juillet 2014, un homme pleure son fils tué lors d'affrontements avec les forces du régime

Puis le vent a tourné. Les combattants chiites aguerris du Hezbollah libanais ont aidé son armée à reprendre du terrain, les rebelles se sont entre-déchirés dans une guerre intestine qui a tué plus de 6.000 hommes dans leurs rangs depuis janvier.

En outre, la brutalité des combattants de l'EI et leur expansion tant en Syrie qu'en Irak focalisent l'attention des Occidentaux.

Bachar al-Assad prêtera serment alors que toute la région est presque à feu à sang avec une nouvelle offensive israélienne à Gaza, un Irak très affaibli par la poussée jihadiste et une Libye plongée dans l'anarchie.

Aussitôt après, le gouvernement syrien devrait démissionner. Le président aura alors le choix entre nommer un nouveau Premier ministre ou reconduire Waël Halaqi, aux commandes depuis août 2012.

Pour le nouveau chef de l'opposition, Hadi al Bahra, "Bachar al-Assad reste la raison principale de la crise humanitaire sans précédent qui touche le pays. Sa technique de 'mourir de faim ou se rendre' et son soutien officieux aux groupes terroristes armés déchirent la Syrie".

"La communauté internationale ne doit pas tomber dans ce piège tendu cyniquement par la dictature. Bachar al-Assad reste la cause principale d'instabilité, et non la solution au conflit. (...) Il porte sur ses mains le sang des Syriens", insiste-t-il dans un texte diffusé par son bureau.

Pour Lina Khatib, qui dirige le Centre Carnegie Moyen-Orient à Beyrouth, le véritable objectif d'Assad est de poursuivre sa stratégie de guerre et chasser les rebelles de leurs fiefs dans le nord et le sud.

"La stratégie d'Assad est de s'étendre autour des régions que le régime contrôle déjà et de remettre la main sur la totalité d'Alep", assure-t-elle.

"Cela signifie que la majorité des régions seront sous la férule soit du régime, soit de l''Etat islamique, avec une région dans le sud sous le contrôle des (modérés) de l'Armée syrienne libre (ASL). C'est une équation qui convient à court terme au régime", note-t-elle.

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