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Gaza : une fillette aurait été tuée malgré la trêve

De la fumée s'échappe d'une maison à la frontière entre la bande de Gaza et Israël après une frappe israélienne, le 3 août 2014 [Thomas Coex / AFP] De la fumée s'échappe d'une maison à la frontière entre la bande de Gaza et Israël après une frappe israélienne, le 3 août 2014 [Thomas Coex / AFP]

L'armée israélienne observe depuis lundi 10H00 (7H00 GMT) une trêve unilatérale qui s'annonce fragile dans la bande de Gaza dévastée.

 

Preuve de la volatilité de la situation, une fillette de 8 ans a été tuée et une trentaine de personnes blessées quelques minutes après l'entrée en vigueur de la trêve quand un projectile est tombé sur une maison de Shati, dans l'ouest de la ville de Gaza, selon les secours palestiniens.

Ces derniers imputent la frappe à un raid aérien israélien, malgré la "fenêtre humanitaire" annoncée par l'armée israélienne dans les toutes premières heures du 28ème jour de guerre.

La trêve a été récusée par le Hamas. Elle ne s'applique pas aux secteurs dans lesquels des opérations militaires sont en cours, à commencer par l'est de la ville de Rafah, sur laquelle s'est concentrée une action israélienne meurtrière depuis la mort de trois soldats vendredi, a prévenu l'armée.

Celle-ci se réserve aussi de "riposter à toute tentative d'exploitation de cette fenêtre pour nuire aux civils israéliens et aux soldats", a-t-elle averti.

Il s'agit de la huitième trêve de la part d'Israël, indique-t-on au cabinet du Premier ministre Benjamin Netanyahu.

Elle intervient au moment où Israël fait à nouveau face à l'indignation internationale après un tir qui a tué au moins dix Palestiniens dans une école de l'ONU à Rafah dimanche.
 

Frappe à Rafah

Dimanche soir, la responsabilité de la frappe intervenue à Rafah n'avait pas été formellement établie. L'armée israélienne a déclaré avoir "pris pour cible trois terroristes du Jihad islamique montés sur une moto à proximité d'une école de l'UNRWA à Rafah", la ville du sud du territoire soumise depuis vendredi à un pilonnage intensif.

Des soldats israéliens à la frontière avec la bande de Gaza, le 3 août 2014 [Thomas Coex / AFP]
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Des soldats israéliens à la frontière avec la bande de Gaza, le 3 août 2014

Dans un communiqué publié dans les premières heures lundi, le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu a déclaré que contrairement aux miliciens islamistes du Hamas, qui ont tiré ces dernières semaines des milliers de roquettes visant des civils israéliens, Israël ne cible pas de civils palestiniens.

Dimanche, 71 personnes ont encore péri dans le seul secteur de Rafah, selon les secours locaux, et sept autres ont été tuées dans la soirée dans le nord de la bande de Gaza.

Et lundi matin, avant l'entrée en vigueur de la trêve annoncée par Israël, 10 Palestiniens ont été tués dans de nouveaux raids, selon les services de secours, portant le bilan à 1.822 morts palestiniens en quatre semaines de conflit.

Mais c'est la frappe de dimanche contre l'école gérée par l'agence onusienne pour l'aide aux réfugiés palestiniens (UNRWA) transformée en centre d'accueil pour environ 3.000 réfugiés qui a provoqué l'indignation de la communauté internationale.

C'est la 3e fois en 10 jours qu'une école de l'ONU est atteinte. Une trentaine de Palestiniens ont déjà été tués dans des frappes sur des écoles à Beit Hanoun le 24 juillet et à Jabaliya le 31 juillet.

 

- Scènes de chaos -

 

"C'est un scandale du point de vue moral et un acte criminel", ainsi qu'une "nouvelle violation flagrante du droit humanitaire international", s'est indigné le secrétaire général de l'ONU Ban Ki-moon. Les Etats-Unis, principaux alliés d'Israël, se sont dits "consternés" par un "bombardement honteux".

Une école de l'ONU bombardée par l'armée israélienne à Rafah, le 3 août 2014 [Saïd Khatib / AFP]
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Une école de l'ONU bombardée par l'armée israélienne à Rafah, le 3 août 2014

M. Ban et Washington n'ont pas désigné expressément Israël comme responsable. Mais ils ont souligné que l'armée israélienne était très bien informée de la localisation des refuges de l'ONU.

Le président français François Hollande a jugé "inadmissible" le bombardement de cette école et demandé que les responsables de cette action, qu'il n'a pas désignés, "répondent de leurs actes".

 

Des femmes pleurent lors des funérailles des neuf membres de la famille al-Ghul décédés dans une frappe israélienne sur leur maison, le 3 août 2014 à Rafah [Saïd Khatib / AFP]
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Des femmes pleurent lors des funérailles des neuf membres de la famille al-Ghul décédés dans une frappe israélienne sur leur maison, le 3 août 2014 à Rafah

Les Palestiniens accusent les Israéliens, qui accusent à leur tour le Hamas de se servir des civils comme boucliers humains et des hôpitaux et des écoles pour tirer des roquettes sur Israël.

Mais même cela "ne justifie pas des raids qui mettent en danger autant de vies de civils innocents", a dit le département d'Etat américain.

 

- "Cette folie doit cesser" -

 

Selon des sources médicales, la guerre a tué plus de 1.820 Palestiniens, et 64 soldats et trois civils côté israélien.

"Cette folie doit cesser", a dit le secrétaire général de l'ONU tandis que les appels au cessez-le-feu d'une communauté internationale jusqu'alors impuissante se faisaient plus pressants.

Israël poursuit cependant l'opération "Bordure protectrice", déclenchée le 8 juillet pour tenter de faire cesser les tirs de roquettes et détruire les tunnels permettant au Hamas d'intervenir sur le sol israélien.

Mais l'armée israélienne a confirmé pour la première fois officiellement dimanche avoir entrepris de retirer un certain nombre de soldats, sans préciser combien, tandis qu'elle en redéployait d'autres à l'intérieur de la bande de Gaza.

"Nous en retirons certains, nous en changeons certains (de position) à l'intérieur (du territoire), cette mission est en cours", a dit à l'AFP le porte-parole de l'armée, Peter Lerner.

Une centaine de chars auprès desquels des soldats s'affairaient ou prenaient du repos stationnaient dimanche côté israélien après avoir franchi la frontière de Gaza qu'ils avaient passée dans l'autre sens le 17 juillet, quand l'armée avait mis en oeuvre la phase terrestre de "Bordure protectrice".

Sans parler de début de retrait, M. Netanyahu avait laissé entendre samedi soir que l'opération allait entrer dans une nouvelle phase, maintenant que l'armée avait presque achevé son entreprise de démolition des tunnels.

Cette partie de l'opération sera terminée "probablement au cours des prochaines 24 heures", a assuré M. Lerner. Mais "la mission se poursuit, elle n'est pas terminée", a-t-il répété, précisant juste: "On change de braquet".

Une "catastrophe sanitaire de grande ampleur" est pourtant en train de se produire dans la bande de Gaza, dont les 1,8 million d'habitants sont pris au piège des combats sur un tout petit territoire, s'est alarmée l'ONU.

 

 

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