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Blanchi par la justice, Berlusconi veut croire à son retour en politique

L'ancien chef du gouvernement italien Silvio Berlusconi arrive à l'aéroport Ciampino de Rome, le 25 mars 2014   [Andreas Solaro / AFP/Archives] L'ancien chef du gouvernement italien Silvio Berlusconi arrive à l'aéroport Ciampino de Rome, le 25 mars 2014 [Andreas Solaro / AFP/Archives]

L'acquittement de l'ancien chef du gouvernement italien Silvio Berlusconi a redonné un coup de fouet au magnat des médias septuagénaire, qui veut croire à son retour sur la scène politique, en dépit de l'isolement dans lequel il se trouve.

Silvio Berlusconi a été acquitté vendredi en appel à Milan d'une première condamnation à sept ans de prison pour prostitution de mineure et abus de pouvoir dans l'affaire "Rubygate".

Dès dimanche, l'ancien président du conseil a appelé au téléphone son ex-dauphin, l'actuel ministre de l'Intérieur Angelino Alfano, parti en novembre fonder son propre parti, le "Nouveau Centre Droit" (NCD), a affirmé lundi la presse italienne.

"Arrêtons les querelles, les Italiens sont fatigués, travaillons à présent pour rassembler les modérés", aurait lancé le milliardaire, âgé de 77 ans, à celui que les Berlusconiens fidèles, rassemblés au sein de Forza Italia (FI), considèrent depuis cet automne comme un "traître".

Ce à quoi Alfano, 43 ans, lui aurait répondu : "notre affection à votre égard est immuable".

Allié du gouvernement gauche-droite de Matteo Renzi avec trois ministres à des postes majeurs (Intérieur, Transport et Santé), le NCD a obtenu 4,4% aux européennes, les premières élections auxquelles il participait, six mois après sa création.

Voilà pourquoi, au soir du triomphe de M. Renzi (41%) à ce même scrutin, Silvio Berlusconi a eu l'idée de se lancer dans un nouveau "chantier de recomposition de la droite" - comme il l'avait fait en 1994 -, qui pourrait conduire cette fois à une "fédération des partis", dont FI et le NCD seraient les piliers.

- Programme ambitieux -

"Après l’acquittement dans le procès Ruby, on est passé de la théorie à la pratique", estime ainsi le commentateur du Corriere della Sera.

Tous les partis de droite - y compris ceux des extrêmes tels que la Ligue du Nord et Fratelli d'Italia - seront consultés, une "déclaration d'intention" sera signée, un programme commun mis en place, et des primaires organisés, croit savoir le Corriere.

Un programme ambitieux que l'ex-Cavaliere a décidé de lancer rapidement, la presse italienne évoquant un déjeuner de travail avec Angelino Alfano dès jeudi.

Mais l'ancien bras droit de M. Berlusconi a pris goût au pouvoir et le désormais chef de parti n'entend pas céder sur certains points, comme il l'a expliqué dimanche dans un entretien au Messaggero.

"Soit FI veut participer avec nous à une grande alliance populaire et européenne, soit il veut faire du pied à l'extrême droite, raciste et anti-européenne", affirme-t-il.

Rappelant que Forza Italia n'a recueilli "que" 16,8% aux européennes, Alfano attaque : "nous ne demandons pas à FI de faire preuve de charité mais au contraire, nous exigeons une ligne politique claire qui soit compatible avec la nôtre".

Cette tentative de rapprochement laisse dubitatif Gianfranco Pasquino, expert en sciences politiques de la Johns Hopkins School à Bologne.

"La scission avec Berlusconi a été trop importante, et si Alfano veut revenir au sein de Forza Italia, il devra entrer en conflit avec ceux restés loyaux", analyse-t-il pour l'AFP.

Ce qu'il faudrait, c'est que Forza Italia trouve un successeur à Berlusconi, mais "avec à sa tête un chef aussi charismatique, qui a autant personnalisé son parti", cela semble difficile, ajoute-t-il.

"Un vrai choc au sein de Forza Italia est nécessaire, il faudrait quelqu'un qui prenne des risques" mais l'ex-Cavaliere ne laissera pas faire, pense le professeur.

Et avec un Matteo Renzi qui occupe toute la scène, la droite "risque donc de rester longtemps dans l'opposition", prédit le professeur.

Rappelant qu'un procès le visant pour "corruption de sénateur" - une "accusation très grave" - est actuellement en cours à Naples et que la décision que prendrait la cour de Cassation si elle était saisie sur l'affaire Rubygate "pourrait réserver des surprises", le politologue estime que "Berlusconi est déjà fini et depuis quelque temps déjà".

Avant d'affirmer avec force : "il n'a plus aucune chance de redevenir un leader sur la scène politique italienne, aucune".

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