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La Grèce de plus en plus ouverte au tourisme du bébé par procréation assistée

Lorsqu'une quinquagénaire grecque est devenue mère porteuse pour sa fille, la plupart des médias y ont vu un "cadeau de la vie", dans un pays qui offre une des législations européennes les plus libérales en matière de procréation assistée [Jonathan Nackstrand / AFP/Archives] Lorsqu'une quinquagénaire grecque est devenue mère porteuse pour sa fille, la plupart des médias y ont vu un "cadeau de la vie", dans un pays qui offre une des législations européennes les plus libérales en matière de procréation assistée [Jonathan Nackstrand / AFP/Archives]

Lorsqu'une quinquagénaire grecque a pu devenir mère porteuse pour sa fille, la plupart des médias nationaux y ont vu un "cadeau de la vie", à l'image d'une société qui a complètement intégré une des législations européennes les plus libérales en matière de procréation assistée.

En 2006, la justice grecque avait en effet autorisé une femme de 52 ans à porter l'enfant de sa fille, qui souffrait d'infertilité, alors que la loi fixe à 50 ans le seuil pour être mère porteuse.

La Grèce a franchi cet été un nouveau cap en supprimant pour les couples souhaitant recourir à la gestation pour autrui, et pour les mères porteuses, l'obligation d'avoir leur résidence permanente sur son territoire.

"Il faut s'attendre à ce que de plus en plus de ressortissants étrangers choisissent la Grèce" pour avoir un enfant par mère porteuse, prédit Takis Vidalis, de la Commission nationale de bioéthique, interrogé par l'AFP.

Avec les risques que ce procédé comprend, comme l'a montré cette semaine l'exposition médiatique du cas d'un bébé trisomique né d'une mère porteuse thaïlandaise et abandonné par les parents australiens.

Le "tourisme de la fertilité" est déjà très ancré en Grèce depuis que la loi a largement ouvert, il y a douze ans, l'accès aux différentes méthodes de procréation médicale assistée (PMA).

Comme la gestation pour autrui, une fécondation in vitro y est réalisable jusqu'à l'âge de 50 ans - contre 43 ans en France. Une femme peut encore congeler ses ovocytes, afin de les utiliser plus tard pour une fécondation.

Cette loi bioéthique a été adoptée en 2002 "par tous les partis, chose rare dans le pays", note l'avocat spécialisé Konstantinos Rokas, et dans une "certaine indifférence de l'opinion publique", observe Takis Vidalis.

Même la puissante Eglise grecque ne s'est pas révoltée, elle qui bataille actuellement contre l'extension aux couples homosexuels de l'union civile instituée en 2008.

 

- 'Altruisme' -

 

Parmi les motivations du législateur: améliorer le taux de natalité du pays, l'un des plus faibles d'Europe.

"Nous sommes aussi un pays où il reste culturellement important d'avoir un enfant de sa chair, de ses gènes", souligne Takis Vidalis.

Concept subtil: don d'ovocytes et gestation pour autrui sont considérés par la loi comme "un acte altruiste", non rémunéré... mais avec un dédommagement pour le temps et les déplacements: 800 euros pour les donneuses d'ovocytes, 12.000 euros pour une mère porteuse.

Résultat: pas de pénurie chez les donneuses d'ovocytes, selon les médecins interrogés par l'AFP. Et une clientèle internationale, à l'image de la salle d'attente du centre médical Iakentro, dans la banlieue d'Athènes.

"Nos patientes viennent du Canada, de Nouvelle Zélande, d'Australie, d'Ecosse, de Russie...", témoigne Konstantinos Antoniou, l'un des médecins. Le site internet vante en cinq langues tout le panel des technologies de la reproduction.

"Je vois arriver des couples français désespérés par l'attente dans leur pays pour bénéficier d'un don d'ovocytes", confie à la clinique athénienne EmBIO le docteur Thanos Paraschos.

Côté mères porteuses, "il ne faut pas se voiler la face, il existe souvent une rémunération", en plus du dédommagement, estime Kostas Rokas. Traitement médical et "indemnisation" compris, la gestation pour autrui coûte "en moyenne 40.000 euros", estime-t-on à Iakentro.

Si le pays compte désormais une soixantaine de cliniques d'aide à la procréation, selon Takis Vidalis, l'activité "mères porteuses" y reste secondaire.

C'est un juge qui accorde l'autorisation, sa décision établit à l'avance la filiation avec la femme ou le couple désirant l'enfant. Hommes seuls et couples homosexuels en sont exclus.

Entre 2002 et 2010, quelque 120 autorisations judiciaires ont été délivrées, selon une étude citée par Kostas Rokas.

Condition fondamentale: la femme désireuse d'avoir un bébé doit être dans l’impossibilité de procréer par voie naturelle, certificat médical à l'appui.

Le centre EmBIO estime avoir réalisé "entre 20 et 30" GPA depuis 2002. Iakentro dit en mener 5 à 6 par an. Pour des couples habitant en Grèce comme à l'étranger: l'obligation de résidence est depuis longtemps interprétée de façon très souple par les juges.

Défaillance majeure du système: l'absence de supervision des centres de procréation assistée par une commission nationale de contrôle, en sommeil depuis 2008 faute de personnel.

 

 

 

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